Vague de suicides à Uashat: L’enquête publique du coroner prend fin

Par Fanny Lévesque 30 juin 2016
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L’avocat du conseil Innu Takuiakan Uashat mak Mani-Utenam, Me Jean-François Bertrand et la chef d’ITUM par intérim, Virginie Michel.

«Le coroner a le pouvoir de changer les choses», a lancé l’avocat du conseil Innu Takuaikan Uashat mak Mani-Utenam, Me Jean-François Bertrand, en toute fin d’une longue intervention ce matin devant le coroner Me Bernard Lefrançois, qui préside l’enquête publique sur la vague de suicides. 

Les travaux, qui se sont échelonnés sur neuf jours en juin, ont pris fin jeudi au palais de justice de Sept-Îles. L’exercice, pendant lequel les membres de cinq familles endeuillées par le suicide d’un des leurs se sont livrés à cœur ouvert, a été «douloureux, mais nécessaire», selon le coroner Me Bernard Lefrançois.

Me Jean-François Bertrand y est allé de 44 recommandations principalement adressées aux gouvernements du Québec et d’Ottawa, allant de la création d’un centre en pédopsychiatrie au sein de la communauté à la mise en place d’une ligne d’appel d’urgence 24 heures sur 24 en langue innue.

«Mal-être profond»

«Ce n’est jamais le temps de baisser les bras, c’est le temps de monter aux barricades et de changer les choses», a soulevé l’avocat représentant aussi quatre des cinq familles. Me Bertrand a aussi mis en lumière le «mal-être profond» des Autochtones qui ont un taux de suicide trois fois plus élevé que les Canadiens.

La population de 4000 âmes de Uashat a été lourdement secouée par la problématique du suicide en 2015 avec la perte de cinq des leurs en neuf mois. En 2010, il a été démontré que toutes les familles élargies de la communauté avaient déjà été endeuillées par la mort volontaire d’un proche. Uashat a connu 43 suicides depuis 1994.

«Nous nous sommes attardés sur cinq cas, mais l’enquête nous a sensibilité à plusieurs problématiques», a affirmé le coroner Lefrançois dans sa déclaration de fermeture. «C’est une question complexe qui est à la fois individuelle et collective. Les recommandations ne seront pas simples, elles doivent être précises, réalistes et applicables».

Me Bernard Lefrançois a l’intention de livrer son rapport dans des délais rapides. «L’objectif n’est de ne pas trop tarder, on essaye d’éviter des suicides alors il faut passer à l’action le plus vite possible», a-t-il dit sans donner d’échéance. Le rapport pourrait être dévoilé dans la communauté et traduit en langue innue.

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