Les familles d’accueil autochtones reçoivent deux fois moins en aides financières

Par Éditions Nordiques 11 août 2015
Temps de lecture :

Victoire pour le Petit Drakkar à son premier match au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec.

Cela fait une quinzaine d’années que Noëlla Pinette-Bois et Léonide Bois hébergent des jeunes en difficulté dans leur maison du parc Ferland. Le couple a fait le choix de prendre en charge des jeunes provenant des services sociaux de la communauté de Uashat mak Mani-Utenam, le Centre Uauitshitun. Depuis un an et demi, ils tentent de comprendre, sans succès, pourquoi ils ont droit à deux fois moins d’argent quotidiennement qu’une famille d’accueil faisant affaire avec les Centres jeunesse du Québec.

Les montants accordés aux familles d’accueil dépendent de plusieurs facteurs, dont l’âge et la lourdeur de chaque cas.

Pour deux cas similaires, Mme Pinette-Bois reçoit 31$ par jour pour subvenir aux besoins du jeune qu’elle héberge, alors qu’une famille d’accueil hébergeant un jeune du Centre jeunesse de Sept-Îles reçoit 71,38$ quotidiennement en plus de bénéficier de nombreux avantages sociaux, dont des congés de maladie.

«C’est un traitement inégal pour un travail égal», lance Léonide Bois. «Est-ce qu’un enfant autochtone à moins de valeur qu’un enfant blanc?», se questionne Noëlla Pinette-Bois qui multiplie les contacts et les demandes d’accès à l’information avec les différents ordres de gouvernement afin de comprendre le pourquoi de cette disparité. Selon le couple, une dizaine de familles à Sept-Îles et Uashat mak Mani-Utenam se trouve dans la même situation qu’eux.

14h23v09_FamilledAccueilAutochtone

Noëlla Pinette-Bois et Léonid Bois tentent de comprendre pourquoi ils ont droit à moins d’argent que les autres familles d’accueil. (Photo : Le Nord-Côtier)

 

Les familles autochtones pas syndiquées
Après quelques années de combat, les familles d’accueil ont obtenu le droit de se syndiquer grâce à la Loi 49 adoptée par le gouvernement du Québec en 2009. Ceux-ci se sont entendus sur une négociation collective il y a trois ans, ce qui a contribué à une hausse du montant alloué aux familles et l’ajout de nombreux avantages sociaux.

Or, les familles d’accueil en milieu autochtone, comme celle de Noëlla Pinette-Bois, ne sont pas syndiquées et n’ont donc pas droit aux mêmes conditions que les autres familles. De plus, Mme Pinette affirme n’avoir jamais eu d’augmentation d’aides financières depuis 15 ans, alors que le coût de la vie a augmenté. Même s’ils n’ont pas droit aux mêmes financements et avantages sociaux, les familles d’accueil autochtones doivent se conformer aux mêmes normes du gouvernement du Québec.

«On ne fait pas ça pour l’argent, c’est seulement une question de respect et d’égalité», explique Léonid Bois.

Noëlla mentionne pour sa part que s’occuper d’une famille d’accueil est une «vocation» qui n’est pas faite pour tout le monde. Mais les besoins en argent doivent être suffisants pour s’occuper adéquatement des jeunes qu’elle héberge, soutient-elle. «Là, en ce moment, moi j’appelle ça du bénévolat», a-t-elle affirmé.

Étant donné que Mme Pinette relève du conseil de bande, les montants qu’elle perçoit proviennent du gouvernement fédéral, mais elle doit suivre la règlementation du gouvernement provincial. Après un an et demi de démarches, elle ne comprend toujours pas pourquoi il n’y pas d’entente entre Québec et le conseil de bande pour recevoir le même montant que les autres familles autochtones, surtout que ce serait tout à l’avantage de ce dernier.

Noëlla Pinette-Bois a cependant reçu l’assurance à plusieurs reprises de la part du ministère des Affaires autochtones du Québec qu’advenant une entente, «les montants sont en sécurité» et lui seront versés rétroactivement depuis l’adoption de la loi 49.

Selon le couple, de meilleures conditions permettraient l’apparition de nouvelles familles d’accueil, puisque les besoins sont là et qu’il est plus coûteux de garder les jeunes dans des centres au lieu d’être en milieu familial.


 

(Photo: Archives – Le Nord-Côtier)

Partager cet article