Un Septilien souhaite recycler les avions en fin de vie

Par Éditions Nordiques 26 octobre 2016
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Louis-Duranleau Hendrickx, Alexandre Moreau, Pierre-Olivier Bruneau et Carl Perron ont présenté une solution innovante pour recycler les avions en fin de vie.

Avec des compagnies comme Bombardier et Pratt & Whitney, le Québec est reconnu pour construire des avions, mais le Septilien Carl Perron projette plutôt de les déconstruire. Lui et trois de ses collègues étudiants en génie aéronautique de l’École polytechnique ont remporté un concours visant à trouver une solution pour recycler et revaloriser les avions gros porteurs de façon rentable d’ici 2030.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les compagnies aériennes ne savent pas trop quoi faire avec leurs avions en fin de vie. Présentement, les appareils ont une durée de vie de 20 à 25 ans, mais ensuite «ce sont des pelles mécaniques qui les mettent à terre», explique Carl Perron. «Il y a des endroits où les avions sont laissés sur le tarmac ou stockés dans le désert», continue-t-il. C’est le cas dans le désert du Mojave, en Californie, où des centaines d’avions sont laissés à l’abandon, loin des regards. «Avec l’augmentation du transport aérien, le problème ne va que s’aggraver», affirme le Septilien.

C’est à ce problème qu’a voulu s’attaquer Aéro Montréal en organisant un concours d’étude de cas destiné aux étudiants universitaires pour imaginer une solution qui permettrait de récupérer la totalité des composantes d’un avion d’ici 2030. Carl Perron et trois de ses amis du baccalauréat en génie aéronautique se sont attelés à la tâche au mois d’août. Un total de 19 projets a été présenté, celui du Septilien et de son équipe s’est classé parmi les quatre finalistes après un vote en ligne.

Pôle de démantèlement

L’équipe de Carl Perron a remporté le concours après avoir présenté leur projet devant un jury, au début du mois, composé de sommités du secteur aéronautique, dont Bombardier, Air Transat et Aéroport de Montréal. «Notre solution a été de développer un pôle de démantèlement qui permettrait de démanteler une centaine d’avions par année, principalement des Boeing 737 et des Airbus 320», explique-t-il.

Le principal défi et de rendre l’opération rentable, en réduisant les coûts, d’où l’importance de réaliser toutes les opérations au même endroit avec une main-d’œuvre régulière et spécialisée. «On a aussi mis au point un système automatisé de tri et de coupage des carlingues avec des grues mobiles», mentionne Carl Perron.

Présentement, 20% des matériaux d’un avion ne sont pas revalorisés, principalement faits de polymère et de matériaux composites. L’équipe de Carl Perron a trouvé une nouvelle application pour chacun d’entre eux, certains pouvant être vendus à des industries locales pour la fabrication de leurs produits. Le 80% restant, principalement des alliages d’aluminium, pourra être recyclé et certaines pièces revendues à des compagnies aériennes ou des centres de maintenance.

Nouveau fleuron

«Ça pourrait devenir un nouveau fleuron québécois du recyclage d’avions. Au Québec, on a une expertise avec Bombardier pour créer des avions. On pourrait créer une expertise pour les recycler», s’enthousiasme Carl Perron. Si le tout fonctionne sur papier, il est encore loin de l’être en réalité, tempère-t-il. «On veut pousser par rapport à ça avec Aéro Montréal. On n’est pas super loin», ajoute-t-il.

Avec son prix, Carl Perron et ses coéquipiers ont remporté un voyage industriel d’une semaine à Toulouse, carrefour important de l’industrie aéronautique française. Le concours s’est tenu dans le cadre de la Semaine de l’aviation civile 2016 en marge de l’assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).