La STQ met fin à l’aventure de l’Apollo

Par Charlotte Paquet 3:07 PM - 19 mars 2019
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La vie de l’Apollo sur la Côte-Nord est maintenant chose du passé.

L’Apollo vient de recevoir son coup de grâce. En point de presse mardi après-midi, le président-directeur général de la Société des traversiers du Québec (STQ), Stéphane Lafaut, a confirmé sa décision « de mettre fin à l’aventure ».

Mardi matin, M. Lafaut en a informé le ministre des Transports, François Bonnardel.  Après la série noire d’incidents et d’accidents qui touchent l’Apollo depuis son entrée en service le 14 février, la collision de samedi soir au quai de Matane et les nombreuses défectuosités identifiées par les inspecteurs du Bureau de la sécurité des transports (BST) dépêchés à Matane lundi auront donc eu raison du vieux navire de 49 ans.

La STQ met fin au service de l’Apollo à la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout après avoir englouti 3,5 M$, en incluant son coût d’acquisition de 2,1 M$ à la fin de janvier.  Les anomalies mises au grand jour par le BST auraient nécessité d’imposants travaux de réparation avec une facture qui risquait d’être très élevée. Dans l’esprit du PDG, il n’est plus question de que l’argent des contribuables soit ainsi flambé.

Déception

Le PDG ne s’en cache pas. Il est déçu de la tournure des événements. Quand la STQ a acheté l’Apollo, a-t-il rappelé, elle a acheté un navire fonctionnel, en opération au Canada, soumis aux mêmes règles que la STQ et détenant toutes les certifications nécessaires, entre autres au niveau de la navigabilité.

Pourtant, parmi les nombreuses anomalies détectées par les inspecteurs du BST, la question de la navigabilité était mise en doute.

M. Lafaut l’a répété à quelques reprises. L’achat du navire été fait de bonne foi. « C’était le seul navire disponible, il était déjà en opération et avait tous les certificats de navigabilité », a-t-il insisté.

Le PDG a refusé de s’avancer sur la possibilité que cette acquisition ait pu être une erreur, mais a rapidement enchaîné sur le fait que « ça faisait un mois qu’il n’y avait pas de service » à la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout.

Après avoir indiqué de pas vouloir commenter une décision prise par son prédécesseur par rapport à l’achat du bateau, il a tout de même avoué que « dans un contexte global, c’était la chose à faire ».

Réaction

Pour sa part, Yves Montigny soutient que la confiance des usagers envers l’Apollo était brisée. « C’est vraiment la décision qui devait être prise. Depuis l’incident du quai de Matane, il y avait plusieurs citoyens qui ne voulaient plus prendre ce bateau. Même un œil non expert voyait bien que ça ne marchait plus », a lancé le maire de Baie-Comeau.

Toutefois, ce dernier souligne que maintenant, la Côte-Nord revient à la situation du 19 décembre 2018, date où le F.-A.-Gauthier a dû être retiré du service. « Là, on se retrouve sans traversier. Le service aérien, c’est correct, le CTMA Voyageur, c’est bien aussi, mais il doit servir en priorité la population des Îles-de-la-Madeleine. On est donc sans solution stable », a-t-il ajouté.

M. Montigny exige de la STQ qu’elle fasse une priorité de trouver dans les plus brefs délais un navire de réserve pour qu’il y ait un service de traversier pour la saison estivale et aussi assurer la relève du F.-A.-Gauthier « parce qu’il y aura des craintes au retour de ce bateau. Il n’a pas encore fait toutes ses preuves ».

Le maire en a aussi profité pour demander de nouveau au gouvernement « des investissements sur la Côte-Nord pour compenser les pertes. Québec doit comprendre que l’économie locale a été gravement impactée par les problème de traversiers ». Il réclame des annonces dès le dépôt du budget provincial, qui aura lieu jeudi.

Avec Steeve Paradis

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