Ce chemin de fer qui a changé la destinée de Sept-Îles

Par Vincent Rioux-Berrouard 5:00 AM - 8 février 2024
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Photo courtoisie

Nous sommes dans les années 40’. Il n’y pas de route 138 pour se rendre à Sept-Îles. On prend le bateau ou l’avion. Dans la baie, des pêcheurs se démènent. Ils sont essentiellement ce qui forme l’économie du territoire qui est plutôt hostile et isolé. Puis, lors d’une réunion dans une cabane à bois à Burnt Creek (à proximité de Schefferville), la destinée de Sept-Îles va changer. Un groupe d’hommes d’affaires canadiens et américains décident d’exploiter le minerai de fer qui s’y trouve et de former l’Iron Ore Company.

Il y a 70 ans, le 13 février 1954 plus précisément, était planté le clou d’or de la voie ferrée reliant le port de Sept-Îles à la ville de Schefferville. Ainsi, on officialisait la fin de la construction de cette voie ferrée d’environ 500 kilomètres, qui allait changer à tout jamais le portrait des fondements de l’économie nord-côtière. 

Ghislain Lévesque, ancien maire de Sept-Îles et ancien administrateur de la Ville de Schefferville, affirme que cette époque correspond aux premiers balbutiements de ce que l’on est aujourd’hui : une ville où l’industrie minière prend une grande importance.

« De ce côté de la baie à Sept-Îles, c’était la pêche qui dominait avant », dit-il. « Il faut aussi se rappeler qu’en 1954, Sept-Îles était isolée. Le seul moyen d’arriver ici était par avion ou par bateau », ajoute-t-il, pour démontrer les défis d’un tel projet.

C’est en 1947 qu’un consortium décide d’exploiter le minerai de fer présent à Schefferville.

Qualifié comme étant le « projet de construction de chemin de fer le plus important que ce continent ait vu en près d’un demi siècle », la voie ferrée entre Sept-Îles et ce qui allait devenir Schefferville ne serait pas mince affaire. Elle devait être construite dans un climat difficile, sur un terrain difficile, dans une région à peine développée. Les travailleurs ont été confrontés au froid en hiver et aux moustiques en été.

À l’hiver 1951 commence la pose des rails. De nombreux défis comme la construction d’un tunnel de 2 250 pieds ou d’un pont de 700 pieds de long pour 155 pieds de haut, se sont imposés dès le début du chantier.

Afin d’acheminer tout le matériel, mais aussi, les milliers d’hommes pour la construction de cet immense projet, un pont aérien fut nécessaire. Une compagnie aérienne a été créée spécialement pour répondre au besoin : la Hollinger Ungava Transport Limited (HUT). De 1948 à la fin de 1954, la HUT a effectué 24 077 voyages, enregistré 55 204 heures de vol et transporté 169 603 passagers et 163 millions de livres de marchandises.

Au même moment que se déroulait la construction de la voie ferrée, la Ville de Schefferville commençait à prendre forme avec l’apparition des premières résidences, en 1953. Toujours durant cette époque, Sept-Îles subit des changements importants avec la construction d’un port de mer internationale pour accueillir les minéraliers.

* Sources : l’Héritage de Caïn : Histoire de la compagnie minière IOC, écrit par Richard Geren et Blake McCullogh

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