Suicide: Le cas de Nadeige Guanish à l’étude

Par Fanny Lévesque 15 juin 2016
Temps de lecture :

La coupe du ruban symbolique du 25e Demi-marathon Rosaire Roy de Port-Cartier par la mairesse Mme Violaine Doyle.

Le décès de la jeune Nadeige Guanish, 18 ans, est à l’étude mercredi au palais de justice de Sept-Îles, où se tient depuis lundi l’enquête publique du coroner pour faire la lumière sur la vague de cinq suicides qui frappé Uashat mak Mani-Utenam, en 2015. 

L’émotion était vive ce matin, avec une salle d’audience bondée d’amis et de proches de la jeune innue. Sa mère, Alanis Vollant, et plusieurs amies, ont eu peine à contenir leurs larmes lorsqu’un enquêteur de la Sûreté du Québec a relaté le fil des événements, le jour du drame. Sa tante, Marie-Luce Jourdain, a été la première à témoigner.

Nadeige Guanish se trouvait au cœur d’un processus judiciaire depuis le début 2015, a-t-on appris. La jeune innue était plaignante dans une histoire d’agression sexuelle. Une ordonnance de non-publication a été émise en lien avec cette affaire pour éviter de permettre l’identification de l’accusé et «préserver l’intégrité» des démarches en cours.

L’examen du cas de Nadeige Guanish se poursuit mercredi et vendredi. C’est après sa mort le 31 octobre 2015 que le ministère de la Sécurité publique par intérim, Pierre Moreau, a ordonné la tenue d’une enquête pour faire la lumière sur la problématique du suicide dans la communauté de quelque 4000 âmes sur la Côte-Nord.

Triste récit 

Mardi, c’est la triste récit d’une famille innue, endeuillée par pas moins de neuf suicides en 25 ans, qui a été racontée au coroner Me Bernard Lefrançois.

«Je trouve ça dur la vie, je suis découragé», sont les dernières paroles que Charles Junior Grégoire-Vollant, 24 ans, a dites à sa tante Annie Vollant, qui a livré un vibrant témoignage. «Son père s’est suicidé à 24 ans et il m’a dit : «je vais aller faire comme lui, tel père, tel fils». Il pleurait», a-t-elle relaté avec un grand calme.

Charles Junior Grégoire-Vollant a été retrouvé sans vie dans le sous-sol de la résidence familiale, le 11 février 2015. Il traversait une séparation difficile, ont affirmé plusieurs témoins. «Il consommait beaucoup, il s’ennuyait de son garçon», a confié Mme Vollant, chez qui le jeune avait trouvé refuge trois semaines avant son décès.

«Il venait chez nous quand ça brassait, il voulait devenir sombre et j’étais prête à l’aider», a poursuivi sa tante. Mais à son avis, son neveu «timide et renfermé» n’a jamais reçu ou demandé de l’aide. «Il n’avait pas facilement confiance envers le système, ni même envers lui-même. C’est un petit gars qui s’est promené dans les familles d’accueil».

Neuf membres de la famille élargie de Charles Junior Grégoire-Vollant se sont suicidés depuis les années 90, a révélé Mme Vollant. La mère du jeune homme, Marie-Marthe Grégoire 46 ans, est d’ailleurs au nombre des cas à l’étude par le coroner. Elle s’est donné la mort en juin, quatre mois après le décès de son fils.

«Notre famille est fragile, il y en a qui pense encore à ça (au suicide)», a lancé Annie Vollant, qui explique néanmoins que ses proches profitent d’un «meilleur support» depuis la mort de son neveu. «Mais, il faut aller plus loin», ajoute-t-elle, proposant un accompagnement prolongé et «pas juste après qu’on vient d’en enterrer un».

Crise à Uashat

Marie-Marthe Grégoire n’allait pas bien depuis la mort de son garçon en février, a-t-on appris mardi. Sa fille, qui aussi perdu son frère, a eu peine à trouver les mots pour répondre aux questions du procureur. Nerveuse et timide, Caroline Grégoire-Vollant a eu à être accompagnée par une intervenante sociale jusque dans le box des témoins.

La jeune innue a néanmoins laissé savoir que sa mère consommait régulièrement, depuis le drame. «Ma mère disait qu’elle voulait mourir sans dire qu’elle voulait se suicider», a-t-elle dit aux policiers, dans sa déclaration. Le corps inanimé de Mme Grégoire a été retrouvé par l’un de ses garçons l’après-midi du 22 juin, dans le sous-sol de sa maison.

Or, c’est le jour même où en avant-midi, les policiers ont découvert sans vie, Alicia Grace Sandy, 21 ans, non loin de la rivière du Vieux-Poste à Uashat. Le cas de la jeune Naskapie de Kawawachicamach a ouvert lundi l’enquête publique.

Une psychologue à l’emploi du conseil de bande a affirmé plus tôt, que 18 rapports relatifs à «des crises suicidaires» ont été produits en juin et juillet seulement, dans la communauté de quelque 4000 âmes.

Jeudi, la mort de Céline Rock Michel, 30 ans, sera examinée.

 

 

Partager cet article