Des agences de placement moins rigoureuses sur la formation
Le président de l'Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec, Patrice Lapointe, les agences de placement n'envoient pas d'employés non formés dans les établissements de santé, mais il ne peut nier que certaines sont moins rigoureuses. Photo iStock
Le président de l’Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec, Patrice Lapointe, n’est pas du même avis que le Conseil central Côte-Nord – CSN. Selon lui, les agences de placement n’envoient pas d’employés non formés dans les établissements de santé, mais il ne peut nier que certaines sont moins rigoureuses.
« Est-ce qu’il y a des pommes pourries qui se sont infiltrées qui ne sont pas aussi rigoureuses? Malheureusement, je suis obligé de dire oui. Quand on a proposé des solutions pour régler ça, on n’a pas été écouté par le gouvernement. Ce n’est pas la responsabilité des agences ce qui se passe. C’est la responsabilité du gouvernement et on le déplore parce que ça va avoir des conséquences sur la population de la Côte-Nord », commente-t-il au journal Le Manic.
La multiplication des agences depuis la pandémie n’y est pas étrangère. M. Lapointe dévoile qu’elles sont passées d’une trentaine à près de 300 en quatre ans. « Il y a toute sorte de monde qui s’est infiltré dans le domaine d’affaires et qui ne devrait pas avoir de contrats avec le réseau de la santé public », déplore-t-il.
Quand les agences proposent un préposé aux bénéficiaires au réseau public, elles ont « tout un pedigree à remplir », explique M. Lapointe. « On doit présenter l’employé au client, parler de sa formation, de son expérience pertinente récente, une vérification des antécédents judiciaires, etc. » ajoute-t-il.
Les établissements de santé ont la possibilité de refuser un candidat. « Une fois que l’employé arrive sur les lieux, s’il n’est pas compétent, ils peuvent le retourner chez eux sans avoir aucune raison à nous donner s’il ne correspond pas aux exigences du poste. Donc de dire que nos entreprises envoient des gens qui ne sont pas compétents, c’est absolument faux », poursuit le président.
« Les employés qu’on envoie, sauf exception près, sont dans la grande majorité des employés compétents, qui ont des antécédents et des formations qui ont été vérifiés », réitère-t-il.
Changement dans les contrats
De l’avis de Patrice Lapointe, la panique observée chez le syndicat nord-côtier « découle d’abord et avant tout d’un changement qui a été apporté dans les contrats par le gouvernement du Québec ».
« Historiquement, ça fonctionne comme ça depuis des décennies, on peut envoyer des employés qui ont le DEP ou sinon qui ont une combinaison de formations et d’expériences pertinentes. […] Le gouvernement, du jour au lendemain, vient dire que ces gens-là, qui ont une combinaison de formations et d’expériences pertinentes, ne pourront plus être envoyés travailler par des agences de placement », explique-t-il.
La date butoir a été fixée au 21 avril pour la Côte-Nord. Seulement les préposés détenant un diplôme d’études professionnelles pourront exercer dans le réseau public.
Pour illustrer la « mauvaise foi » du ministère, le président de l’Association a fait parvenir au Journal un courriel provenant d’un CISSS.
On y mentionne que le DEP en Assistance à la personne en établissement et à domicile est maintenant obligatoire chez les employés d’agence. « Si vous n’avez pas ce diplôme, vous pouvez être embauché au CISSS afin de continuer à travailler au soutien à domicile », peut-on lire.
« C’est sûr que, du jour au lendemain, on va se retrouver avec des centaines d’employés parfaitement compétents que tout d’un coup, on décide qu’ils ne peuvent plus pratiquer leur travail. C’est un changement de paradigme majeur », se désole le porte-parole qui estime à moins de 50 % la proportion d’employés des agences qui possèdent un DEP.
L’Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec s’est d’ailleurs opposée à ce changement dans les contrats devant les tribunaux.
« On est face à un gouvernement qui est dogmatique dans son approche. Le ministre Dubé a décidé d’en faire un cas personnel, de dire qu’il va débarrasser le réseau de nos entreprises. On répond à un besoin précis dans le réseau de la santé et le réseau a encore besoin de nous. Si vous vous débarrassez de nous, c’est la population qui va en souffrir », conclut Patrice Lapointe.
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