ITUM durcit le ton devant la montée de la grogne

Par Éditions Nordiques 30 octobre 2012
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À la suite de deux blocus de la route 138 en l’espace de 15 jours par des membres de la communauté, le conseil de bande d’Uashat Mak Mani-Utenam (ITUM) tente de calmer le jeu et suspend ses discussions avec certaines compagnies industrielles. Elle entend également durcir le ton pour défendre les droits autochtones.

Le vice-chef du conseil de bande, Mike McKenzie, a déclaré lors d’une conférence de presse qui s’est tenu au centre administratif d’ITUM le 25 octobre ne pas être surpris des récents débordements par les membres de la communauté. «C’est la violation de notre territoire ancestral qui se retrouve derrière cette crise, il y a une tension permanente en raison d’une communauté qui voit ses droits bafoués», s’est-il exclamé.

Pour apaiser la grogne, le conseil de bande a notamment décidé de cesser les discussions avec la compagnie Mine Arnaud ainsi qu’avec les promoteurs d’un projet éolien, d’ici à ce qu’un plan d’aménagement avec l’identification des zones de développement et de protection soit établi. Cependant, les ententes qui ont fait l’objet d’une signature ne sont pas remises en question. «Ce n’est pas une question économique, et c’est là que commence la divergence avec les gouvernements», a fait valoir le vice-chef.

Pots-de-vin et corruption
Yvon Dumont, conseiller principal pour la société de développement économique d’ITUM et qui se présente comme étant spécialiste de gestion de crise, a tenu à déclarer que «les allégations qui avaient été faites dans l’émission Enquête de Radio-Canada restaient des allégations et qu’il n’y avait rien de prouvé».

Un silence a accueilli la question d’un journaliste demandant si les élus du conseil de bande avaient reçu des cadeaux ou de l’argent des compagnies industrielles. Seul le vice-chef a répondu par la négative. «Nous n’avons reçu aucun montant et aucun cadeau», a-t-il fait savoir. M. McKenzie a estimé avoir toujours la confiance de sa communauté. Les élus d’ITUM envisagent par ailleurs de mettre en place une agence pour étudier les ententes qui devraient être signées et en assurer le suivi.

Le conseil de bande a également l’intention de maintenir ses démarches judiciaires contre le Canada concernant l’entente avec Innu Nation, ses poursuites contre IOC et le Québec concernant le projet de la Romaine. Il a lancé un appel à la solidarité entre tous les Innus. Ils souhaitent que le plan Nord soit accepté par la population. «Notre conception du développement durable n’est pas la même que le Plan Nord», a conclu Mike McKenzie.

La voix des manifestants
Quelques manifestants du blocus étaient présents sur le stationnement d’ITUM à la sortie de la conférence de presse. Le porte-parole des manifestants, Jean-Sébastien Vollant, a déclaré que les élus avaient perdu la confiance de la population et n’étaient pas suffisamment à l’écoute de leur communauté. «On veut que le conseil nous écoute et qu’ils écoutent les jeunes. On veut qu’ils arrêtent les négociations avec les compagnies industrielles, on les croira que lorsqu’on le verra, a-t-il soutenu. Lorsqu’il y a eu des rumeurs de corruption au sein du conseil, beaucoup de gens de la communauté se sont mis en colère.», a-t-il ajouté.

Les élus du conseil de bande d’Uashat Mak Mani Utenam attentif aux déclarations d’Yves Dumont (Photo – Le Nord-Côtier).

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