Billet ǀ Les garderies sont pas sur le PowerPoint
Paul Lavoie, directeur de Développement économique Sept-Îles et Denis Miousse, maire de Sept-Îles, lors d'un dîner de la Chambre de commerce de Sept-Îles Uashat mak Mani-utenam.
Le maire Denis Miousse et le directeur de développement économique Sept-Îles ont parlé des enjeux au chapitre des perspectives économiques devant des membres de la Chambre de commerce, la semaine passée. Dans un PowerPoint traitant de la spirale de la dévitalisation, il n’a pas été question du manque de garderie. J’ai perdu le nord.
Le manque de main-d’œuvre et le manque de logements sont les principaux enjeux au développement économique de la région. C’est ce qu’ont expliqué Denis Miousse et Paul Lavoie. C’était dans le cadre d’un dîner sur les perspectives économiques, organisé par la Chambre de commerce Sept-Îles Uashat mak Mani-utenam.
À la période des questions, une femme assise à côté de moi hésite. Elle regarde timidement sa voisine de table, qui l’incite à aller de l’avant et finit par lever sa main : et les garderies ? Des projets ?
La réponse du maire m’a laissé sans mots. « Ça va faire partie de l’étude qu’on est en train de faire avec Développement économique Sept-Îles, pour savoir qu’est-ce qui manque et où ça manque ».
PARDON ?
Le projet du leader de Sept-Îles en matière de garderie, c’est de compter combien ça prend de places ?
M. le maire… lisez-vous votre Journal ? Êtes-vous sur les réseaux sociaux ? Écoutez-vous les nouvelles ? Vous étiez pourtant à la table du conseil belle lurette avant d’être maire. Donc, pas très loin. N’êtes-vous donc pas au courant de ce fléau ?
« Vous savez, à la Ville de Sept-Îles, on est ouvert à l’ouverture de garderies pour aider les travailleurs et travailleuses qui ont besoin de garderies pour prendre soin de leurs bambins », poursuit-il.
JESUS LORD.
Heureusement, une voix s’élève au fond de la salle et réussi à calmer les ardeurs de la post-traumatisée de télétravail avec deux bébés aux couches et de quatre garderies en un an qui bouillonnaient en moi. Celle de Marie Tremblay, de Place aux Jeunes Sept-Rivières. Elle s’occupe aussi de nouveaux arrivants.
« 204. Il manque 204 places en garderie dans Sept-Rivières », dit-elle.
Bon bien, cancellez votre étude M. le maire.
Mesdames, vous qui cherchez désespérément sur les pages Facebook Place en garderie — Sept-Îles, Garderie Côte-Nord, À Sept-Îles, ça prend sa place… comptez les cennes de votre petit cochon, prenez votre mal en patience, parce qu’à ce rythme-là, on n’est pas partie pour la gloire, c’est moi qui vous le dit !
Donnons à César ce qui appartient à César. C’est vrai que la Ville de Sept-Îles est « ouverte » à l’ouverture de garderie. Elle a cédé un terrain pour le déploiement d’un projet d’agrandissement de CPE. C’est super. Mais la Ville doit faire plus. La preuve, ça n’a pas fonctionné. Sous le bon toit a annulé son projet. À mon sens, la Ville doit être leader de changement. Les garderies, ça fait partie de la base de l’économie. Des femmes et des hommes, mais majoritairement des femmes, ne vont pas travailler parce qu’elles n’ont pas de garderies.
Messieurs, je pense qu’on est devant un problème de femmes. Je pense que ça manque de femmes, comme celles qui se sont levées au dîner de la Chambre, autour de la table décisionnelle pour vous le rappeler, alors je me permets de le refaire publiquement. Je dis refaire, parce que, après ce dîner, je me suis dirigée d’un pas ferme vers nos deux interlocuteurs qui se sont rendus disponibles pour me parler. Je l’apprécie d’ailleurs. Ils sont toujours là pour répondre. Denis Miousse et Paul Lavoie ne sont pas du genre à se défiler. Ça, au moins, c’est encourageant.
Mais dans notre échange, j’apprends que les garderies, « ce n’est pas dans le mandat de développement économique », me dit M. Lavoie.
Je me tourne vers Denis Miousse. POURQUOI ?
« Parce qu’à l’époque où on a défini le mandat, les garderies, ce n’était pas un problème. »
Vous avez parlé fièrement d’un comité pour le logement durant votre présentation. Pourquoi pas un comité pour les garderies monsieur le maire ? Et pourquoi les garderies ne sont pas sur votre PowerPoint des enjeux économiques de la spirale de la dévitalisation, M. Lavoie ?
Parce que de notre côté, au Journal, on croule sous les histoires de familles qui quittent la région faute de garderie. On a fait trois pages sur des MÉDECINS qui vont s’en aller, parce qu’ils n’en ont pas. C’est-tu assez important pour figurer sur un PowerPoint ça ?
J’ai adoré une phrase de Paul Lavoie dans sa présentation, quelque chose qui ressemblait à : comment on peut se mettre ensemble pour faire avancer les choses, plutôt que de regarder chacun de notre bord les pertes.
Au Témiscouata, le milieu s’est relevé les manches. Le premier projet de service de garde en milieu communautaire au Québec a vu le jour en 2022, à Saint-Michel-de-Squatec. Un gros 1000 habitants environ, dans ce coin-là. Ça leur a pris, attention : trois mois.
La Municipalité a donné un local de son sous-sol à deux éducatrices. Le Club des 50 ans et plus qui était dans le local n’a pas fait des siennes, s’en est trouvé un autre et a même fait don de ses électroménagers.
Un milieu qui se mobilise. Et voilà, 12 places en plein cœur de la communauté. Comme ça. Même le ministère de la Famille n’en revenait pas. Depuis, les projets de garderie en milieux communautaires font des petits un peu partout en province. Il y en a sur la Côte-Nord. Quatre à Baie-Comeau et un à Aguanish. Marie Tremblay a pris le lead et il y a un projet qui s’en vient à Port-Cartier.
Sept-Îles, qu’est-ce que tu attends ? Mobilise-toi !
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