Gouvernance, fusions et élections scolaires: La commission scolaire du Fer «dans le néant»

Par Éditions Nordiques 9 septembre 2015
Temps de lecture :

Le président de la commission scolaire du Fer, Rodrigue Vigneault affirme se trouver «un peu dans le néant» en cette rentrée scolaire, alors que le ministre de l’Éducation pourrait annoncer l’abolition des commissions et des élections scolaires dès cet automne.

«On est un peu dans le néant parce que le ministre (François Blais) a annoncé qu’il y aura un décret cet automne qui va contenir des éléments au niveau de la gouvernance, des élections scolaires, la taxe et les fusions des commissions scolaires. On ne sait pas trop à quoi s’attendre et il dit cet automne. Sur mon calendrier, l’automne commence le 21 septembre et il finit le 21 décembre», affirme M Vigneault.

Celui qui est président depuis 2000 et commissaire depuis 1998, croit qu’une partie de la population et des dirigeants ne comprennent pas bien la réalité du monde scolaire. Selon les orientations du gouvernement, la gestion des bâtiments et du transport scolaire pourraient être transférés aux municipalités.

«Je ne suis pas sûr que c’est le «move» du siècle! Parce qu’il y a des gens qui pensent qu’il n’y aura plus de taxe scolaire. Il se ramasse au Québec environ 300 à 400 millions de taxes scolaires. Demain matin, il n’y a plus de commission scolaire, le gouvernement va aller chercher ce 400 millions quand même», explique M. Vigneault. «Où seraient mises les éventuelles priorités du monde scolaire dans le monde municipal? J’aime mieux ne pas y penser», lance-t-il.

S’il admet que le modèle actuel n’est pas «la meilleure», Rodrigue Vigneault fait un parallèle avec les fusions des établissements en santé de l’an dernier. «Je ne suis pas sûr que le patient, en santé, et l’étudiant, en éducation, au bout de la ligne vont être mieux servis», mentionne-t-il.

Légitimité

Rodrigue Vigneault explique qu’on «ramène toujours la question de la légitimité des commissions scolaires» en raison du faible taux de participation aux élections. «Aujourd’hui, je suis redevable à la population parce que c’est la population nous a élit. Je ne me sens pas moins légitime parce qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui a voté», affirme le président.

Il explique que si les présidents des futurs conseils scolaires sont nommés par le ministre, ceux-ci ne seront plus redevables de la population puisqu’ils relèveront du ministre. Rodrigue Vigneault affirme que les commissions scolaires ont été abolies au Nouveau-Brunswick et en Ontario, mais que les élections scolaires ont lieu en même temps que les élections municipales, ce qui a augmenté le taux de participation.

Budget déficitaire

En raison des compressions scolaires et du contexte économique dans la région, la commission scolaire du Fer a présenté un budget déficitaire. Selon M. Vigneault, une centaine de jeunes ont quitté la région depuis un an, ce qui implique moins de rentrées d’argent pour la commission scolaire. En raison du déficit, la commission a l’obligation de présenter un déficit zéro en 2016-2017. Un plan de redressement a été mis en place et s’est traduit par l’abolition d’une douzaine de postes, entre autres par des départs à la retraite non remplacés.

Appui aux comités de parents

Rodrigue Vigneault appuie globalement le mouvement national des comités de parents pour mettre un terme aux compressions. «Les premiers touchés directement, c’est les parents. Ce mouvement-là, s’il prend de l’ampleur au niveau national, je suis sûr que le gouvernement n’aurait pas le choix d’écouter. Il gère avec des sondages et l’opinion publique», a mentionné le président.

+++

Le privé est aussi affecté par les compressions

Le directeur de l'IESI, Jean-Sébastien Roy. (Photo: Le Nord-Côtier)

Le directeur de l’IESI, Jean-Sébastien Roy. 

L’Institut d’enseignement de Sept-Îles (IESI) est également touché par les compressions en éducation. Cependant, la hausse du nombre d’inscriptions permet de maintenir les services à l’école privée de la rue Gamache, contrairement à l’école Jean-Paul II de Baie-Comeau qui a évité de peu la fermeture cet été.

L’IESI reçoit environ 60% de subvention du gouvernement par élève, le reste étant assumé par les parents. Cette allocation de base a cependant diminué, pour la première fois depuis plusieurs années, de 1% cette année.

«Déjà la subvention ne suivait pas l’augmentation des coûts de la vie. Par exemple, le gouvernement augmentait sa subvention d’environ 1%, mais nos enseignants augmentaient de 4 à 6% en masse salariale. Donc, il y a de plus en plus un écart qui se créer et on doit charger plus aux parents, mais à un moment donné, il y a une limite à ça. Mais cette année, c’est pire, le gouvernement a baissé sa subvention», explique le directeur général de l’IESI, Jean-Sébastien Roy.

De plus, la subvention pour le transport scolaire a diminué du deux tiers depuis deux ans, alors que l’école privée doit transporter des élèves de Port-Cartier au secteur des Plages. L’IESI a une entente pour le transport avec la commission scolaire du Fer, sans quoi il devrait se procurer et entretenir une flotte d’autobus lui-même.

«Ce qu’on avait peur, c’est que si on charge plus cher aux parents, on a moins de monde. Si on a moins de monde, on ne peut pas arriver à payer nos frais, et là, ça décolle de l’autre côté», a mentionné M. Roy. Contrairement au public, l’école privée doit assumer à même ses frais de gestion les coûts reliés à l’entretien du bâtiment. «J’ai ma brique à changer, c’est 300 000$. Faut que je l’assume. C’est là qu’on se tourne vers la fondation», a expliqué Jean-Sébastien Roy.

C’est l’argent amassé lors des campagnes de financement de la fondation de l’IESI qui permet à l’école privée d’entretenir ses infrastructures ou, par exemple, renouveler son parc informatique. La principale activité de financement de la fondation est le souper annuel qui aura lieu le 26 septembre.

Sauver par sa popularité

«Avant, pour rentabiliser l’école, ça prenait 200-210 élèves. Maintenant, pour arriver, ça prend 230 élèves. Là en ce moment, la seule affaire qui nous sauve, c’est qu’on a une augmentation de la clientèle», affirme le directeur général.

Ce sont 235 élèves qui sont inscrits cette année à l’IESI, l’une des seules écoles privées au Québec dont le nombre d’élèves a augmenté ces dernières années. «Même qu’il y a des gens de Montréal et Québec qui nous appellent pour savoir comment on fait», lance Jean-Sébastien Roy qui s’étonne lui-même de ses chiffres. «Je donne souvent l’exemple du boulanger. La farine coûte plus cher, le matériel coûte plus cher, heureusement, on vend plus de pains», image le dg de l’IESI.

En raison du nombre d’élèves, l’école privée n’a pas coupé dans ses services aux élèves et dans son personnel, mais il pourrait ne pas avoir le choix ces prochaines années si le contexte économique à Sept-Îles continue de se détériorer. D’ailleurs, une vingtaine d’inscriptions ont été annulées pour la présente année scolaire. Malgré tout, Jean-Sébastien Roy demeure optimiste.


(Photos: Le Nord-Côtier)

 

Partager cet article