Radio-Canada Côte-Nord ǀ Le sapin noir
Radio-Canada Côte-Nord à Sept-Îles.
Mi-décembre dernier. Nous sommes peu de temps après le party de Noël de la station septilienne. C’est le choc pour plusieurs employés à leur arrivée au bureau, certains pleurent. Le sapin de Noël a été orné de boules noires. On y a accroché des cartes sur lesquelles on peut lire à l’encre de sharpie noire certaines personnes ont vécu de la violence dans votre milieu de travail. Le rouge utilisé uniquement pour le mot violence, en majuscule, rend le message encore plus troublant.
Ce manque de délicatesse orchestré par des membres du syndicat a valu en janvier le déplacement en personne du président du STTRC, Pierre Tousignant. Il est venu présenter des excuses aux travailleurs de la station nord-côtière.
« On est passé à côté. L’objectif, ce n’était pas de mettre des gens mal à l’aise. On s’est gouré, on n’aurait pas dû faire ça, point à la ligne », a reconnu M. Tousignant, en entrevue avec Le Nord-Côtier.
N’empêche, « cette façon de communiquer » qui, de son propre aveu, « n’était pas la bonne », a marqué plusieurs travailleurs de la société d’État avec qui le Journal s’est entretenu. L’histoire revient dans plusieurs des sept témoignages d’employés et ex-employés s’étant dits absolument heureux au travail.
Depuis 11 ans, Bis Petitpas ouvre le micro à 6 h 10. Elle est à la barre de Bonjour la côte, l’émission matinale de Radio-Canada Côte-Nord. La tête d’affiche de la station ne mâche pas ses mots pour parler de son profond malaise, face aux actions syndicales survenues dans les derniers mois.
Elle est sans équivoque : elle adore son travail, son équipe, « qui lui donne le goût d’être là chaque jour ».
« De voir cette équipe, de collègues de plus longue date, et de nouveaux collègues, syndiqués ou non, ébranlée par les démarches syndicales des derniers mois à la station de Sept-Îles, me brise le cœur », a-t-elle confié au Nord-Côtier.
Comme plusieurs employés, anciens et nouveaux, elle déplore avoir été écarté de la démarche ayant mené au dépôt du rapport faisant état « d’un climat toxique de travail » induit par Josée Chaboillez, la directrice actuelle de la station.
« On a certainement présumé, avec raison, que nous n’avions rien à reprocher à notre patronne. Parce que nous sommes heureux au travail, nous avons d’emblée été discrédités », a-t-elle soulevé.
Comme plusieurs, elle s’inquiète des répercussions de toute cette histoire sur le recrutement de personnel qui est déjà difficile.
Une démarche libre ?
Le syndicat affirme que la démarche est comparable à celle réalisée dans les stations de Québec et Rimouski.
« Tous ceux et celles qui ont accepté de témoigner l’ont fait librement », précise-t-on dans le rapport. De son côté, Pierre Tousignant assure aussi que « ce sont des témoignages qui n’ont pas été sollicités », que ce sont « des gens qui ont librement expliqué » et qu’ils ont eux-mêmes contacté le syndicat.
On a promis l’anonymat aux participants, puisqu’ils auraient parlé de crainte de représailles de la part de la direction. Malgré la vingtaine de témoignages, aucun grief ni aucune plainte officielle n’a été déposé contre la directrice de Radio-Canada Côte-Nord.
« Il n’y a rien qui me permet de mettre en doute la valeur de ce qui est écrit là, pas plus que rien ne permet de mettre en doute la valeur des gens qui disent le contraire », a commenté M. Tousignant. « On est dans une perception des uns et des autres. Des gens ont vécu des choses, d’autres pas. »
Pourtant, plusieurs des employés avec qui nous avons échangé ont soulevé des doutes quant à la démarche dite « libre » du syndicat. C’est le cas d’Audrey Beauchemin, qui travaille à la station depuis 8 ans.
« La démarche syndicale est bâclée, sollicitée et le message était prédéterminé d’avance. Cette démarche n’en était pas une ouverte, sinon, nous aurions tous été mis au courant. »
À savoir si les mesures mises en place par la direction de Radio-Canada depuis le dépôt du rapport à l’automne sont suffisantes, le président répond que « probablement pas », puisque le document a été transmis au Journal.
« Ce n’est pas à moi de décider de la suite des choses, ça appartient à la direction de Radio-Canada. »
Pour sa part, le représentant syndical des employés de Sept-Îles et Baie-Comeau, Benoît Jobin, n’a pas souhaité accorder d’entrevue.
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