Des abeilles de Sept-Îles résistantes au froid

Par Emy-Jane Déry 31 juillet 2017
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Les abeilles de la Côte-Nord surprennent. Tandis que Dame Nature a compliqué la tâche des apiculteurs du sud de la province cette année, les taux de survie ont atteint 100% dans des ruches expérimentales de Sept-Îles.

Les territoires nordiques ne sont pas naturellement attrayants pour les abeilles. Les températures sont froides et les fleurs sauvages se font rares. Présentement, on ne compte qu’une poignée d’apiculteurs sur le vaste territoire. Mais l’intérêt est grandissant, principalement pour la pollinisation des petits fruits sauvages.

En collaboration avec des scientifiques, Jean-Claude Picard, un apiculteur de Sept-Îles, a participé à une première expérience de ruches d’abeilles domestiques extérieures. L’objectif est de développer des techniques d’isolation de ruches, une alimentation et une génétique adéquate pour que les abeilles puissent vivre dans des conditions plus «arides».

«On fait quoi avec des moins 34 degrés Celsius l’hiver ? C’est ce qu’il faut apprendre », a dit M. Picard. «Nous sommes en train de faire la preuve que ça peut se faire, et que pire, nous avons des résultats hors du commun», a poursuivi l’apiculteur.

En effet, les 27 ruches septiliennes ont passé l’hiver dehors. Au printemps, les résultats ont surpris tout le monde : toutes les abeilles ont survécu.

«On ne s’attendait pas à ça», a lancé Ève-Catherine Desjardins, chercheuse au Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB). «On pensait que c’était plus ou moins possible. J’ai même eu de la misère à convaincre mon centre de recherche de participer au projet», a-t-elle admis.

Avenir prometteur

La rareté des pesticides sur la Côte-Nord représente un fort avantage pour le développement de l’apiculture.

«Ce qu’on remarque, c’est qu’il n’y a pratiquement pas de problème de maladie, comme nous n’avons pas beaucoup d’agriculture avec épandage de pesticide», souligne Mme Desjardins. «Nous sommes dans des milieux sains comparativement au sud de Montréal, par exemple, où il y a beaucoup de cultures de toutes sortes», a-t-elle ajouté.

La Côte-Nord pourrait donc faire partie des solutions pour venir renforcer les colonies d’abeilles en difficultés.

«Ça pourrait certainement aider à produire des nids avec des reines qui sont intactes des problématiques qu’on voit plus au sud et elles pourraient ensuite y être envoyées pour aider», a dit Mme Desjardins.

Nicolas Tremblay, conseiller du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault, se spécialise dans le domaine des abeilles. Il se promène partout en province pour aider les apiculteurs et il abonde dans le même sens.

«Si l’on pouvait aller chercher cette génétique de reine nordique qui hiverne mieux, qui tolère davantage les longs hivers, ça pourrait être quelque chose d’intéressant pour l’ensemble du Québec», a-t-il dit.

 

 

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