Bélugas du Saint-Laurent : un bilan de santé qui inquiète
La dernière année a été marquée par la récupération de 17 carcasses de bélugas, dont une majorité de femelles. Photo RQUMM
Un nouveau bilan sur le décès des bélugas du Saint-Laurent chiffre à 17 le nombre de carcasses échouées sur les berges du fleuve en 2023. Des signes de problèmes lors de la mise bas des femelles retrouvées sans vie laissent planer un doute quant aux capacités reproductrices d’une espèce toujours en voie de disparition.
Depuis 2016, le nombre de carcasses de bélugas retrouvées autour du fleuve avoisine la quinzaine chaque année.
« C’est depuis autour de 2010 qu’on retrouve des carcasses de femelles qui étaient mortes autour de la mise bas », note Robert Michaud, président du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM).
Ce dernier révèle qu’à la nécropsie, les individus décédés n’ont pas de maladies apparentes ou de signes de traumatismes qui pourraient expliquer les complications à la naissance des veaux.
Le chercheur affirme que les hypothèses mènent les recherches sur un chemin parsemé d’indices, qui expliqueraient leur mortalité, le faible taux de survie des veaux et le changement dans le tissu graisseux des individus.
Contaminants
L’impact des diphényléthers polybromés, de leur nom raccourci PBDE, est à l’étude par la communauté scientifique car on trouve des traces résiduelles des retardataires de flamme dans le fleuve même s’ils ont été bannis en 2000.
Les complications durant la mise bas des femelles pourraient être expliquées par la présence de PBDE de la même manière que les cas de cancer chez les bélugas qui ont sévi pendant quelques années.
« Les contaminants qui engendraient ces cancers ont été éliminés de l’écosystème des bélugas, et maintenant les cas sont pratiquement disparus », fait savoir le président.
Population en péril
La rareté ou le changement de source de nourriture est une des préoccupations qui pourraient également expliquer ces changements corporels, qui n’est pas adaptée à leurs besoins.
« Pêches et Océans Canada pense que le manque de nourriture ou la diminution de sa qualité pourrait avoir entraîné une diminution de la condition physique des bélugas en mesurant leur tour de taille, qui a diminué depuis les années 2000 », précise-t-il.
Robert Michaud assure qu’agir rapidement est la clé pour stabiliser la population des bélugas du fleuve Saint-Laurent qui y réside à l’année.
« Cette mortalité des femelles pourrait vraiment avoir un impact sur la trajectoire de la population des bélugas, car, depuis 2010, on voit qu’il y a moins de naissances et moins de jeunes qui survivent », fait-il savoir.
Le chercheur affirme que les années 2020 seront « le moment où ça va se jouer », car les mortalités enregistrées depuis les 14 dernières années dégageront une tendance qui jouera sur le long terme.
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