Transport maritime : l’ajout d’un nouveau service est justifié

Par Fanny Lévesque 22 février 2012
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Le démarrage du complexe hydroélectrique de la Romaine et les principaux projets de développement qui pointent à l’horizon justifient la création d’un tout nouveau service de transport maritime entre le Centre-du-Québec et la Côte-Nord. Selon l’étude de faisabilité du projet, rendue publique le 17 février, quelque 20 000 camions additionnels emprunteront la route 138 à court et moyen terme pour répondre aux besoins des développeurs.

En tenant compte des projets de développement les plus avancés, comme ceux de la Mine Arnaud, d’ArcelorMittal Mines Canada et de Cliffs Natural Resources, en plus du projet hydroélectrique de la rivière Romaine, les Armateurs du Saint-Laurent, qui étaient le maître d’œuvre de l’étude de faisabilité, évaluent que l’utilisation de la 138 sera suffisamment accrue pour justifier l’ajout d’un service maritime.

Les phases de construction et d’opération des projets représentent au moins l’ajout de quelque 20 000 camions sur la route 138 par année, ce qui porterait le trafic de véhicules lourds à 140 000 annuellement. «Une augmentation de cette ampleur démontre un marché et un potentiel évident», a expliqué le directeur général des Armateurs du Saint-Laurent, Martin Fournier. «C’est à partir de ces données que la rentabilité du projet a été évaluée.»

Un démarrage non rentable
L’étude démontre également que le projet d’ajouter un service maritime sur une base hebdomadaire ne serait pas rentable durant les trois premières années d’opération, en raison de la période d’adaptation. «Il y a des contrats déjà en place, et un changement d’habitude à créer (…) On anticipe que le service serait à perte pendant trois ans, avec environ 1,6 million $ de perte annuelle», a indiqué M. Fournier.

Selon lui, quatre années seront nécessaires pour notamment «sécuriser les volumes» et trouver une solution pour ramener les camions avec de la marchandise. «À l’heure actuelle, 80% des camions qui se rendent sur la Côte-Nord reviennent vides, on est confiant d’en venir à rentabiliser le retour», a ajouté le directeur général.

La nouvelle desserte deviendrait une entité indépendante qui serait formée d’armateurs et de compagnies de transport routier. «De cette façon, le risque serait moins grand à prendre, il y a déjà plusieurs entreprises intéressées», a fait savoir M. Fournier. D’ailleurs, le comité de travail de l’étude de faisabilité était composé de différentes entreprises de l’industrie. «Il faudra maintenant s’asseoir avec les partenaires et décider qui veut aller de l’avant.» Les Armateurs du Saint-Laurent aimeraient voir la création du nouveau service d’ici le printemps 2012.

Le ministère du Transport, qui a commandé l’étude, sera aussi sollicité afin qu’il soutienne le projet durant son démarrage. «Le ministère fera des gains avec le nouveau service (…) des réductions de coûts au niveau de l’entretien routier et de la sécurité routière sont à prévoir, en plus d’une réduction de gaz à effets de serre», a soulevé M. Fournier qui croit que le gouvernement aura tout avantage à s’impliquer financièrement dans le projet.

Pour l’heure, les ports qui relieront le service n’ont pas été déterminés. «Ce sera à la nouvelle entité de décider quelle solution sera la plus rentable.» Le navire utilisé devrait également appartenir à un armateur partenaire du projet.

Financée à 50% par Québec, l’étude de viabilité d’une nouvelle desserte maritime a nécessité des investissements de 100 000$. Les Armateurs du Saint-Laurent et Hydro-Québec ont également investi chacun 25 000$ dans le projet.

Présentement à Sept-Îles, quelque 250 000 tonnes de matériaux transigent via les deux systèmes mis en place pour favoriser l’emprunt de l’autoroute bleue sur une courte distance, le traversier-rail (photo), reliant Sept-Îles à Matane, et la barge utilisée par Aluminerie Alouette pour expédier l’aluminium vers les Grands Lacs.