H2 Green Steel: Sept-Îles est « le plan A »
Sur la photo, le site de H2 Green Steel à Boden, en Suède. Courtoisie
Si le Texas est également en lice pour la construction du premier projet d’H2 Green Steel en Amérique du Nord, le secteur industriel de Pointe-Noire à Sept-Îles est le premier choix de son porteur de ballon, Patrick Tobin. La question de l’approvisionnement en énergie du futur complexe demeure épineuse, raison pour laquelle le concept est désormais présenté en phases, dont la première pourrait être opérationnelle dès 2029.
Le chef de projet Patrick Tobin voit Shipekun (« vert » en innu-aimun), le nom donné au complexe de transformation d’acier que H2 Green Steel souhaite implanter à Sept-Îles, comme un emballant point d’orgue sur sa carrière fructueuse.
« J’en ai fait d’autres un peu partout dans le monde, des projets, mais j’ai rarement vu un tel engouement sur le terrain autant de la société civile que des Premières Nations, en l’occurrence la communauté d’Uashat mak Mani-Utenam », indique M. Tobin.
Les relations sont « très transparentes » avec l’équipe du chef Mike Mackenzie, insiste-t-il, et les Innus ne seront pas de simples spectateurs.
« On regarde à ce que les Innus, à même leurs propres fonds, soit dans l’équité du projet. Ils seraient assis à la table du conseil avec moi. Et c’est du jamais vu au Canada. Ce n’est pas juste une question de trouver le nom (voir encadré) parce que c’est cute ! Ils souhaitent jouer un rôle et notre PDG a absolument ouvert la porte », commente Patrick Tobin.
Les sociétés innues qui pourront fournir bien et services seront bienvenues à soumissionner, lors des différents appels d’offres. Le coût du projet est évalué à 5 milliards $.
Une réforme vue d’un bon œil
La réforme sur la loi de l’énergie, qui légaliserait la vente directe d’électricité entre entreprises privées, permettrait de répondre en partie aux besoins de H2 Green Steel à Sept-Îles.
« On en a besoin, de cette réforme. Ça va être un complément au bloc d’énergie d’Hydro-Québec. On sait très bien qu’on ne va pas recevoir tout ce dont on a besoin par Hydro-Québec. On parle avec les Innus et un développeur, dont on ne donnera pas le nom, pour acheter de l’énergie éolienne et ça avance très bien », indique, un peu évasif, Patrick Tobin.
Innergex, qui vient d’obtenir le go pour le projet de Parc éolien Manicouagan de 300 MW sur la Côte-Nord, pourrait bien être ce « partenaire mystère ».
À terme, le projet nécessitera 2400 MW. « C’est gigantesque, même pour moi qui suis dans ce monde-là. C’est pour cette raison qu’on a choisi de développer le projet en phase », explique Patrick Tobin.
La première phase, soit la mise en place de l’usine de fabrication d’hydrogène vert et de fer vert réduit, est prévue en 2029 et nécessitera 1100 MW pour produire 100 000 tonnes d’hydrogène par an et 2,1 millions de tonnes de fer vert réduit. « Cette phase permet de réduire de 75 % les émissions de CO2 par rapport au fer produit aujourd’hui », précise le chef de projet.
La seconde phase, prévue en 2032 ou en 2033, est celle de la mise en place graduelle de l’aciérie, qui utilisera ce même fer, afin de fabriquer un acier vert. Cet acier aura une empreinte carbone réduite de 95 %. « La taille et la mise en service de cette aciérie dépendront de la disponibilité d’énergie renouvelable nécessaire, de sources hydroélectriques ainsi qu’éoliennes, et pourraient nécessiter entre 600 et 1300 MW additionnels », ajoute M. Tobin. Cette seconde phase pourrait être divisée en 2.
« Si on a la totale en 2032, on va le faire au complet, mais on ne veut pas être trop gourmand et fragiliser le réseau d’Hydro-Québec », renchérit Patrick Tobin.
Partir la machine en 2029
Jusqu’ici, le projet avance rondement. « Comme tous les autres, on a pris notre numéro chez le boucher et on attend notre tour », lance en riant Patrick Tobin.
La prochaine tranche d’attribution de blocs énergétiques est prévue au printemps. « Et on ne sera pas dedans. C’est la dernière des tranches jusqu’à 2028. Nous, on commence en 2029. On va être dans la nouvelle énergie qu’Hydro-Québec va obtenir, notamment avec l’éolien et l’amélioration du rendement des centrales existantes », explique-t-il.
Ces blocs énergétiques devraient être annoncés à la fin de 2024. Et Patrick Tobin espère que H2 Green Steel sera sur les rangs.
« Dans le meilleur des mondes, on démarre en 2029. Si les blocs sont confirmés fin 2024, je peux commencer à construire. En 2029, je suis prêt à peser sur le bouton vert et c’est parti ! », résume le chef de projet.
1200 travailleurs seront nécessaires dans la phase « construction » du projet. 500 personnes y dénicheront un emploi permanent par la suite. Ces chiffres peuvent sembler vertigineux, en période de pénurie de main-d’œuvre, mais H2 Green Steel n’y voit rien d’insurmontable.
« Oui, ça va prendre du logement, de la formation, des jeunes qui veulent rester à Sept-Îles, à Port-Cartier, à Uashat et Mani-utenam, mais une des premières choses qui m’a marqué quand on a commencé à travailler ici, c’est que les gens ne veulent pas aller ailleurs. Ils sont tous prêts à être le moteur du projet », relate Patrick Tobin.
Et cette force vive sera essentielle. « Moi, j’ai de l’argent, mais j’ai juste deux bras. Et là, j’ai des milliers de bras à Sept-Îles qui m’attendent. Si on apporte les capitaux, eux vont apporter l’énergie humaine. Sans énergie humaine, on n’a pas de projet ! »
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