Construction: Menace de grève ou de lock-out

Par Fanny Lévesque 4 juin 2013
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L’Association de la construction du Québec (ACQ) a reçu un mandat clair des entrepreneurs des secteurs institutionnel-commercial et industriel. Les membres se sont prononcés en faveur du lock-out à 95% dans le secteur institutionnel-commercial et à 97% dans le secteur industriel. La tournée provinciale de consultation de l’organisation a pris fin lundi, à Sept-Îles.

Les négociations entre l’Alliance syndicale, qui regroupe cinq centrales syndicales, et l’Association de la construction du Québec achoppent sur le renouvellement de la convention collective des travailleurs, qui est échue depuis le 1er mai. Alors que les syndicats ont déjà obtenu de leurs membres des mandats de grève, l’ACQ a consulté ses membres pour solliciter un mandat de lock-out.

«Il devenait nécessaire pour l’ACQ de se doter d’un outil de réparation prévu dans la loi pour contrer les débordements et abus qui pourraient survenir lors de l’exercice de moyens de pression syndicaux», a fait savoir l’organisation. «L’ACQ ne veut pas paralyser l’économie du Québec, une entente raisonnable demeure le premier choix», pouvait-on lire dans un feuillet d’information.

Impacts en région
Les membres des organisations syndicales qui composent l’Alliance syndicale sont prêts à entrer en grève générale le 17 juin, si aucune entente ne survient avec la partie patronale. «La négociation qui se déroule comporte des enjeux importants, surtout en région, a fait valoir le conseiller de la FTQ sur la Côte-Nord, Bertrand Méthot. Nous voulons entre autres que la main-d’œuvre régionale soit priorisée, ce que refuse l’Association.»

Les syndicats exigent en ce sens que la clause de la mobilité provinciale, qui permet à un entrepreneur de l’extérieur d’effectuer des travaux en faisant appel à ses employés et non ceux sur place, soit abolie. «Dans ce cas-ci, même le statu quo ne sera pas accepté, c’est cette clause qui nous prive de notre pain et notre beurre», a ajouté M. Méthot.

Plusieurs manifestations de comités de chômeurs de la Côte-Nord ont déjà eu lieu pour interpeller les gouvernements. Des municipalités de la région ont aussi demandé l’intervention de Québec pour que la main-d’œuvre régionale soit priorisée sur les chantiers de construction.

L’Association de la construction du Québec croit que les demandes des syndicats en général sont démesurées. «La réalité : Une travailleuse de Québec doit pouvoir travailler en Gaspésie comme celle de la Gaspésie à Montréal.» Pour les syndicats, la mobilité provinciale se fait au contraire, au détriment des régions.
Les parties n’arrivent pas également à s’entendre à propos des salaires, des frais de déplacement et des horaires de travail.

Poids de la Côte-Nord
Bien que les négociations s’effectuent au niveau provincial, Bertrand Méthot est d’avis que la Côte-Nord aura son mot à dire. «C’est ici que le plus important chantier du Canada se situe», a-t-il lancé, en faisant allusion à la construction du méga complexe hydroélectrique de la rivière Romaine. «S’il y a grève ou lock-out, les impacts seront majeurs pour la région, ça touchera tous les services.»

Une grève générale des travailleurs paralyserait les principaux chantiers de la Côte-Nord, dont celui de la Romaine et du quai multiusager du Port de Sept-Îles, tandis qu’un lock-out des entrepreneurs toucherait les secteurs institutionnel-commercial et industriel.

Quelque 8000 travailleurs, dont 40% proviennent de la Côte-Nord, s’articulent sur les différents chantiers de la région, principalement en Minganie, Sept-Îles et Fermont.

Photo: Chantier de construction du quai multiusager au Port de Sept-Îles. (Archives – Le Nord-Côtier)

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