Attentat à la mosquée de Québec: Mots d’amour à Sept-Îles

Par Fanny Lévesque 4 février 2017
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C’était la St-Valentin avant le temps samedi à Sept-Îles. Des dizaines de citoyens sont descendus dans les rues pour manifester leur solidarité à la communauté musulmane, éprouvée par la mort de six des leurs il y aura une semaine demain.

Cœurs rouges à la main ou bien en l’air, les Septiliens ont bravé le froid sibérien pour offrir leur support aux musulmans. «Je suis ici parce que comme nous, ils font partie de notre communauté. Ils gagnent à être connus et il n’y a rien de mieux que l’ouverture pour apprendre à se connaître et vivre ensemble», a exprimé une marcheuse.

Le maire de Sept-Îles, plusieurs conseillers, et la députée de Duplessis, Lorraine Richard, étaient également du nombre. Des Innus ont aussi joint leurs pas à la marche. «On le ressent le racisme, on l’a vécu aussi et c’est déplorable», a expliqué une aînée. «Il faut qu’ils sentent qu’ils ne sont pas seuls». La courte marche a culminé devant le centre culturel musulman de la Côte-Nord, sur la rue Brochu.

Une minute de silence en mémoire aux victimes de l’attentat meurtrier de Québec a été observée. Les membres de la communauté musulmane ont ensuite ouvert les portes du centre, qui a été la cible d’actes de vandalisme à deux reprises depuis la fin des travaux de construction à l’automne. Les marcheurs ont presque tous afflué à l’intérieur où des breuvages chauds leur ont été offerts.

«Vous êtes plusieurs à avoir ressenti le besoin de faire quelque chose depuis dimanche. Avec les événements de vandalisme qui se sont produits ici, je pense que là, on ne pouvait pas faire autrement que de se déplacer», a expliqué l’une des organisatrices de la marche, Pascale Faubert.

«Cet acte barbare, de haine, d’ignorance», a soulevé Nabil Matrajji, avec émotions. «Ici au Québec? Oui, ici au Québec. Chez nous. On n’a jamais pensé que ça pourrait arriver ici. C’est le cas». Après un long silence, il reprend.  «Cette terrible tragédie démontre que notre société, elle est en danger. Ça ne touche pas juste notre communauté, ça touche notre avenir, le futur de nos enfants et de nos petits-enfants».

«Occuper l’espace»

«Il faut occuper l’espace, qui est à mon avis trop occupé par un discours de haine», a lancé pour sa part le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, très ému lui aussi. «Il faut nécessairement occuper cet espace, c’est notre responsabilité. Il faut qu’on comprenne que nous sommes une communauté accueillante». La députée de Duplessis, Lorraine Richard, y est aussi allée des paroles d’ouverture.

Après les discours d’usage, quelques citoyens ont spontanément entonné le refrain de Gens du pays et rapidement, tous se sont mis à chanter. «Merci d’être ici», ont répété à maintes reprises des membres de la communauté musulmane, touchés par ce mouvement de solidarité. De bons mots ont aussi été adressés à Ben Rouine, le président du centre, à l’extérieur du pays. La Sûreté du Québec estime à environ 250 le nombre de participants.

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