Le projet de prolongement de la route 138 de Natashquan jusqu’à Kegaska a débuté en 1999. Depuis une dizaine d’années, la communauté innue de Nutashkuan obtient çà et là, de petits contrats pour prolonger la principale voie d’accès de la Côte-Nord. Depuis six ans, le projet est devenu plus concret. Finalement, les premiers travaux ont débuté il y a quatre ans. C’est grâce à un chantier-école, initié par le gouvernement du Québec en 2008, que les Innus ont pu réaliser cette structure d’envergure.
Par Dominique Séguin
Ce partenariat a permis de réaliser une section de route d’une longueur de 44 km en quatre phases distinctes. Les étapes 1, 3 et 4 consistaient à prolonger la route. La phase 2 elle, était la construction du pont et c’est celle-ci qui a été construite en dernier. Le pont a une structure d’acier et de béton et une longueur de 143 mètres, ainsi qu’une largeur de 11,5 mètres. Un pilier central ancré dans le roc au fond de la rivière solidifie l’ouvrage.
«Il ne reste qu’un petit pont et un ponceau à compléter, mais la route est déjà praticable», explique l’un des membres du conseil d’administration de Construction Atik, Daniel Malec. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a confirmé la semaine dernière par voie de communiqué que la route 138 entre Pointe-Parent et Kegaska est maintenant praticable. La voie est encore en gravier et la circulation s’effectue en alternance sur les ponts temporaires des rivières Clay et à Sam.
L’an dernier, le chef de la communauté innue de Nutashkuan, Rodrigue Wapistan et son clan avaient bloqué le chantier. Cette action avait été contestée par l’autre partie de la communauté. Le chef Wapistan voulait un pont suspendu, afin de ne pas nuire à la montaison du saumon. Un argument qui s’avère non fondé, selon Daniel Malec. «La montaison est en croissance pour l’année 2013», a-t-il indiqué.
Quoi qu’il en soit, ce retard à la construction ne semble pas avoir empêché Construction Atik de livrer la marchandise à temps. «On a terminé dans les délais et dans les budgets. Par contre, le fait que ce soit un chantier-école a augmenté les coûts», explique M. Malec. Justement, la facture globale est de 150 millions $ et le pont à lui seul, a coûté 20 millions $.
Des employés de l’entreprise ont eu droit à une formation au Centre national de conduite d’engins de chantier, situé à St-Jean-Chrysostome, en banlieue de Québec. Ils se sont ensuite perfectionnés afin d’obtenir la qualification au niveau de la productivité. «Une fois la matière acquise, il fallait acquérir de la vitesse afin d’atteindre les standards d’efficacité. On a donc négocié des ententes avec le ministère des Transports», explique M. Malec.
D’ailleurs, la communauté était déçue de ne pas recevoir la visite du MTQ, Sylvain Gaudreault et des représentants du ministère. «Les représentants du MTQ n’étaient pas présents parce qu’une activité d’inauguration sera prochainement organisée», explique la conseillère en communication du MTQ, Marie-Ève Morissette.
La CRÉ réagit
De son côté, le préfet de la Conférence régionale des élus de la Côte-Nord, Julien Boudreau reproche au gouvernement Marois, sa lenteur à mettre en place le Secrétariat au développement nordique annoncé au printemps dernier. C’est par cette nouvelle porte d’entrée que transiteront dorénavant les budgets annoncés pour la complétion de la route 138. Il souhaite d’ailleurs que le PQ confirme le montant de 251 millions $ pour terminer la route 138 jusqu’à Blanc-Sablon.
Daniel Malec considère que c’est un grand jour pour la communauté et pour la Basse-Côte-Nord. «Le bureau régional du MTQ a qualifié l’ouvrage terminé de succès et on est fiers et contents de ce succès», dit-il.
Construction Atik espère maintenant que ses employés pourront mettre à profit leur nouvelle expérience, afin de poursuivre les travaux jusqu’à Blanc-Sablon.
(Photo : courtoisie – MTQ)
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