Alouette : La phase 3 «plus grosse» que prévu

Par Fanny Lévesque 28 juillet 2016
Temps de lecture :

L’attendu projet de la troisième phase d’expansion d’Aluminerie Alouette a été revu à la hausse, a appris le Journal, dépassant dorénavant le cap des 2 milliards d’investissements.

L’aluminerie vient de compléter son étude de préfaisabilité de la phase 3, lancée en septembre après l’octroi par Québec d’un tarif d’électricité plus compétitif pour les phases 1 et 2. L’épais document de quelque 700 pages qui examine nombre d’aspect du projet de développement a été transmis vendredi au consortium de propriétaires de l’entreprise.

«On évalue aujourd’hui que la phase 3 coûtera entre 2 et 3 milliards $», a confirmé le président et chef de la direction, Claude Boulanger. L’estimation précédente oscillait entre 1,5 et 2 milliards $. «La troisième phase sera plus grosse que ce qu’on a dit au départ (…) en termes de coûts et de tonnage».

L’étude, réalisée par une équipe dédiée chez Alouette et la firme SNC-Lavalin et Hatch, aura nécessité dix mois de travail et coûté plus de 6 millions $. «C’est très complet», assure M. Boulanger. On apprend notamment que l’entreprise aurait à construire environ 240 cuves pour produire 400 000 tonnes supplémentaires de métal gris par année.

C’est 25% de plus que ce qui était prévu. Au total, les installations de Sept-Îles en viendraient donc à une production de plus d’un million de tonnes par an. «Ça nous positionnerait dans le top 10 mondial», lance le PDG. L’aluminerie prévoit produire 610 000 tonnes d’aluminium en 2016.

La technologie des futures cuves a aussi été ciblée. L’aluminerie opterait pour l’AP60 qui existe à l’usine-pilote de Rio Tinto Alcan au Saguenay. «C’est la plus récente qu’on connait», souligne M. Boulanger qui rappelle que le secteur est en constante évolution. «Il y a trois ans par exemple, l’AP60 n’était pas tout à fait née», dit-il.

Une cuve à l’AP60 (Aluminium Pechiney) opère à 600 000 ampères, ce qui en fait une cuve «très productive», explique M. Boulanger. Pour l’heure, la presque totalité des cuves actuelles de l’aluminerie de Sept-Îles fonctionne à la technologie AP40LE (Low Energy).

«Une base étoffée»

Bien que l’étude ne scelle pas le sort de la phase 3, elle constitue «une étape incontournable et essentielle», dont les conclusions peuvent «encore évoluer», assure l’entreprise. «C’est une base étoffée» pour que les propriétaires puissent «au moment opportun» réfléchir aux décisions à prendre, explique la direction.

«Ils (propriétaire) vont voir si c’est un projet qui rencontre leur besoin de rentabilité. Évidemment, le contexte du marché est extrêmement important pour la suite». La tonne de métal gris se transige autour de 1600 dollars. «La demande est là, mais les inventaires sont élevés. La Chine produit de plus en plus, consomme moins qu’anticipé et exporte sur le marché ce qui fait que le prix a de la difficulté à monter».

La prochaine étape sera la réalisation de l’ingénierie de détails, mais l’entreprise «n’a pas idée, pour le moment» quand elle pourrait être lancée. Une étude conceptuelle et des solutions alternatives ont déjà été complétées. À ce stade, la «fenêtre d’opportunité» pour lancer la phase 3 se situe toujours entre décembre 2017 et 2019.

Tarifs d’énergie

En septembre, Québec a offert un tarif d’électricité plus compétitif à Alouette pour ses phases 1 et 2, qui doit être en vigueur de janvier 2017 à 2029. La modification a d’ailleurs été adoptée par décret, le 6 juillet. Pour la phase 3, les tarifs n’ont pas encore été discutés, mais un bloc d’énergie de 500 mégawatts a été garanti en 2011, par l’État.

Aluminerie Alouette embauche un millier de travailleurs à Sept-Îles et prévoit produire 610 000 tonnes d’aluminium en 2016. L’expansion créerait entre 250 et 300 emplois de plus. L’aluminerie est un consortium de cinq propriétaires, dont le plus important est Rio Tinto Alcan avec 40%. Investissement Québec détient aussi 6,67% de l’entreprise.

 

Partager cet article