Sans garderies des médecins menacent de quitter Sept-Îles

Par Marie-Eve Poulin 5:03 AM - 21 mars 2024
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Hôpital Sept-Îles pédiatrie

Le CISSS de la Côte-Nord n’avait pas levé le petit doigt depuis que 11 médecins ont cosigné une lettre, lançant en octobre un cri du cœur à l’établissement, pour demander de l’aide face aux enjeux de manque de places en garderie. Depuis fin février, le Journal questionne le CISSS à ce sujet. Par pur hasard, le 13 mars, le conseil d’administration mentionne l’urgence d’agir et demande une rencontre avec divers acteurs nord-côtiers. 

Dans une lettre transmise à la direction générale de l’Hôpital de Sept-Îles, le 12 octobre dernier, neuf médecins-chefs de départements et deux pédiatres sonnent l’alarme quant aux problèmes occasionnés par les difficultés d’accès aux services de garde. Par le fait même, ils mentionnent leur indignation face à l’absence de proactivité des autorités dans ce domaine. 

Les médecins qui ont multiplié les démarches, afin d’obtenir des places en garderie, ont appris qu’un projet qu’ils qualifient d’« en or » avait été proposé à la direction du CISSS, mais que celui-ci avait été ignoré.

Un projet « clé en main », à même les murs de l’hôpital avec des horaires atypiques, incluant un service de 16 h à minuit. C’est la directrice du CPE Ritourn’ailes de Sept-Îles qui a fait la proposition digne d’un miracle, en octobre 2021. Elle n’a obtenu qu’un accusé de réception. Un mois plus tard, elle a relancé la PDG, mais elle n’avait jamais eu de retour. 

« Cette absence de réaction de la part du CISSS nous est incompréhensible », peut-on lire dans la lettre signée par les médecins.

« À l’heure où il est difficile de recruter du personnel soignant et que les coûts secondaires au recrutement via les agences et le nombre d’interruptions de services explosent, il est vraiment navrant que le CISSS soit passé à côté d’une telle opportunité pour l’Hôpital de Sept-Îles. »

Les médecins sont d’avis qu’une garderie à même l’hôpital aurait pu être un argument de choix, pour le recrutement et la rétention de personnel. 

La pédiatre Nathalie Sirois (qui fait partie des signataires de la lettre) est bien fière d’avoir réussi à recruter deux pédiatres. Toutefois, elle ne comprend pas comment on peut parler d’un projet de garderie dans l’hôpital depuis des années et que rien ne bouge. Elle a multiplié les démarches (appels dans les CPE, appels au directeur des services professionnels, etc.), mais elle risque tout de même de perdre « ses deux perles de pédiatres ». 

« Je ne jette pas la pierre sur l’hôpital, mais quand je me fais dire qu’on a eu une offre alléchante comme ça et qu’on n’a pas daigné répondre », dit Dre Sirois. « Ça m’a scié les jambes. Je n’arrivais pas à le croire. Je me suis demandé si on était les seuls à naviguer contre courant. J’ai trouvé ça décevant. »

Pas de solution

Dans une réponse à cette lettre datée du 27 novembre dernier, la PDG Manon Asselin dit être au fait de la problématique et que des projets de développement de services de garde à l’intérieur des installations ont été explorés, mais qu’ils ne pourront être réalisés.

Pour justifier, elle pointe du doigt un manque d’espace physique dans les installations sur tout le territoire, un manque d’espace pour les employés qui doivent partager leur bureau et une capacité limitée des équipes à actualiser un tel projet versus d’autres.

« Beaucoup de projets sont déjà en cours de réalisation à Sept-Îles et ailleurs sur le territoire, ce qui fait en sorte que nous devons prioriser (par exemple, le GMF [U] de Sept-Îles, l’agrandissement du bloc/urgence, maisons des aînés et alternatives à Baie-Comeau et Havre-Saint-Pierre, agrandissement de la psychiatrie interne, etc.) », peut-on lire dans sa réponse aux médecins. 

Le CISSS de la Côte-Nord n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue avec la PDG Manon Asselin et auprès du Dr Jean-François Labelle, directeur des services professionnels et de l’enseignement universitaire de l’établissement. 

Lentement mais surement

Le 6 mars, le Journal publiait l’histoire d’Anaïs Lanteri, une travailleuse sociale de la France, qui risquait d’annuler son arrivée au CISSS de la Côte-Nord, faute de garderie.

Le 8 mars, la présidente du conseil d’administration du CISSS a rédigé un document soulevant l’urgence d’agir dans divers domaines (main-d’œuvre, garderies, logement, hébergement, aînés).

« Il est impératif qu’une concertation ait lieu rapidement entre les acteurs des diverses missions (politique, santé, éducation, entreprises publiques et privées), afin de trouver des pistes de solution permettant d’améliorer les conditions dans les domaines précédemment nommés », stipule-t-elle dans le document.

Ce projet de résolution a été adopté à la dernière séance publique du conseil d’administration du CISSS, le 13 mars. 

Par ailleurs, le CISSS de la Côte-Nord affirme ne pas avoir de données sur le nombre d’employés n’étant pas retournés au travail après un congé parental. 

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