Près de 80 % des Québécois veulent une loi sur le don d’organes
Un foie est préparé pour le transport après avoir été prélevé sur un donneur d'organes le 15 juin 2023, à Jackson, Tennessee. Photo Mark Humphrey/La Presse Canadienne
Alors que l’Assemblée nationale se penche sur des façons d’améliorer la performance du Québec en matière de don d’organes et de transplantation, un nouveau sondage révèle que près de 80 % des Québécois sont favorables à l’adoption d’une loi pour y arriver.
Selon la directrice générale de Transplant Québec, Martine Bouchard, cela démontre «l’appui significatif de la population québécoise» à l’adoption d’une telle loi et ce résultat fait écho aux besoins sur le terrain.
«Et ça donne aux parlementaires les coudées franches pour poursuivre le travail qui a été amorcé et pour procéder rapidement à l’adoption d’une loi», a déclaré en entrevue Mme Bouchard.
Elle a fait valoir que le Québec est l’une des seules provinces canadiennes qui n’a pas de loi sur le don d’organes et la transplantation.
La directrice a souligné que «si on veut sauver plus de vies», la province doit se doter d’une seule organisation qui chapeaute tout le processus de don d’organes et de tissu. «Et ça passe nécessairement par une loi, dit-elle. On le dit avec beaucoup d’affirmations parce qu’on se compare avec des organisations ou des pays qui l’ont fait et c’est une corrélation directe.»
La directrice de Transplant Québec ne s’est pas prononcée à savoir si l’organisation responsable de toute la chaîne du don d’organes devrait relever de Santé Québec ou être indépendante.
Elle estime qu’en raison de son expertise dans la coordination du don d’organes, Transplant Québec aurait les capacités d’être désigné comme le maître d’œuvre. «Nous sommes un OBNL alors présentement on ne se retrouve pas du tout dans l’organigramme (du ministère), précise Mme Bouchard. Mais on pense que d’avoir un statut où on est en pointillé comme l’INESS et l’INSPQ avec le ministère de la Santé serait favorable.»
Consentement présumé
Québec étudie actuellement le consentement présumé, c’est-à-dire de donner le statut de donneur à un patient décédé, sauf en cas de preuve contraire, plutôt que d’exiger une preuve de consentement.
Lors d’une commission parlementaire en début d’année, les élus ont entendu de nombreux experts se prononcer sur la question. Plusieurs d’entre eux ont averti que le consentement présumé à lui seul ne serait pas garant d’une hausse de nombre de transplantations.
Les résultats du sondage Léger montrent que la population est divisée sur la question alors que 45 % sont favorables à la mise en place du consentement présumé.
Selon Mme Bouchard, il doit y avoir davantage de sensibilisation auprès de la population afin qu’elle comprenne mieux ce qu’implique le consentement présumé, notamment que les gens auront toujours la possibilité de manifester leur refus. «Ce qu’on disait tout au long de la commission parlementaire, c’est qu’il doit y avoir des discussions avec la population et ce sondage vient confirmer qu’il y a encore des discussions à avoir», a-t-elle souligné.
D’autre part, la totalité des experts entendus par les parlementaires en commission a affirmé qu’il était nécessaire de créer une seule plateforme accessible 24h/7 pour consentir au don d’organes ou pour le refuser.
Actuellement, il existe trois façons de faire connaître ses intentions concernant le don d’organes au Québec: au moyen de la carte d’assurance maladie, de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et de la Chambre des notaires.
Les résultats du sondage montrent que 41 % des Québécois souhaitent un guichet unique pour faire connaître leur consentement au don d’organes.
«Je ne suis pas sûr que les gens sont contents avec les options actuelles», estime Mme Bouchard qui mentionne que de s’inscrire au registre de la RAMQ relève d’un parcours du combattant.
Elle avance l’hypothèse que le public ne comprend peut-être pas bien la notion du guichet unique, qui serait un endroit où toute personne peut manifester son consentement ou son refus, ce qui simplifierait la tâche pour les citoyens, mais aussi pour les professionnels qui doivent présentement consulter plusieurs registres pour valider les volontés d’une personne.
Les résultats du sondage montrent également que près d’une personne sur deux (47 %) estime qu’il faut développer plus d’activités d’information, de sensibilisation et de promotion au sujet du don d’organes.
Le sondage de la firme Léger auquel 1000 Québécois ont participé a été commandé par Transplant Québec à la veille de la Semaine nationale du don d’organes et de tissus qui se tiendra du 21 au 27 avril.
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