Pandémie ou non, plusieurs personnes, majoritairement des aînés, se retrouveront de nouveau seules cette année pour le temps des Fêtes, et cet isolement peut peser encore plus lourd durant cette période associée aux réjouissances.
L’enjeu concernant l’isolement à Noël a été largement diffusé au cours des dernières années, les restrictions sanitaires imposées par le gouvernement obligeant les Québécois à rester dans leur «bulle familiale».
Même si la situation épidémiologique permet de se réunir en 2023, beaucoup de gens passeront un temps des Fêtes en solitaire.
Selon l’organisme Les Petits Frères, qui lutte contre l’isolement des personnes aînées, au Québec, chez les 65 ans et plus, une personne sur cinq risque de souffrir d’isolement et ne peut compter sur aucun proche pour l’aider.
«C’est beaucoup, commente Catherine Harel Bourdon, présidente-directrice générale des Petits Frères. Parfois les gens n’ont pas eu d’enfant, ou leurs enfants vivent très loin, ou il y a eu des conflits familiaux, et ils n’ont pas nécessairement de conjoint ou conjointe.»
De plus, lorsque les aînés atteignent un âge très avancé, leurs amis ont souvent trépassé et ils se retrouvent ainsi isolés.
La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier confirme que l’isolement peut avoir un impact sur le bien-être d’une personne. Chez certains, cela peut se manifester par des symptômes anxieux ou de dépression.
Elle souligne toutefois que certaines personnes peuvent très bien vivre la solitude et que tout le monde a besoin d’avoir des moments solitaires à l’occasion.
«Quand on parle d’isolement, on est dans le fait qu’on aimerait pouvoir être un peu plus entouré ou avoir des conversations, explique la psychologue. Quand on est isolé, pour différentes raisons, on n’a pas cette capacité-là ou il y a un contexte de vie qui fait en sorte qu’on ne peut pas être entouré.»
Mme Beaulieu-Pelletier affirme que le temps des Fêtes peut alourdir les effets négatifs de l’isolement. «En période de festivités comme le temps des Fêtes, c’est très particulier parce que c’est comme si en plus du fait qu’on ressent l’isolement, c’est un temps de l’année où normalement on met de l’avant le fait qu’on va se voir», souligne-t-elle.
Mme Beaulieu-Pelletier, qui est également professeure associée à l’UQAM, précise que l’aspect collectif, de partage et de générosité est mis de l’avant culturellement, par exemple dans les films. Ce sont les valeurs qui sont véhiculées à ce moment de l’année.
«Si je me retrouve isolé, il y a plus de probabilités que je souffre de cet isolement parce que je me compare, parce qu’il y a ces attentes (selon lesquelles) je devrais en ce moment être entouré et je ne le suis pas», explique Mme Beaulieu-Pelletier.
L’hiver, un facteur d’isolement
Le froid climat de l’hiver rend plus difficile de briser l’isolement. L’été par exemple, même si une personne a peu de gens dans son entourage à qui parler, elle peut se rendre dans un parc et avoir des interactions ne serait-ce que non verbales comme recevoir un sourire.
Mme Beaulieu-Pelletier ajoute que la dépression saisonnière, la baisse de luminosité et le manque de sommeil peuvent aussi «venir jouer sur l’énergie de vouloir briser l’isolement».
Elle suggère d’être attentive à nos proches susceptibles d’être seuls à Noël et de demander comment ils comptent passer leur temps des Fêtes. Il est important d’écouter la personne et d’être disponible pour elle, même si cela implique seulement un bref appel téléphonique. De petits gestes peuvent faire une grande différence dans la vie de quelqu’un, indique Mme Beaulieu-Pelletier.
L’organisme Les Petits Frères travaille auprès des aînés de 75 ans et plus pour briser l’isolement. Un souper de Noël est planifié entre les bénévoles et les personnes âgées qu’ils accompagnent, mais tout au long de l’année, chaque mois, ils font aussi des visites et des appels téléphoniques.
«C’est un peu nos yeux et nos oreilles, une vigie pour s’assurer qu’ils vont bien, qu’ils ne sont pas trop seuls. On leur fait plaisir à différentes occasions: à leur anniversaire, à Pâques, à Noël, mais on garde un lien tout au long de l’année», mentionne Mme Harel Bourdon.
«On est vraiment leur lien affectif, on sait que ça a un impact sur leur santé mentale et leur santé en général de savoir qu’ils comptent pour quelqu’un et que quelqu’un se préoccupe d’eux», poursuit la PDG.
Elle indique par ailleurs qu’il est difficile pour une personne seule de l’admettre et d’aller chercher de l’aide. Environ 15 % des aînés téléphonent d’eux-mêmes à l’organisme, les autres sont souvent référés par des travailleurs sociaux.
Mme Beaulieu-Pelletier soutient aussi qu’une certaine honte peut être rattachée à la solitude. «C’est un peu tabou la solitude quand même, dit-elle. C’est difficile de dire: ”je suis seule et j’ai besoin d’affection ou j’ai besoin d’un contact avec quelqu’un”».
C’est pourquoi il est d’autant plus important d’être attentif à nos proches et d’aller vers eux.
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