Femmes autochtones: Des bottes pour redonner l’espoir

Par Fanny Lévesque 6 juillet 2016
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Josée Shushei Leblanc propriétaire d’Atikuss.

Ces bottes sont faites pour marcher, chantait Nancy Sinatra. Les bottes de Josée Leblanc, elles, faites pour aider. L’entrepreneure de Uashat mak Mani-Utenam a pensé une botte «signature» pour redonner l’espoir aux femmes autochtones.

Propriétaire du complexe Agara, c’est en rachetant, il y a un peu plus d’un an, l’inventaire d’une boutique d’artisanat que Josée Leblanc a pris conscience que les artisanes qui confectionnaient des mocassins traditionnels ne gagnaient qu’entre 3 et 4 dollars de l’heure pour pratiquer leur métier ancestral.

«Je me suis rendu compte de l’importance d’agir, soulève la femme d’affaires. Il fallait faire en sorte que ces femmes-là soient payées équitablement pour que la technique perdure aussi. Alors, je me suis engagée auprès d’elles». L’idée de créer un produit unique, une botte de luxe, pour faire rayonner la culture, a fait son chemin.

Les Bottes de l’espoir, comme elle les appelle, sont nées. Chacune est perlée par une femme autochtone et assemblée à la main à l’atelier de Mme Leblanc. Une trentaine d’artisanes participent d’aussi loin des communautés isolées de la Basse-Côte-Nord et du Labrador, mais elles sont aussi une dizaine à perler du Centre d’amitié de Val-d’Or.

«Combler un manque»

«Ce projet-là vient combler un manque», assure Josée Leblanc, qui parle en connaissance de cause pour avoir été trois ans à la tête du centre d’amitié autochtone de Sept-Îles. «Quand les femmes arrivent dans un centre d’amitié, plus elles sont prises rapidement, plus les chances de guérison sont grandes».

«Mon projet leur permet, au jour 1, de recommencer à bâtir leur estime, à regagner une autonomie financière et à perpétuer une technique ancestrale» -Josée Leblanc

«Mon projet leur permet, au jour 1, de recommencer à bâtir leur estime, à regagner une autonomie financière et à perpétuer une technique ancestrale», poursuit-elle. Chaque artiste laisse par ailleurs un message d’espoir à l’acheteur, une prière, un souhait dans leur langue. «C’est à leur discrétion».

Les Bottes de l’espoir se commandent en ligne, elles sont faites sur mesure. «Les gens peuvent choisir leur modèle, la couleur du cuir, la fourrure», énumère Mme Leblanc. L’acheteur a aussi le choix de l’histoire traditionnelle que racontera l’artisane dans ses perles par exemple, Le chasseur innu ou La cueilleuse.

Une caméra est installée dans l’atelier pour être en mesure de voir l’assemblage de sa future botte, qui se détaille à 1195$ la paire. «Une femme touche 300$ par paire, ce qui lui permet de gagner entre 10 et 15$ de l’heure, dépendant de sa vitesse. Elles peuvent gagner leur vie avec une technique ancestrale», assure-t-elle.

Distinctions

Toujours en développement, le projet de Josée Leblanc récolte déjà du succès. Les Bottes de l’espoir ont notamment séduit les Dragons, Gilbert Rozon et Serge Beauchemin, qui ont promis d’apporter leur aidé à Mme Leblanc. L’entrepreneure a aussi remporté en juin, le prix PME ou Start-up de l’année – Volet marchés internationaux lors du Gala des Grands prix de la relève d’affaires organisé par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec.

Josée Leblanc vise ni plus ni moins que le marché international pour la vente des Bottes de l’espoir et autres produits de sa marque Atikuss. Création de nouveaux modèles, agrandissement de son atelier… Les projets sur la planche ne manquent pas. Quoi lui souhaiter pour la suite? «Que mes bottes marchent partout dans le monde!», lance-t-elle.

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