Cancer : La cuisine comme remède

Par Fanny Lévesque 27 Décembre 2015
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L’équipe de bénévoles et participantes à la popote de Noël de l’organisme, Perce-Neige.

Ça placote fort dans la petite cuisine de la maison des organismes communautaires. Une bonne dizaine de femmes ont les deux mains dans la farine. Le sourire aux lèvres, elles préparent sucreries et douceurs pour les Fêtes. Ensemble, autour de la table de travail, elles sont fortes, assez pour vaincre le cancer. 

Perce-Neige organise deux à trois activités par mois pour les personnes vivant ou ayant vécu avec le cancer et leurs proches. La popote des Fêtes est l’un des ateliers les plus populaires. «Il y a une énergie qui circule, j’entends des rires, de la musique de Noël, je me sens vivre», confie Lise, qui bataille contre la maladie.

«Je peux partir n’importe quand, on sait jamais quand ça frappe», poursuit-elle difficilement. Une autre va l’étreindre. Lise reprend. «Un problème partagé est moins lourd à porter. Ici, il n’y a que des femmes extraordinaires. Un groupe comme ça, c’est important pour se sentir aimé, accueilli dans ce qu’on est, dans ce qu’on vit.»

L’organisme parrainé par l’Association du cancer de l’Est-du-Québec arrive à faire des petits miracles avec une subvention annuelle de 500 dollars. Des professionnels allant du notaire au pharmacien et du nutritionniste au professeur de yoga offrent des ateliers bénévolement. Des particuliers versent aussi des dons, selon les besoins.

Cours de mise en forme, bricolage ou broderies sur carte, tous les efforts sont déployés par les Perce-Neige pour favoriser le partage, briser l’isolement. «C’est tellement agréable de faire du social», exprime Denise, une survivante depuis huit ans. «C’est encourageant aussi de voir des femmes qui passent au travers».

Rester accroché

Denise n’est d’ailleurs pas la seule à être restée accrochée à Perce-Neige après avoir gagné sa lutte. Carole a combattu le cancer en 2006. Aujourd’hui, c’est la «téléphoneuse» du groupe, pour confirmer la présence à un atelier, pour prendre des nouvelles ou pour jaser au conjoint. «C’est notre petite voix qui appelle», louange Lise.

«J’en retire beaucoup, on fait une belle équipe, on s’entraide, on se soutient et en plus, on découvre de nouvelles recettes», renchérit Denise, ajoutant une tasse de mélasse au mélange de Carole. Est-ce difficile quand l’une d’entre elles perd son combat? Ce n’est pas le temps d’en parler, la cuisine déborde de joie de vivre.

«J’en retire beaucoup, on fait une belle équipe, on s’entraide, on se soutient et en plus, on découvre de nouvelles recettes» – Denise 

La perce-neige pousse au printemps, elle est assez solide pour émerger des dernières neiges. «Imaginez la puissance de cette fleur-là, elle se lève, elle se bat. Je rêve à cette fleur, à cette percée», illustre Lise, terminant de décorer les carrés au chocolat. Une odeur sucrée, réconfortante, embaume maintenant la pièce.

L’impressionnante production sera distribuée entre elles, mais des portions iront aussi aux patients d’oncologie de l’hôpital et à ceux de la maison de soins palliatifs. Ça placote toujours autant dans la cuisine, ça rit fort aussi. La vie est là pour rester, c’est évident.

Un appel spécial est lancé par Perce-Neige aux hommes qui aimeraient participer à leurs ateliers ou être bénévole pour en offrir!

 

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