À 21 ans, il connaît sa fin

Par Sylvain Turcotte 6:00 AM - 27 avril 2023
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Jimmy James Grégoire pris en photo lors de son tour d’hélicoptère par le pilote Nicolas Charron.

Jimmy James Grégoire a 21 ans. Vous l’avez sûrement déjà aperçu déambulant dans les rues de Sept-Îles et Uashat avec son fauteuil roulant motorisé, son gros haut-parleur JBL faisant résonner du Simple Plan. Il aura un an de plus le 24 juillet, journée pour laquelle il a déjà demandé l’aide médicale à mourir. Il est tanné de se battre contre la maladie et le système.

Jimmy est atteint d’une maladie neurodégénérative depuis son plus jeune âge, ce qui affecte de façon très importante ses muscles et sa capacité de bouger. Il se déplace en fauteuil roulant depuis l’âge de 5 ans. Au fil du temps, le diagnostic est devenu celui d’une amyotrophie spinale progressive, sans traitement curatif. Aucune guérison n’est possible.

Outre la maladie, son enfance n’a pas été des plus évidentes. À 4 mois, il se retrouve en famille d’accueil, jusqu’à l’âge de 12 ans, moment du décès de sa mère adoptive. Avec neuf enfants, il était impossible pour son père adoptif de poursuivre.

Au cours des dix dernières années, il y a donc eu le Répit, l’hôpital, le centre jeunesse, la Résidence Gustave-Gauvreau et maintenant le Centre multifonctionnel Uikupeshakan de Uashat.

Les réflexions et les démarches pour l’aide médicale à mourir, Jimmy les a entreprises en septembre 2021. Il a hâte à cette date.

Il se dit parfois impatient face à toute cette attente. Est-ce que ça lui fait peur? « Non! » Il est serein face à ce qui s’en vient. « Ça me rend résilient. J’ai une approche de lâcher-prise. Je ne pense plus trop à rien. J’ai vécu ce que j’avais à vivre (ou presque). »

Sa condition fait qu’il souffre chaque jour, qu’il perd de plus en plus son autonomie.

Passionné par le dessin, il a dû mettre ça de côté, puisque sa condition physique ne lui permettait plus. Il s’est tourné vers la photographie, conseillé à ses débuts par JB Film, une entreprise de production multidisciplinaire de Sept-Îles. « Ça se rapproche du dessin », a mentionné le jeune homme pour expliquer son art, sa façon de s’exprimer. Il aime les photos portrait de personnes.

« Je le ressens physiquement que je ne suis plus capable. Je ne suis plus en mesure de jouer à des jeux, de dessiner. » Même que parfois il doit avoir de l’aide pour manger. « Mon corps ne veut plus suivre. Ce n’est pas drôle quand tu n’es plus capable de finir ton assiette. »

Au-delà du mal physique à l’intérieur, il y a aussi l’écœurantite de Jimmy fasse au système. Il relève de curateurs pour ses biens et certaines décisions personnelles, notamment pour son argent. Il a pourtant toute sa tête. Il est prisonnier de son propre corps. 

« Je suis tanné de me battre. Ça me fatigue psychologiquement. On devrait me laisser vivre », a-t-il dit.

Bien qu’il ait dit qu’il avait vécu ce qu’il avait à vivre, Jimmy a une liste de quelques souhaits d’ici le 24 juillet.  

Le 14 avril, il en a réalisé un. Il a vu Sept-Îles des airs grâce à Hélicoptères Canadiens, accompagné de quelques copains. C’est son ami Charles Dubé qui a initié le tout.

« J’ai vraiment aimé ça », a raconté Jimmy dans les moments suivants sa sortie de l’appareil. Il a dit avoir apprécié la sensation d’être penché par en avant et la vue aérienne. « C’est beau Sept-Îles des airs. J’ai aimé voir les îles. Un beau rêve comblé. »

Il a également été salué par les gens de sa résidence, lorsque l’hélicoptère a survolé Uashat.

Il allait de soi aussi que Jimmy immortalise le tout en photos, à partir de son appareil. Il souhaite pouvoir exposer éventuellement ses clichés.

Le 7 juillet, un peu avant la date de fin, il ira voir son groupe fétiche, Simple Plan, à Baie-Comeau, dans le cadre du festival Eau Grand Air.

« Leurs chansons me rapprochent de mes histoires, représentent beaucoup de choses. J’ai déjà ma playlist de Simple Plan pour quand je vais mourir. » Million pictures of you est d’ailleurs la chanson qui le rejoint le plus.

Parlant de fin, il compte vivre ses derniers jours à l’Élyme des sables, là où sa mère adoptive est décédée. « Elle a été bien traitée! »

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