Chers parents, cette année, on s’occupe des effets scolaires pour 50$

Par Sylvie Roussy 8:00 AM - 5 août 2023
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Qu’en pensez-vous? Cela ne ferait-il pas votre bonheur? Sans doute pas celui des marchands dont le chiffre d’affaires des mois de août et septembre augmente avec la rentrée des classes et ses achats annuels.

J’ai enseigné longtemps au secondaire, un peu partout en province, de Lourdes-de-Blanc-Sablon à Terrebonne en passant par Papineauville et Sept-Îles. Partout, les fins d’années comportaient la session de production des listes à commander pour l’année suivante.

Selon les écoles, les listes étaient scrutées à la loupe avant d’être traitées ou simplement envoyées aux diverses destinations requises. Selon les écoles, les collègues se consultaient ou non. À vrai dire, nous n’avions que peu d’indications sur ce que l’un et l’autre commandaient pour ses classes de l’année suivante. Parfois même, nous commandions pour une autre personne qui y enseignerait l’année suivante.

Entre nous, certains détestent utiliser des cahiers d’apprentissage, alors que d’autres ne jurent que par ces derniers. C’est une décision délicate justifiée par un ensemble de facteurs : nombre de sujets enseignés dans une même année, confort dans l’enseignement d’une matière, besoin de balises édictées par une tierce partie, etc.

Et j’ai aussi eu une enfant qui a fréquenté les écoles primaires et secondaires de l’Outaouais, de Montréal et de Sept-Iles. D’année en année, le montant inscrit sur les deux factures des parents montait en flèche. Une facture dont le montant était fixe pour tous – les cahiers d’activités-, et une facture liée aux achats à faire par les parents – allant des souliers de course, aux crayons, en passant par les cahiers et sacs à dos.

Cette facture peut passer du simple au triple, selon les bons désirs des enfants et les décisions des parents. Ces achats sont souvent une corvée pour les parents, voire une source de stress important. Pour les enfants, c’est un moment de joie, parfois d’intenses déceptions. Attendez encore quelques semaines et vous entendrez des parents et des animateurs radio et télé s’affoler des factures de frais facturés aux parents.

D’année en année, les conseils d’établissement, les directions d’école et les comités d’enseignants ont réfléchi à ce qui est devenu un problème pour plusieurs. Toutefois, bien des idées intéressantes ont émergé de ces réflexions. Pourquoi ne pas s’en inspirer? Par exemple :

–               L’école achète le matériel périssable pour les élèves. Les crayons, les cahiers, les duo-tang, les feuilles mobiles, les cartables, les calculettes… En achetant en gros, on profite de rabais important, on se procure ce qui n’est qu’absolument nécessaire, on récupère ce qui n’a pas été utilisé pour l’année suivante. Cette façon de faire existe et fonctionne très bien.

–               L’école, les parents et les élèves réutilisent le matériel d’année en année : les coffres à crayons, les crayons de couleurs, les stylos, les cartables, les duo-tang en bon état, les effaces, les ciseaux, etc.

–               Les souliers de gymnase servent également de souliers d’intérieur. Nul besoin d’avoir deux paires de chaussures.

–               Les cahiers d’activités pourraient aussi devenir une production des commissions scolaires et du ministère de l’Éducation comme c’est le cas en Ontario et au Nunavik. 

On parle beaucoup de la Finlande comme modèle de démocratie scolaire et de réussite du plus grand nombre : Ils arrivent bons premiers aux tests PISA et tout est gratuit, y compris les dîners et les effets scolaires. Même le transport scolaire est remboursé pour les élèves demeurant à plus de 5 kilomètres de l’école.

Plus près de nous, le conseil des écoles catholiques de l’Ontario n’exige plus aucuns frais pour les cahiers d’activités au primaire. Ce serait déjà un pas dans la bonne direction si le ministère de l’Éducation du Québec allouait une somme pour ces derniers.

Enfin, à chaque année, nous récupérons plusieurs effets scolaires et personnels laissés à l’abandon dans les écoles : bouteilles d’eau réutilisables, chaussures, vêtements, effets scolaires, livres, parapluies, sacs d’école, casquettes, casques de vélo, etc. Et bien que les services de garde et les écoles fassent l’impossible pour trouver leurs propriétaires, ce matériel finit régulièrement ses jours en forme de dons aux plus démunis. Ce gaspillage est inexcusable. Parents et élèves doivent être plus vigilants pour l’éviter.

Mon opinion vaut ce qu’elle vaut, mais je crois que nous pouvons faire que les rentrées scolaires ne soient plus un signe de stress pour les familles et de discrimination entre les élèves. La gratuité scolaire passe par une refonte de ce qui est réellement nécessaire.

Voilà pourquoi nous devrions décharger les parents de ce fardeau financier important. C’est cependant l’affaire de tous, en évitant le gaspillage, en réutilisant le matériel d’une année à l’autre, en créant de nouvelles pratiques dans les milieux scolaires et en priorisant le nécessaire de l’accessoire. 

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