Auteur, compositeur et interprète iconique de la nation innue, Florent Vollant a laissé entre les mains de son comparse André Lachance les textes et la musique de son sixième album, Tshitatau. Ce nouvel album sortira en marge de la Journée nationale des langues autochtones du 31 mars.
Est-ce que Tshitatau est le dernier album pour Florent Vollant ?
« Je ne suis pas encore rendu à me poser la question », a-t-il répondu, lors d’une entrevue dans sa résidence de Maliotenam, aux abords de son Studio Makusham.
C’était toujours le même refrain pour chacun de ses anciens albums, de se dire que c’était le dernier. On est rendu à six.
Alors que son fils Mathieu Mckenzie vient le rejoindre à ce moment de l’entrevue, les deux hommes parlent de la possibilité de s’amuser à créer dans le futur, une chanson par-ci, par-là. De façon ponctuelle, surtout dans le contexte que l’industrie musicale a changé.
Pour ce qui est d’une tournée, c’est fini, pas de spectacle. Florent Vollant fera quelques chansons lors d’événements, ici. Ce sera notamment le cas au Vieux-Quai en Fête avec Maten.
« J’ai voyagé beaucoup. J’ai apprécié le faire. C’est par choix que je voyage moins. Je veux travailler dans mon univers à moi, le studio, un bel endroit. »
Il souligne avoir accompli ce qu’il avait à faire. D’autres sont venus se coller à lui, parlant entre autres des Shauit, Scott Pien Picard, Maten et Ninan.
« Ils ont appris comme moi. »
Le Studio Makusham a aussi accueilli des Marc Déry, Richard Séguin et Zachary Richard.
« On apprend des autres. Il y a une liberté dans le studio qui permet de grandir. »
Fragments de mémoire
Les chansons de Tshitatau (Vous étiez là) sont des fragments de mémoire et d’anecdotes que Florent Vollant racontait à André Lachance, son ami réalisateur.
Ce dernier a proposé des textes, écrits en innu, à partir de mots du dictionnaire.
« C’est fascinant ! Ça m’a surpris que quelqu’un puisse réussir à faire ça. André me connait depuis 25 ans. J’ai été en Suisse, en France, en Belgique avec (…) On a vécu des expériences », a raconté l’artiste innu.
Florent Vollant y a ainsi été d’une manière qu’il ne connaissait pas, habitué à écrire lui-même les textes. « Il était temps de donner de la place à d’autres » a-t-il dit.
Cette grande partie du travail de l’album s’est faite avant l’AVC dont a été victime M. Vollant en 2021.
L’icône du milieu artistique autochtone tenait à finaliser l’album après sa convalescence. « Il fallait que je le fasse. »
En février 2022, André Lachance s’est rendu à Mani-utenam pour retrouver Florent Vollant. Les deux hommes ont repris la création et se sont affairés à l’enregistrement. L’album a été terminé à la fin de 2023, avec le mixage par Toby Gendron.
Il parle de fierté au sujet de Tshitatau, de l’énergie ressentie, même s’il est plus exigeant face au produit livré. « Il y a une forme de liberté qui me fait rester, que j’aime. Je n’ai pas la pression de devoir être numéro un. »
L’album Tshitatau est à propos de ceux qui étaient là, les voisins, la communauté, la Côte-Nord… sans pour autant dire qui.
« On a besoin de tous, même encore aujourd’hui. »
L’album représente aussi la route, d’un endroit à une autre place, mais aussi, de lieux chers à lui, notamment son spot à la plage de Maliotenam.
Tout ça sur des musiques et des rythmes aux sonorités folk qui vont vers le country-rock, le western aux accents bluegrass et même vers le reggae.
L’album Tshitatau est disponible sur les plateformes numériques.
