Encore des ratés pour le F.-A.-Gauthier

Par Éditions Nordiques 14 juillet 2017
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Il y a longtemps que personne n’a assez de doigts pour compter les déboires qui ne cessent de frapper le F.-A.-Gauthier depuis son entrée en service. Le traversier a notamment dû jeter l’ancre il y a une dizaine de jours en raison de problèmes de propulsion. Élus et intervenants de la Manicouagan commencent à en avoir assez et réclament des solutions rapides.

Steeve Paradis

Le NM Félix-Adrien-Gauthier, de son nom complet, est en service depuis deux ans sur la liaison entre Matane et la Côte-Nord. Depuis, plus de 200 bris ont été répertoriés sur le navire construit en Italie au cout de 220 M$. Les estimations parlaient plutôt de 260 M$.

Le 1er juillet dernier, il a subi une défaillance de circuits électriques et électroniques de son système de propulsion, le forçant au rancart pour trois jours. Dès son retour, le 4 juillet, le F.-A.-Gauthier a connu un autre pépin à son arrivée à Baie-Comeau, la porte du navire refusant de s’ouvrir durant une quinzaine de minutes.

Un système de senseurs est à l’origine des ennuis rencontrés avec la porte, précise la porte-parole de la Société des traversiers du Québec (STQ), Maryse Brodeur. Selon elle, le problème est connu et intermittent. « Ça arrive à l’occasion, mais c’est bénin et on sait précisément quoi faire », assure-t-elle.

Le dérèglement de ces composantes s’explique possiblement par le fait que le navire est « un bâtiment qui bouge », ajoute Mme Brodeur. Tout est fait pour corriger la situation, qui n’a pas d’impact sur le respect de l’horaire des traversées, selon elle.

Revoir la propulsion

Au lendemain de cet autre événement, le président-directeur général par intérim de la STQ, François Bertrand, a demandé à ce que le système de propulsion du navire soit revu dans son entier. À la direction des communications de l’organisme, on n’avait pas encore les détails sur cette révision du système, mais on assurait qu’elle n’aurait pas d’impact sur les heures de service.

Les cinq députés péquistes de l’Est-du-Québec se sont dits particulièrement préoccupés par les « plus de 200 bris répertoriés et les interruptions de service répétées ». Ils ont interpellé le ministre des Transports, Laurent Lessard, afin qu’il scrute le processus d’attribution du contrat aux chantiers Fincantieri et sur le suivi qui a été fait durant la construction.

« Y’a-t-il un vice de conception sur ce bateau ? Ce serait bon à savoir », de faire valoir le député de René-Lévesque, Martin Ouellet. « L’expérience est géniale à bord de ce bateau, mais il a de la difficulté de se rendre du point A au point B sans problème. De plus, quel est le plan B si ça brise plus de trois jours? Et pourquoi il n’y a pas de spécialiste à bord? Toutes les fois que ça ne marche pas, il faut faire venir quelqu’un de l’extérieur. »

Fermer un pont

Soulignant que le F.-A.-Gauthier a « plus de prises que de coups de circuit à son actif », Martin Ouellet a soutenu que la fermeture d’un pont à Montréal ferait beaucoup plus la manchette qu’une interruption de service au traversier. « Nous, il faudrait qu’on accepte ça sans rien dire », d’ajouter le député.

Quant au maire de Baie-Comeau, il n’a pas mâché ses mots pour décrire le successeur du Camille-Marcoux. « En réalité, ce bateau-là, c’est un échec », a lancé Claude Martel, qui s’interroge aussi sur la fin, rapide à son avis, de la garantie du fabricant sur un navire qui coute des dizaines de millions. « Quand on achète des autos à 20 000 $, c’est garanti cinq ans », a-t-il comparé.

Le conseiller Yvon Boudreau, membre du comité consultatif de la STQ, a souligné que le F.-A.-Gauthier est beaucoup plus dépendant de la technologie que son prédécesseur. « Ce bateau-là est tellement électrique », a-t-il affirmé en faisant valoir qu’à l’époque du Camille-Marcoux, « si un bris apparaissait, l’employé sortait son pipe wrench et réparait ». C’était à une autre époque.

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