Quoi faire pour les orignaux sur la 138?

Par Karianne Nepton-Philippe 6:30 AM - 2 août 2023 Initiative de journalisme local
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Plusieurs collisions impliquant des orignaux dans la Manicouagan concernent le tronçon problématique de la route 138, qui s’étend du carrefour giratoire à Pointe-Lebel à l’entrée de Pointe-aux-Outardes. Photo archives

« Il doit certainement exister des solutions, mais on ne peut pas se permettre de ne rien faire », lance le préfet de la MRC de Manicouagan, Marcel Furlong, qui affirme mettre la pression sur le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD, anciennement MTQ) concernant le secteur de la route 138, entre Pointe-Lebel et Pointe-aux-Outardes, propice aux collisions avec les orignaux.

Un autre accident est survenu le 21 juillet, tout près des Entreprises Jacques Dufour. Heureusement, le conducteur s’en sort sans blessures graves, mais la voiture se retrouve dans un piètre état.  Selon M. Furlong, le temps presse : « Il va falloir trouver des solutions. On ne peut pas mettre en danger la population de toute la Manicouagan. »

Et pour ça, il est prêt à sortir les sous nécessaires : « On est rendu à l’étape où on va faire une demande pour avoir la solution la plus dispendieuse, mais qui pourrait corriger la situation, autant pour les humains que pour les orignaux. »

Ce que le préfet souhaite, c’est l’installation de clôtures « de chaque côté de la route 138 entre le rond-point à Baie-Comeau et la municipalité de Chute-aux-Outardes » et ainsi faire un tunnel sous la route 138 pour les orignaux. 

« Ça se fait ailleurs, on le voit quand on voyage partout au Québec. Ça évite des accidents », mentionne Marcel Furlong. 

Des pressions pour une solution   

La MRC de Manicouagan a cumulé les représentations auprès du MTMD. « Il faut mettre de la pression », s’exclame le préfet. 

« On a fait des démarches auprès du ministère des Transports. Ce qu’il nous a répondu, c’est qu’eux aussi ils étaient à la recherche de solutions. Mais l’éclairage n’était pas la solution idéale pour régler la problématique. […] On est à notre troisième directeur général de la direction Côte-Nord du MTQ avec lequel on parle de la situation », poursuit-il. 

En revanche, ce dernier s’impatiente : « Le MTQ nous dit tout le temps qu’il n’y a pas de solution idéale, mais est-ce qu’il va falloir un mort pour les faire bouger? »

Rappelons que le ministère des Transports et de la Mobilité durable a, entre autres, ajouté de signalisation incitant à la vigilance et des panneaux clignotants activés quand la présence d’orignaux est signalée. 

L’ajout d’éclairage ou l’installation de clôtures anticervidés ont été cependant balayés par celui-ci.

« Avant d’envisager un choix de mesures d’atténuation à privilégier, on doit, dans un premier temps, procéder à l’identification des zones problématiques d’accidents impliquant la grande faune. Ces zones sont délimitées à partir du bilan statistique d’une région. Chaque secteur doit être analysé selon plusieurs critères avant d’implanter une solution » explique par courriel Caroline Rondeau, conseillère en communication au MTMD.

« Le Ministère évalue la possibilité de procéder à l’implantation d’un projet-pilote […] d’un système de détection de la grande faune à l’aide de panneaux clignotants activés par un système de caméras thermiques, mais le projet est encore en évaluation », affirme Mme Rondeau.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) indique pour sa part travailler en collaboration avec le MTMD.

« Le MELCCFP discute régulièrement avec le MTMD sur les enjeux de la présence d’orignaux sur les routes du Québec, dont le tronçon de la route 138 entre Pointe-Lebel et Pointe-aux-Outardes. C’est le MTMD qui a la responsabilité de proposer des actions et au MELCCFP d’assurer qu’elles respectent les orientations encadrées par la Loi sur la Conservation et la Mise en valeur de la Faune », indique par courriel Ève Morin Desrosiers, conseillère en communication.

Statistiques

M. Furlong indique également avoir rencontré la cheffe de Pessamit, Marielle Vachon, tout comme le député de René-Lévesque, Yves Montigny. Ce dernier assure être au fait de l’urgence de la situation. 

Tout comme des citoyens de la Manicouagan préoccupés par ce dossier depuis 2020, Marcel Furlong déplore les failles dans la compilation des statistiques des accidents du secteur. Selon lui, les données actuelles ne permettent pas de réaliser un juste portrait afin d’accélérer la mise en place d’une solution. 

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