La presse indépendante lance un cri du cœur

Par Fanny Lévesque 16 novembre 2011
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Une trentaine de journaux indépendants du Québec, dont ceux des Éditions Nordiques, s’unissent pour freiner la convergence et la concurrence déloyale des grands groupes de presse québécois. La création de l’Association de la presse indépendante du Québec (APIQ), fondée le 9 novembre, n’est pas étrangère à la guerre livrée entre Quebecor Media et Transcontinental, et dont les indépendants font les frais.

Voilà quelques mois que la presse indépendante du Québec est victime d’une dure lutte contre les géants de la presse. Plusieurs transactions récentes dans l’univers médiatique en témoignent. La nouvelle association craint même que cette guerre ne finisse par avoir la peau des indépendants de la province. «Avec ces pratiques commerciales déloyales, comme la vente systématique de publicités à rabais, destinées à occuper l’ensemble du territoire, ces groupes de presse ébranlent carrément la démocratie, dont l’une des assises demeure une presse vivante et diversifiée, particulièrement en région», a dénoncé la présidente de l’APIQ, Josée Pilotte.

Pour l’APIQ, il ne s’agit pas d’une action contre la concurrence, mais bien contre des pratiques commerciales déloyales. «Si les grands groupes de presse peuvent se permettre une guerre de prix, il en est tout autrement de nous de la presse indépendante. Nous faisons les frais d’une guerre absurde, qui se déroule bien au-dessus de nous, mais dont les conséquences pourraient s’avérer à court terme désastreuses pour tout un pan du journalisme au Québec, qui pourrait s’écrouler très bientôt», a mis en garde Mme Pilotte, copropriétaire de l’indépendant, Accès de Saint-Sauveur.

La présidente de l'APIQ, Josée Pilotte

Sensibiliser la population
Dans un premier temps, l’APIQ s’est donné la mission de sensibiliser la population à la problématique. «Il faut dénoncer cette réalité, et sensibiliser la population à l’urgence de protéger la presse indépendante et des dangers de la concentration de la presse», a soulevé la présidente en rappelant l’importance de la diversité des voix. «Si la concurrence ne cesse de couper les prix de façon déloyale, la presse indépendante ne pourra tenir et qu’est-ce qui en restera?»
Sabia et St-Pierre interpellés

L’APIQ interpelle aussi le président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michel Sabia, pour qu’il freine «l’hémorragie» en faisant des représentations auprès de Quebecor Media, qui est financée à la hauteur de 45% par les fonds publics. Pour l’APIQ, il est du devoir de M. Sabia d’intervenir.

La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a, elle aussi, été interpellée par l’APIQ pour rétablir l’équilibre entre la presse indépendante et les grands groupes. Pour l’Association, le «combat» de la ministre peut aller de la commission parlementaire jusqu’à la nécessité de légiférer pour préserver la presse hebdomadaire indépendante.

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