Les groupes environnementaux s’inquiètent de la qualité de l’air
Le Regroupement pour la Sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles et le Comité de défense de l’air et l’eau de Sept-Îles s’inquiètent des effets de la pollution atmosphérique, créée par la grande industrie, sur la santé des Nord-Côtiers. À la lumière de la publication au début du mois du Portrait de santé du Québec et ses régions, qui démontre que le nombre de cancers par habitant est plus élevé sur la Côte-Nord que dans l’ensemble du Québec, les groupes environnementaux interpellent la direction régionale de la Santé publique.
Sur la Côte-Nord, le cancer, toutes causes confondues, touche en moyenne 570 individus par tranche de 100 000 habitants, alors qu’il en affecte 511 pour le même nombre de personnes, dans l’ensemble de la province. Selon la Santé publique, ce taux plus élevé de cancer est notamment attribuable au grand nombre de fumeurs dans la région. Le tabagisme affecte 29,4% des Nord-Côtiers contre 24,2% des Québécois. «On ne peut pas nier que ça existe, mais on ne pas tout mettre sur le dos du tabagisme», s’est exprimé le porte-parole du Comité de défense de l’air et l’eau, Denis Bouchard. «C’est pourquoi nous demandons à la Santé publique de prendre aussi en compte la pollution atmosphérique.»
Interpellé à la suite de la sortie publique des regroupements, le directeur de la Santé publique sur la Côte-Nord rappelle qu’il «est très complexe d’établir le lien entre la santé et les contaminations de l’air.» Selon M. Cloutier, qui souligne que les demandes des groupes citoyens sont justifiées, une ressource planche actuellement sur la doléance de M. Bouchard. «Pour le moment, on ne peut établir le lien entre la pollution d’une ville industrielle et un cancer du poumon par exemple, parce que le taux de tabagisme est trop élevé (…) par contre, si ça cache un autre phénomène, on va essayer de le voir, et continuer notre surveillance», a expliqué Dr Raynald Cloutier.
Plus de transparence
Les comités environnementaux souhaitent aussi que le ministère et la grande industrie fassent preuve d’une plus grande transparence. «La population doit être avertie», a lancé Louise Gagnon du Regroupement pour la sauvegarde de la grande Baie. Un moyen pour y arriver serait d’installer une station de la qualité de l’air à Sept-Îles, qui diffuserait quotidiennement un indice de la qualité de l’air. «Ça prend des capteurs d’air et surtout, que les données soient publiques, les gens sont inquiets et veulent des éclaircissements.»
Les regroupements suggèrent même l’implantation d’un indice de la qualité de l’air Plan Nord en vue des importants projets de développement qui seront réalisés dans la région. «Il faut aussi avoir une étude sur les effets cumulatifs des projets et pas seulement, lui produira ça et l’autre tant», a ajouté Mme Gagnon.
De la sensibilisation plutôt que des actions
La Santé publique concède qu’elle aimerait aussi avoir plus de données sur la pollution atmosphérique avant le déclenchement du Plan Nord, sauf qu’elle rappelle qu’avec les informations qu’elle possède actuellement, rien ne prouve que la situation est problématique à Sept-Îles, comme l’a démontré l’échantillonnage de la qualité de l’air, effectué en juin 2009, par le laboratoire mobile TAGA du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs.
«C’est un élément que je soulèverais à la table de consultation sur le Plan Nord (…) Mon pouvoir, puisque le problème n’est pas prouvé, c’est continuer à travailler sur la sensibilisation», a conclu Dr Cloutier.
Les deux regroupements citoyens feront une autre sortie après les Fêtes, à propos du coût économique lié aux problèmes de santé. Il n’est pas exclu non plus que des actions de mobilisation soient organisées en début d’année.
Les porte-parole du Comité de défense de l’air et l’eau de Sept-Îles et du Regroupement pour la Sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles, Denis Bouchard et Louise Gagnon.
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