Les impacts des commotions cérébrales

Par Sylvain Turcotte 12:00 PM - 11 octobre 2023
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Photo courtoisie

Dre Marie-Claude Roberge de Traumas Côte-Nord  

Les commotions cérébrales sont toujours aussi présentes dans les sports de contact. Il ne faut pas en minimiser les conséquences. Elles peuvent découler en problèmes de santé mentale. C’est ce qu’a fait savoir Dr Marie-Claude Roberge, neuropsychologue pour Traumas Côte-Nord, interrogée en regard de la Semaine de sensibilisation aux commotions cérébrales qui se tenait du 24 au 30 septembre.

Selon les données de 2019, on parlait de 200 000 commotions cérébrales chaque année au Canada.  

« Les commotions cérébrales sont plus fréquentes qu’on le pense et bien qu’aucune étude ne permette de déterminer le nombre exact de blessés, la communauté scientifique et clinique qualifie la situation d’épidémie silencieuse », a mentionné Dre Roberge.

Elle estime que 20 à 40 % des athlètes vont subir, par année, une commotion cérébrale. Parmi les sports de contact à risques : hockey, football, ringuette, soccer. 

Bon nombre de personnes cachent le fait qu’il a subi une commotion, se rendant plus à risque d’être blessé à nouveau.  

Ce qui devient problématique, c’est que 20 % des sportifs qui ont subi une commotion cérébrale « vont ressentir des symptômes qui vont persister au-delà de la période de récupération normale, soit deux à trois semaines après l’incident. Ils vont être plus à risque de développer ce qu’on appelle un syndrome post-commotionnel. »

Cesdits athlètes ont généralement cumulé un certain nombre de chocs à la tête, souvent sur une courte période, fait savoir la neuropsychologue, indiquant que les commotions ne s’annulent pas.

Les conséquences à long terme peuvent être graves si la personne encaisse deux commotions dans un court laps de temps. La docteure évoque la paralysie, des handicaps physiques, et même la mort. « C’est souvent ce qu’on appelle le syndrome du double impact. »

Santé mentale 

Dr Marie-Claude Roberge souligne que la moitié de ces athlètes de haut niveau seront confrontés à un certain type de problèmes de santé mentale, au cours de leur carrière, parlant de critères d’anxiété clinique et de dépression. 

« L’anxiété qui est présente avant un coup à la tête, une commotion cérébrale, va beaucoup influencer la présentation des symptômes après la commotion et ils (athlètes) sont plus à risque de développer un syndrome post-commotionnel. »

Selon d’autres données, les enfants et les adolescents de 5 à 18 ans vont présenter un risque accru de 40 % de développer des problèmes de santé mentale, après avoir subi une commotion cérébrale. 

« C’est quelque chose qu’on ne parle pas beaucoup, mais qu’on parle de plus en plus. C’est important d’avoir des protocoles de gestion des commotions cérébrales. »

Protocole

Dre Roberge rappelle l’importance de retirer un jeune de sa pratique sportive dès qu’il y a un impact à la tête et de déterminer s’il y a présence de signaux d’alerte ou de symptômes, permettant ainsi de savoir ce qui devra être fait. 

Parmi ces signaux, on retrouve la perte ou la détérioration d’état de conscience, la confusion, des vomissements à répétition, des convulsions, des maux de tête et de la difficulté à marcher. Sans symptômes, il est recommandé une période d’observation de 48 heures. Peu importe les situations, un suivi médical est demandé. 

Par la suite, il sera déterminé un protocole de retour progressif aux activités intellectuelles physiques et sportives. 

« On ne reprend jamais le sport d’équipe ou de compétition ou de contact avant qu’on soit retourné à temps plein sans séquelles intellectuelles, comme l’école ou le travail », a soutenu Marie-Claude Roberge. Elle mentionne que les services en neuropsychologie sont importants. 

« On peut aussi avoir ce qu’on appelle un trouble neurocognitif léger, avec des changements de la personnalité, des changements émotifs, et ça perdure souvent. »

Dre Roberge insiste sur le fait qu’il est important de ne jamais minimiser les séquelles possibles d’une commotion cérébrale. Elle mentionne que les parents, les entraîneurs et les athlètes prennent davantage conscience des impacts. « C’est de plus en plus vulgarisé. On fait plus de recherches, mais il y en a encore qui ne vont pas appliquer les protocoles et il faut faire attention, car les jeunes vont souvent ne pas le dire. Mieux vaut avoir 48 heures de perte de ta vie que deux mois, trois mois, deux ans ou tout le reste de la vie. »

Il est possible d’en savoir plus sur les protocoles pour les commotions cérébrales via le aqnp.ca ou via le www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante, également par le biais de Traumas Côte-Nord (www.traumascotenord.ca) et la Dre Marie-Claude Roberge. 

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