Coyotes à Port-Cartier : pas de nouvelles, bonnes nouvelles

Par Emy-Jane Déry 2:35 PM - 6 septembre 2023
Temps de lecture :

Photo iStock

La Ville de Port-Cartier n’entend pas prendre de mesures pour agir face à la présence de coyotes signalée par plus d’une trentaine de citoyens au début du mois d’août. Elle estime que la situation semble s’être résorbée. 

Michel Galvao a appelé la police et la Faune le 16 août. Un coyote chassait un chat domestique réfugié en haut d’un poteau électrique, dans sa cour arrière. 

Depuis, l’homme et sa conjointe, qui ont eu toute une frousse, n’ont jamais eu de nouvelle sur la situation. 

« Ma femme a peur d’aller prendre sa marche dans le bois. Est-ce qu’ils l’ont attrapé ? Est-ce qu’ils font quelque chose ? Pourquoi le maire ne prend pas parole ? », questionne le résident de la rue Maisonneuve. 

Des Portcartois inquiets comme M. Galvao, il y en a eu. Début août, plus de 35 avaient déjà contacté la municipalité pour signaler la présence de coyotes, selon l’Association des trappeurs de Sept-Rivières.

Cette dernière a été contactée par la Ville de Port-Cartier durant la même période. On lui réclamait d’agir pour gérer la problématique. 

« Nous ne sommes pas des tueurs d’animaux, nous sommes des gestionnaires de territoire », nuance le président de l’Association, Marc Poliquin. 

L’Association des trappeurs est composée d’une soixantaine de membres. Ce sont des passionnés de trappage qui se partagent le territoire, durant la saison qui va d’octobre à mars. 

Il y a des coûts reliés à ce loisir, pouvant varier entre 1000 $ et 3000 $ par année. Il faut payer des droits d’accès au territoire, faire des formations, s’acheter du matériel adéquat, se déplacer, etc. 

« On est prêts à aider, mais il faut que ce soit organisé », affirme M. Poliquin.

Essentiellement, c’est ce qu’il dit avoir répondu à la Ville de Port-Cartier, lorsqu’elle a sollicité l’Association pour collaborer à régler son problème de coyotes. Depuis, silence radio. Les gestionnaires de la Ville n’ont pas recontacté l’Association. 

« Il faut uniformiser la procédure de déprédation. Ce n’est pas la responsabilité de bénévoles. Ils sont là pour aider », clame M. Poliquin. 

Procédures

Ne part pas trapper le coyote qui veut, surtout pas hors saison de trappe. Il faut un permis spécial appelé SEG délivré par le Ministère de la Faune, « pour la capture d’animaux sauvages à des fins scientifiques, éducatives ou de gestion de la faune ».

Il faut des assurances et surtout, de l’information sur la zone où pourrait se trouver l’animal. Encore une fois, tout ceci à un coût. Rappelons que l’Association des trappeurs est une organisation de bénévoles. 

Cet été, dans le parc national de la Gaspésie, des randonneurs ont été mordus par des coyotes. Le parc a fait appel à une association de trappeurs locale pour intervenir. Des événements de morsures sont aussi survenus dans la région de Lanaudière, où des trappeurs ont été payés 350 $ par jour, selon un contrat conclu avec le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). 

Pas de captures

Du côté du Ministère, on dit que la « majorité » des signalements faits à Port-Cartier ont été couverts par les agents de protection de la faune, mais qu’aucun coyote n’a été capturé. 

« À partir des signalements reçus, les agents de protection de la faune procèdent à des patrouilles dans les secteurs visés », a expliqué par courriel, Josée Guimond, relationniste de presse et conseillère en communication au MELCCFP. « Les agents ont pu apercevoir les coyotes à quelques reprises et ceux-ci ne représentaient pas un danger pour la population », poursuit-elle. 

La Protection de la faune affirme aussi avoir communiqué avec la Ville de Port-Cartier pour « expliquer la marche à suivre pour l’obtention d’un permis SEG ». 

« En ayant ce permis et en fonction du risque, la Municipalité pourrait, au besoin, engager un trappeur afin qu’il puisse procéder à la capture des coyotes », souligne Mme Guimond. 

Le Ministère précise que « la gestion est de la responsabilité de la municipalité ». Le Ministère ne fait que délivrer le permis demandé.

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles

Le maire de Port-Cartier confirme que la municipalité n’a pas fait de demande pour un permis SEG, qui permettrait à des trappeurs de prendre action. 

« Ça fait deux semaines que nous n’avons reçu aucun signalement de présence de loup ou de la disparition d’animaux de compagnie », a expliqué Alain Thibault, qui à l’heure actuelle, ne voit pas « la pertinence » de passer à l’action. 

« Hier [mardi], j’ai discuté avec un ancien technicien de la faune retraité, j’imagine qu’il connaît ça pas mal. Lui m’a confirmé que ce n’est pas un coyote, c’est un jeune loup », a-t-il dit. « Pourquoi ce jeune loup est venu errer dans la ville à plusieurs occasions, ça, c’est une autre histoire », a poursuivi le maire. 

Pour ce qui est d’avoir recours aux trappeurs, il souligne qu’il y a toujours un risque que des animaux de compagnie soient pris accidentellement dans les pièges. 

« Les citoyens peuvent être assurés que si jamais il y a d’autres signalements qui s’avèrent crédibles, à ce moment-là, on va prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des citoyens. » 

La Ville de Port-Cartier a publié un avis concernant la présence de coyotes sur son territoire le 8 août, sur sa page Facebook. Depuis, elle n’a pas émis d’autres communications sur le sujet. 

« On n’a pas fait de suivi, parce qu’on n’a pas eu d’autres signalements », a fait valoir Nicolas Mayrand, directeur général. 

« C’est sûr qu’on était dans l’inconnu, par contre, là, nous avons les coordonnées des gens à rejoindre, on sait c’est quoi la procédure. Si jamais la situation se reproduit, on va être un peu plus vite sur la gâchette et faire ce qu’il faut pour assurer la sécurité des citoyens », a conclu le maire, Alain Thibault. 

Partager cet article