Chiens au Vieux-Quai : un pas en avant, un pas en arrière

Par Stéfan Marchand 6:00 AM - 22 juillet 2023
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La Ville de Sept-Îles a adopté un nouveau règlement qui permet aux chiens, depuis le 19 juillet, d’accompagner leurs humains sur la promenade. Quelle bonne idée ! Malheureusement, elle a joint à ce pas en avant, un pas en arrière : l’obligation pour nos toutous de porter la muselière.

Avant de me lancer des tomates, sachez que j’approuve pleinement les mesures qui visent à protéger les humains des morsures de chiens. Ce que je n’approuve pas, ce sont les mesures qui protègent les humains au détriment du bien-être des chiens. Parce qu’il y a moyen de concilier bien-être canin et sécurité humaine. 

Donner l’accès à la promenade aux toutous demeure un beau geste, un souci évident de répondre aux souhaits des gardiens. Et si la muselière, bien ajustée, est un excellent outil pour prévenir les morsures, elle est aussi un risque important d’ajouter à l’inconfort des chiens.

Normalement, elle est un outil utilisé occasionnellement par les éducateurs canins pour assurer la sécurité des gens et des autres chiens, lors de l’application d’un protocole de désensibilisation. La très grande majorité des morsures sont causées par la peur ressentie par Fido. Alors qu’une infime minorité des morsures sont en lien avec l’instinct de prédation encore présent dans la génétique de certains de nos toutous.

La logique voudrait donc que nous nous préoccupions du confort de nos chiens en tous lieux et toutes circonstances, au lieu de leur imposer une muselière. 

Je ne pense pas me tromper en affirmant qu’au moins 90 % des gens qui initient leur chien à la muselière le font beaucoup trop rapidement et de la mauvaise façon. On devrait présenter d’abord la muselière au sol, quelques gâteries autour pour créer une association positive.

Fido touche la muselière avec une patte ou son museau ? Super, maintenant on tient la muselière dans une main et si Fido lui touche (patte ou museau) d’autres gâteries. On ne force pas la rencontre, on laisse Fido choisir. Ensuite on touche doucement le dos de Fido avec la muselière, et s’il accepte, on lui offre des gâteries.

Tout cela se fait très progressivement, sur plusieurs jours, voire semaines. Et pour accompagner efficacement Fido dans sa socialisation à la muselière, il faudrait aussi être capable d’interpréter la communication canine, afin de s’assurer que Fido est dans le confort. Le tout, jusqu’à ce qu’il accepte de porter la muselière avec confort et plaisir. Pas avec soumission, inconfort et contrainte. Confort et plaisir. 

De plus, il faut comprendre que la muselière nuit à la détection des odeurs, enlève au chien une option qu’il souhaite avoir (je dis bien avoir, pas nécessairement utiliser) dans toute nouvelle situation (fuir ou combattre), elle nuit à sa thermorégulation et l’empêche de boire.

Elle ne représente pas une solution adéquate pour le chien. Mais si vous devez en arriver là, priorisez la muselière panier, moins inconfortable pour Fido.

Je demeure convaincu que la Ville ne s’est pas donné la peine de consulter le moindre éducateur canin digne de ce nom, avant d’adopter un tel règlement. Encore une fois, l’intention est bonne, la méthode est douteuse. On veut protéger les gens, on pénalise les chiens.

Même chose en ce qui concerne l’interdiction de certaines races dites dangereuses sur le territoire de Sept-Îles. On utilise la discrimination en pensant protéger les gens. Pourtant, il existe plusieurs législations, partout dans le monde, y compris au Canada, qui ont responsabilisé et éduqué les humains et obtenu une meilleure sécurité pour eux. 

Un de mes formateurs a dit un jour « la muselière est, tout comme les colliers punitifs, les cris et les contraintes que nous faisons subir aux chiens, la preuve de notre incompétence. »

Enfin, tant qu’à placer votre chien muselé en immersion parmi des gens et des chiens inconnus et ainsi augmenter son anxiété, je vous invite à considérer d’autres options.

Entre autres, les sentiers Leventoux permettent aux chiens de courir, jouer et communiquer avec d’autres chiens, dans un espace suffisant pour assurer leur confort. Et sans muselière. 

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