Cri du cœur de la grand-mère de Nadeige Guanish
Nadeige Guanish vivait près de sa tante, Marie-Luce Jourdain, sa grand-mère, Claire Jourdain et sa mère, Alanis Vollant.
La troisième journée de l’enquête publique du coroner sur la vague de suicides à Uashat mak Mani-Utenam s’est terminée avec le vibrant appel à l’aide lancé par la grand-mère de Nadeige Guanish, qui s’est enlevé la vie à 18 ans seulement, le 31 octobre 2015.
«Trouvez-nous de l’aide», a imploré Claire Jourdain au coroner qui préside les travaux, Me Bernard Lefrançois. «Ma petite-fille m’a laissé en héritage ses amies et il y en a qui pense encore au suicide. Je ne veux pas les perdre», a-t-elle affirmé avec aplomb, au terme d’une journée lourde en émotions.
La mort de Nadeige Guanish, faut-il le rappeler, a été celle de trop qui a forcé le ministre de la Sécurité publique par intérim, Pierre Moreau, a ordonné une enquête publique du coroner pour tenter de faire la lumière sur la problématique du suicide après que cinq membres de la communauté de quelque 4000 âmes, se soit donné la mort pendant cette même année.
«Quand est-ce qu’on va avoir de l’aide, a questionné l’ainée. On ne sait plus quoi faire. Quel est le mot magique? On a tellement de besoins sur nos réserves, les services en place, ce n’est pas assez», a-t-elle poursuivi. Nadeige Guanish vivait à la fois chez sa mère, sa tante et sa grand-mère. «C’était un petit papillon, Nadeige», illustre Mme Jourdain.
«Elle souffrait»
La mamie a décrit sa petite-fille, qui était nouvellement maman, comme un être joyeux, qui aimait vivre, toujours avec le sourire aux lèvres. «Mais, à l’intérieur, elle souffrait». La jeune innue était en plein cœur d’un processus judiciaire depuis le début de 2015, a-t-on appris mercredi. Elle était plaignante dans une histoire d’agression sexuelle.
«Quand je l’ai revu après (la présumée agression), je n’ai même pas été capable de la serrer dans mes bras, tellement je ressentais sa douleur», a relaté avec tristesse Mme Jourdain. «Ç’a été terrible». Et puis, Nadeige Guanish n’a plus été la même. «Elle disait qu’elle se sentait sale, qu’elle se sentait tellement mal qu’elle aimait mieux mourir».
Plusieurs amies et proches ont affirmé dans le box que depuis les événements présumés, la consommation d’alcool de l’Innue s’est accrue et sa santé mentale, détériorée. Selon ce qu’ont indiqué des témoins, elle aurait fait deux tentatives de suicide en 2015. Nadeige Guanish était suivie par une pédopsychiatre et a subi une cure de désintoxication en août.
Son noyau familial est néanmoins unanime sur le fait que la jeune n’avait pas verbalisé d’idées suicidaires avant qu’elle se dise victime d’une agression sexuelle. «Toute cette histoire la tourmentait et aussi tout le processus autour», a admis sa mère. «Elle ne comprenait pas pourquoi les procédures étaient si longues».
Une lenteur aussi dénoncé par sa tante, Marie-Luce Jourdain. «Si on avait pu accélérer le processus, j’ai l’impression qu’on aurait encore Nadeige avec nous», a-t-elle expliqué, soulignant que sa nièce vivait toujours un «down» après chaque étape. La jeune innue a par ailleurs été informée d’un «nouveau report» de son dossier, le jour avant son suicide.
Nadeige Guanish s’est donné la mort l’après-midi du 31 octobre dans un boisé, à l’entrée est de Sept-Îles, non loin de la 138. Les policiers étaient activement à sa recherche.
Poursuite des travaux
Jeudi, le dernier cas à l’étude, celui de Céline Rock Michel, 30 ans, est examiné. Mme Rock Michel vivait une période difficile après une querelle avec son ex-conjoint et craignait de perdre la garde de deux de ses quatre enfants. Le jour précédent sa mort, elle aurait tenté de trouver de l’aide. Ses proches qui ont témoigné jeudi, ont fait état d’une femme «découragée» mais qui n’exprimait pas de pensées suicidaires.
L’étude du cas de Nadeige Guanish doit par ailleurs se poursuivre vendredi au palais de justice de Sept-Îles. Il est notamment prévu qu’un procureur du Directeur des poursuites criminelles et pénales apporte des précisions sur les délais du dossier dans lequel Nadeige Guanish est plaignante. L’affaire est néanmoins frappée d’un interdit de publication.
Les cas d’Alicia Grace Sandy, 21 ans, de Charles Junior Grégoire-Vollant, 24 ans et de Marie-Marthe Grégoire, 46 ans, ont occupé les deux premiers jours de l’enquête publique.
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