Centre de services scolaire du Littoral : Une histoire de famille et de coeur

Par Sylvain Turcotte 5:05 AM - 20 juin 2024
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Kathy Roy, dans son élément, une classe de l’école Mgr Scheffer, où elle enseigne depuis près de 30 ans. Photo courtoisie

Kathy Roy est débarquée à Blanc-Sablon, en pleine tempête, au début de l’année 1991, pour enseigner. Près de 35 ans plus tard, elle n’est pas prête pour la retraite, toujours animée par le métier. Son histoire illustre l’amour, la force et les particularités de se retrouver en Basse-Côte-Nord, dans les écoles du Centre de services scolaire du Littoral. Chacun et chacune à son histoire par là-bas.     

Pour Kathy Roy, tout part de sa tante Germaine, la sœur de son père. Religieuse chez les Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire de Rimouski, elle est passée par La Tabatière, Saint-Augustin et Blanc-Sablon.

« Pendant que j’étais aux études, elle me racontait ses histoires. Elle a vécu la période où on a sédentarisé les Innus », raconte l’enseignante. 

Les anecdotes de sa tante lui ont donné le goût de vivre l’aventure, de partir en mission, elle aussi. 

La vie d’autobus, de métro et de grandes villes a pris un tout autre chemin pour la fille de Saint-Bruno-de-Montarville, à la fin de ses études à l’UQAM. Elle a obtenu un poste à Blanc-Sablon, à l’école Mgr-Scheffer.  

Un voyage en avion vers l’extrémité est de la Basse-Côte-Nord, en pleine tempête, le 2 janvier 1991. 

« C’était blanc, blanc, blanc à travers les hublots quand on est atterri », se remémore-t-elle.  

Même s’il y avait tempête pour ces premiers jours à Blanc-Sablon, Kathy Roy était tout emballée de pouvoir enseigner, « d’être la boss dans ma classe ». Elle avait une bonne direction d’école en Vincent Joncas, très ouvert.

Kathy Roy vivait alors dans le même bâtiment que les religieuses.

Ah ! L’amour ! 

En 1992, il y aura eu la rencontre de Gerry Landry, « ç’a changé la donne. Je ne voulais plus partir. » Leur relation amoureuse s’est solidifiée et il y a eu un premier enfant en 1996. 

Avec le temps, le couple fait l’acquisition de la vieille maison louée par le Centre de services scolaire. Il la rénove. Kathy et Gerry y vivent encore, aux abords de l’eau.

Si sa plus jeune fille est toujours aux études, à St. John’s (Terre-Neuve), sa deuxième est de retour à Blanc-Sablon depuis la COVID. Elle occupe un poste de secrétariat au Centre de services scolaire du Littoral. 

Kathy Roy est aussi grand-mère de la petite Rosie.

« Les racines prennent vie », souligne l’enseignante, parlant de la fierté de sa tante de voir des Roy à travers les Letemplier, Landry et autres en Basse-Côte-Nord.

Non merci !  

Kathy Roy pourrait prendre sa retraite au terme de la prochaine année scolaire, après 35 ans de métier, un bref passage comme conseillère pédagogique, deux grossesses et deux ans où elle est retournée dans son coin. Mais non !

« Je ne suis pas prête à quitter l’enseignement. J’ai ça dans la peau. Je suis toujours à la recherche de perfectionnement, toujours en renouvellement », dit-elle, à 55 ans. 

« J’aime travailler avec les enfants, voir leur regard, leur curiosité ! » 

Il y a aussi le fait que sa petite Rosie fera son entrée à l’école qui garde Kathy Roy animée par son travail. « Je suis heureuse », s’exclame-t-elle.  

L’enseignante, diplômée en littérature jeunesse, est la responsable des ateliers de lecture et d’écriture à son école. C’est une des premières écoles au Québec à avoir essayé ce programme.

Elle est enseignante de français de 3e et 4e années au primaire, dans des classes d’une douzaine d’élèves. Le défi se trouve dans le fait que le français n’est pas toujours la première langue des jeunes.

Kathy Roy a toujours senti qu’elle avait sa place à l’école Mgr-Scheffer, que ses compétences étaient reconnues. « Ça donne envie d’essayer des choses, ça nous pousse et motive ! » 

Aventure, sécurité…

Il faut avoir envie de vivre une expérience unique pour s’établir sur la Basse-Côte-Nord, aux dires de Kathy Roy. Elle aurait bien pu choisir la Thaïlande ou l’Afrique, mais le lien et les histoires de sa tante Germaine ont penché dans la balance. 

Il y a eu la quête d’aventure en premier, « et l’amour quand tout est beau et rose », souligne-t-elle. Elle se plait aussi dans tout le sentiment de sécurité de vivre à Blanc-Sablon. 

« Ici, pour les enfants, c’est le plein air, la sécurité, le dépaysement. On a de la beauté qui nous entoure. Il suffit d’apprécier la nature. Il y a aussi quelque chose de familial. On sent que les autres personnes veillent aussi sur nos enfants », soutient-elle.

Lors de sa première grossesse, Kathy Roy n’était pas seule enceinte. Il y avait une dizaine de futures mamans en même temps.

Elles se sont mises ensemble pour un projet de CPE. « On avait des points à défendre face à la réalité de la côte ». Elles auront réussi avec la mise sur pied du CPE Mer et Mousse. 

« On crée des liens. Nos enfants ont grandi ensemble. C’est plein de beaux souvenirs entre amis », appuie-t-elle.  

Il reste toutefois un peu l’ennui de ses parents. Avant de les voir récemment, Kathy Roy ne les avait pas vus depuis dix mois. Disons que Blanc-Sablon/Saint-Bruno, ce n’est pas donné pour les vols d’avion et il y a aussi la météo. 

La réalité de la Basse-Côte-Nord ! 

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