Port-Cartier ǀ Quand la dignité en prend un coup

Par Marie-Eve Poulin 5:05 AM - 30 janvier 2024
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Le 24 janvier, les travaux de construction d’une salle de bain étaient en cours chez Rodrigue Dufour. Photo Vincent Berrouard

Composant avec une mobilité réduite, Rodrigue Dufour cherchait un entrepreneur depuis plus d’un an pour adapter sa maison et n’en pouvait plus de voir sa femme souffrir. Après de longues et épuisantes démarches infructueuses, à bout de souffle, il a fait appel au maire de Port-Cartier. 

Rodrigue Dufour et son épouse sont un couple d’aînés à mobilité réduite. Monsieur Dufour a des problèmes d’équilibre, en raison de la maladie de Ménière (une affectation de l’oreille qui entraîne entre autres des vertiges, des nausées et une perte d’audition) et peine à embarquer dans la baignoire trop haute.

Sa femme, qui a une cirrhose du foie, est appelée à aller aux toilettes très fréquemment et l’escalier pour se rendre à l’étage ne lui facilite pas la vie.

Ils ont dû se « battre » pour obtenir une toilette portative à placer au rez-de-chaussée. Comme aucune pièce n’était prévue pour accueillir cette installation, la dame n’avait aucune intimité, puisque le cabinet d’aisances était placé dans un coin de la cuisine. 

Plus le temps passait, plus leur dignité et leur moral en prenaient un coup. Souiller leurs vêtements, ou avoir de la difficulté à effectuer leurs soins d’hygiène faute d’adaptations nécessaires à leurs besoins n’était pas facile à vivre physiquement et psychologiquement. « Il faut avoir du courage pour traverser tout ça », souffle Rodrigue Dufour.

Appel à l’aide

À un certain moment, M. Dufour n’en pouvait plus d’obtenir des refus et de voir sa femme souffrir. « Ça n’a aucun sens. Ma femme en pleurait ! », raconte-t-il, encore en colère contre le système.  

Il rapporte avoir fait toutes les démarches possibles pour tenter d’améliorer leur qualité de vie, notamment en frappant aux portes des ministres face aux refus des entrepreneurs. Malgré ses troubles d’équilibre, qui limitent parfois ses déplacements, et le découragement de plus en plus difficile à porter, il dit avoir rencontré personnellement la ministre Champagne Jourdain, contacté par courriel le premier ministre Legault, téléphoné à la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, etc. 

« J’en ai bavé tout un coup pour me débrouiller pour avoir de l’aide avec ce programme », dit-il. 

Rodrigue Dufour a fait une dernière tentative, qui cette fois, s’est avérée positive. Il est allé voir le maire de Port-Cartier, Alain Thibault. Celui-ci, touché par la situation du couple, a immédiatement lancé un appel à l’aide via sa page Facebook, qui a été partagée plus de 900 fois.

L’appel a aussitôt été entendu par les divers entrepreneurs de Sept-Îles et Port-Cartier, qui se sont manifestés en grand nombre. À peine quatre jours après la publication du maire, deux entrepreneurs avaient débuté les travaux qui avançaient bon train, au moment de mettre sous presse. 

« C’est le seul qui a pu me donner un coup de main et m’aider. Si ça n’avait pas été de lui, on serait probablement encore en train d’attendre », dit M. Dufour. « Je ne le remercierai jamais assez. »

Le maire compte faire les démarches nécessaires pour que les personnes admissibles au Programme d’adaptation à domicile (PAD) ne vivent pas une situation similaire. Que ce soit pour les délais ou la complexité des démarches, il veut faire changer les choses. 

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