Radio-Canada Côte-Nord : un “climat de travail toxique” dénoncé

Par Emy-Jane Déry 5:02 AM - 27 février 2024
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Radio-Canada Côte-Nord, à Sept-Îles.

Une vingtaine d’employés et ex-employés de Radio-Canada Côte-Nord ont témoigné « d’un climat toxique de travail » induit par les comportements de la directrice actuelle, Josée Chaboillez. 

Ces témoignages ont été récoltés dans le cadre d’une démarche du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada (STTRC). Un rapport dont Le Nord-Côtier a obtenu copie a été produit, puis remis à la direction de Radio-Canada, en septembre dernier.

Il concerne les stations de Sept-Îles et Baie-Comeau, qui compte au total 28 employés. Le document résume les témoignages d’employés et d’ex-employés de Radio-Canada Côte-Nord, dont l’identité a été préservée par le syndicat.

Leurs déclarations portent sur des « comportements, propos et attitudes tenus par l’actuelle directrice, Josée Chaboillez ». Les faits rapportés datent de quelques mois à quelques années. 

« Les plaintes à l’égard de la directrice sont nombreuses », peut-on y lire. « Dans les commentaires recueillis et analysés, il est question de menaces, de promesses non tenues, de manipulation, de comportements condescendants, de propos humiliants et infantilisants et de mesures punitives pour ceux et celles qui lui expriment un quelconque désaccord. » 

Les témoignages recueillis par le syndicat mettent en lumière « une gestionnaire dont on se méfie, dont on a peur », indique-t-on. « Une gestionnaire manipulatrice », écrit-on, à un autre moment. 

Le résumé va plus loin, en évoquant même que Mme Chaboillez est soupçonnée dans certains cas « d’avoir nui à la carrière d’employés en refusant de collaborer pour faciliter la transition à un poste de l’extérieur de Sept-Îles ».

Ses « favoris »

Le document note que ce ne sont pas tous les employés de la station qui sont victimes de ces comportements problématiques. 

« Les témoignages montrent que la directrice a ses favoris qu’elle traite autrement », affirme-t-on. 

On évoque les difficultés d’embauche et de rétention du personnel de Radio-Canada Côte-Nord. Les tâches supplémentaires demandées en surplus aux employés restants résulteraient par une « importante fatigue » et « un fort sentiment de frustration ». 

Selon plusieurs des employés ayant témoigné à travers la démarche syndicale « le style de gestion de Josée Chaboillez nuit à la rétention du personnel, nuit à l’attractivité et nuit à la réputation de Radio-Canada Côte-Nord ». 

Le fait de vouloir obtenir des vacances est comparé à une « course à obstacles ponctuée de question sur la vie privée de la personne qui en fait la demande ». 

On reproche à la directrice de ne pas hésiter « à briser des engagements qui ont parfois bouleversés des projets de vacances et souvent généré de la détresse psychologique et de l’anxiété ». 

Puis, être malade revient à « s’exposer à des commentaires sur son hygiène de vie et ses habitudes alimentaires », dit-on. 

Québec, Rimouski, Sept-Îles

L’histoire n’est pas sans rappeler la situation de Radio-Canada Québec, qui avait fait grand bruit en 2021. Le même genre de démarche syndicale avait mené à faire éclater au grand jour une situation de climat toxique qui perdurait depuis des années. Dans les mois suivant la révélation de l’histoire dans les médias, des membres de la direction de la station de la Vieille-Capitale avaient quitté leur poste. Le syndicat a aussi produit un rapport semblable pour la station de Rimouski. 

La directrice de Radio-Canada Côte-Nord, Josée Chaboillez, a décliné notre demande d’entrevue, préférant s’en tenir aux propos de la haute direction.

Questionnée à savoir si des mesures avaient été mises en place à la suite du dépôt du rapport du syndicat et si la situation de Québec n’avait pas mené à des changements dans les façons de faire de la société d’État, la direction de Radio-Canada a répondu au Journal par courriel. 

La Direction des ressources humaines et la Direction de l’Est du Québec de Radio-Canada a confirmé son appui à Mme Chaboillez pour mener à bien différentes initiatives mises en place, précisant « qu’elle reste en poste ». On a également indiqué avoir « rapidement pris acte » et avoir « posé plusieurs gestes ».

Spécifiquement pour la station de Sept-Îles, un accompagnement par des professionnels des ressources humaines a été instauré. « Un soutien constant de la directrice avec les rencontres d’employés », figure parmi les actions posées. Une ressource se rend sur place aux deux semaines.

De manière plus générale, Radio-Canada a récemment implanté différentes mesures visant à améliorer les communications entre le personnel-cadre et les employés. La Côte-Nord n’y fait pas exception : établissement d’un comité de relations de travail et d’un comité de vie au travail, formations obligatoires des employés en respect au travail. 

« Nous comprenons que toutes ces actions ont été reçues favorablement par la direction du STTRC et l’ensemble du personnel », a commenté Marc Pichette, Premier directeur, Enjeux stratégiques CBC/Radio-Canada. 

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