Être enseignant aujourd’hui…

Par Laurence Dupin 10:00 AM - 27 octobre 2020
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Être enseignant aujourd’hui est bien différent de ce que cela pouvait être il y a une vingtaine d’années. C’est vrai au Canada comme quasiment partout dans le monde où la jeunesse d’aujourd’hui vit d’instantané par le biais des médias sociaux. Le drame survenu en France récemment n’est pas passé inaperçu puisque les réseaux sociaux en ont été abreuvés.

Le lundi 5 octobre, Samuel Paty, enseignant d’Histoire géographie en région parisienne, donne à ses élèves son cours sur la liberté d’expression. À cette occasion, il présente à ses élèves les caricatures du prophète publiées par Charlie Hebdo. Le vendredi 16 octobre, alors qu’il rentre chez lui, il est tué près de l’établissement par Abdoullakh Anzorov, un Russe tchétchène de 18 ans, qui lui coupe la tête. Que nous soyons enseignants ou non, cette nouvelle fait froid dans le dos et nous amène à nous interroger sur la situation locale.

Mathieu Brien est directeur de l’IESI (Institut d’enseignement de Sept-Îles) après avoir été enseignant d’histoire. « Localement nous nous rendons compte qu’en ce qui concerne tous les sujets qui touchent à la religion, il y a une véritable méconnaissance de nos élèves. Hélas avec la réforme prévue sur les cours d’éthique et culture, tout le volet religion de cet enseignement va disparaître parce que l’on considère que cela est du domaine privé et que cet enseignement doit être fait à la maison », précise-t-il.

En ce qui concerne la Côte-Nord, la problématique est bien différente de ce que l’on peut trouver dans les grands centres français. « Ici, nous abordons tout le volet concernant les autochtones et particulièrement l’arrivée des Européens en Amérique du Nord. Ce sont des sujets très délicats, car nous avons entre 30 à 45 % d’autochtones dans nos classes. Il ne faut pas oublier que l’Histoire est faite par les vainqueurs, ce sont eux qui la racontent donc c’est toujours délicat. Heureusement, depuis ces dernières années, il y a un mouvement des oubliés avec des témoignages… »

Pour Mathieu Brien, un autre problème se pose. « Je connais les problématiques des grandes villes en France. Cela dépeint un problème de société que nous avons en 2020, pour nos jeunes cela peut faire peur, mais c’est loin. Surtout qu’actuellement nous avons une génération qui vit dans l’instantané avec les réseaux sociaux. Tout doit se passer vite, il est parfois difficile d’avoir une longue discussion avec eux. Nous essayons de développer leur sens critique à l’IESI avec par exemple les cours à la citoyenneté numérique. »

Pour lui, la façon d’enseigner aujourd’hui est à des années-lumière de ce qui se faisait il y a 15 ans.

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