Ces hommes face à la force de la nature

Par Emy-Jane Déry 12:00 PM - 9 juin 2023
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Étienne Couillard, agent de protection à la SOPFEU. Photo Alexandre Caputo

« Quand tu vois le feu dans les arbres, il n’y a pas de boost d’adrénaline plus fort que ça », lance Étienne Couillard, agent de protection à la base septilienne de la SOPFEU. « C’est fou, c’est inexplicable. La chaleur que tu as, la suie qui te revole dessus, les cendres », décrit-il. 

Les pompiers de la SOPFEU sont en action un peu partout au Québec pour éteindre les brasiers.

Dans les derniers jours, ils ont mis les bouchées doubles à Sept-Îles, avec les renforts venus pour gérer les deux feux de forêt incontrôlables au nord de la ville. 

Le stationnement de la base s’est rempli de roulottes de chantier pour les accueillir. Il y a beaucoup à faire. 

« On le sait qu’on ne va pas dormir beaucoup », dit M. Couillard. 

Les avions-citernes ont un gros rôle à jouer dans le combat. Une fois qu’ils ont réussi à faire diminuer l’intensité du feu, l’équipe de pompiers terrestres entre dans l’équation. 

« Tu veux l’arrêter, tu veux arrêter ta progression de feu, parce que tu ne veux pas que ça prenne de l’ampleur », explique-t-il. 

Ils arrosent, creusent. Ils font une sorte de bordure pour empêcher la propagation de l’incendie. 

« Il n’y a juste personne qui parle, tout le monde sait ce qu’il a à faire. » 

Étienne Couillard est désormais affecté davantage à des tâches de gestion. Mais il se souvient d’un des derniers feux qu’il a combattu.

Comment l’oublier ? C’était sur Anticosti, un après-midi de l’été 2020. Il faisait environ 35 degrés Celsius. 

« Je n’ai jamais vécu quelque chose d’aussi intense », dit-il. « Sur une île, il n’y avait pas beaucoup de personnel. Nous avions peu de ressources et il fallait avancer. »

À un moment, les pompiers ont dû rebrousser chemin.

Le feu était trop intense. Heureusement, les avions-citernes ont fini par venir prendre le relais et éventuellement, le dessus. 

Conscience

Le travailleur de la SOPFEU croit que la population n’a pas entièrement conscience de ce que l’humain peut provoquer en allant en forêt par temps chaud. 

Il est primordial de redoubler de prudence. La force de la nature est impressionnante. Il l’a vu de ses propres yeux. 

« Quand tu sais les risques que ça peut encourir, tu es plus prudent », dit Étienne Couillard.  

Il ignore si on aura de plus en plus de feux de forêt avec le phénomène des changements climatiques. Par contre, il sait qu’il constate une plus grande intensité. 

 « Juste avec la tordeuse, ça fait que le combustible est présent, ça amène des complexités sur le terrain, parce que les arbres tombent. »