Dans un courriel envoyé le 21 mai à 16 h 30, Dr Youssef Ezahr, médecin et chef de département anesthésie-réanimation au CISSS de la Côte-Nord, fait une mise au point de la situation des soins de santé sur la Côte-Nord. Il qualifie les solutions proposées par le gouvernement comme des « pansements temporaires ».
Selon ce dernier, qui avait d’ailleurs lancé un signal d’alerte après l’annonce des coupures par le CISSS la semaine dernière, « la situation actuelle sur la Côte Nord présente une discordance alarmante entre les rapports gouvernementaux et la réalité sur le terrain ».
« Au cours des dernières 24 heures, nous avons dû transférer 10 patients nécessitant des soins actifs. Parmi eux, un enfant de 7 semaines souffrant d’une infection virale que nous aurions pu traiter ici. En raison de la fermeture de la pédiatrie, et malgré les supplications de sa mère souhaitant rester près de ses proches, nous avons dû le transférer dans une autre région selon les disponibilités des lits des hôpitaux du Québec », raconte Dr Ezahr.
Il soutient que cette situation exerce une pression énorme sur les soignants, contraints de sélectionner les patients à transférer, alors que la majorité pourrait être soignée à Baie-Comeau.
« À Sept-Îles, nous observons des situations aberrantes comme 36 patients hospitalisés avec seulement 2 préposés, ce qui compromet gravement la qualité des soins, en particulier pour ceux avec une autonomie réduite », poursuit le médecin dans sa communication.
Le président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens au CISSS de la Côte-Nord souligne tout de même que le transfert des patients déjà hospitalisés a pu être arrêté. « Ces patients sont vulnérables, atteints de pathologies comme la démence, mais ne nécessitant pas de soins actifs. Cependant, ce qui n’est pas dit, c’est que pour garder ces patients, nous devons ajuster notre offre de soins à l’urgence », témoigne-t-il.
Équipe volante
En ce qui concerne l’équipe volante promise par le ministre Christian Dubé, le groupe de médecins nord-côtiers n’a reçu aucune nouvelle, « excepté ce qui est publié sur Twitter », est-il écrit.
« Malheureusement, aucune agence n’a été mobilisée pour nous aider rapidement, laissant notre personnel soignant à bout de souffle, enchaînant les TSO (temps supplémentaire obligatoire) depuis le 19 mai. Nous les soutenons du mieux que nous pouvons, mais ce rythme de travail présente un risque pour la population », indique le chef de département.
D’après ses constats, les patients de la Côte-Nord se retrouvent face à une offre de soins inéquitable comparée aux grands centres.
Dr Youssef Ezahr déplore également n’avoir eu aucune discussion avec l’équipe du cabinet du ministre, ni celle à Montréal, ni celle envoyée sur la Côte Nord la semaine dernière.
« Nous sommes déçus que notre lettre ait été politisée, que notre appel à l’aide soit devenu un enjeu entre le MSSS et les agences de placement », exprime celui qui croit que « de vraies solutions incluraient des exceptions pour les régions éloignées, permettant d’améliorer les conditions salariales afin de recruter le personnel nécessaire et d’éviter cette crise sanitaire ».
