Ours polaires en visite à Blanc-Sablon

Par Émélie Bernier 2:49 PM - 29 mars 2023 Initiative de journalisme local
Temps de lecture :

Cette photo est une courtoisie du chercheur et professeur au département des sciences de la biologie à l’Université de l’Alberta Andrew E. Derocher, Ph.D.Le spécialiste des ours polaires indique que la présence des ours à Blanc-Sablon n’est pas complètement incongrue, mais invite à la prudence. « Mon seul conseil est d’être très prudent en présence des ours polaires. L’ours polaire est un animal imprévisible . Même si les ours gras (« fat ») ne sont normalement pas dangereux, ils peuvent quand même tuer quelqu’un très facilement. Si vous voyez un ours, ce n’est pas le temps de sortir le cellulaire pour faire une photo, c’est le temps de vous mettre à l’abri. »

Que diriez-vous si vous aperceviez un ours polaire à la fenêtre? Les habitants de Blanc-Sablon ont reçu cette visite inusitée et plutôt deux fois qu’une,  les 27 et 28 mars. Heureusement, les imposants animaux n’ont importuné personne et sont repartis sans demander leur reste, mais ces intrusions jusqu’ici assez rares pourraient l’être de moins en moins.

Vers 18h le lundi 27 mars, la radio locale CFBS a été informée de la présence d’un ours polaire sur la plage de Blanc-Sablon, une information relayée aussitôt pour inviter les citoyens à la prudence.

“Il s’agit de la première observation locale d’un ours polaire dans notre communauté au cours de ce printemps. Les communautés voisines de Forteau et de L’Anse au Loup, dans le sud du Labrador, à environ 20 minutes de route de Blanc-Sablon, ont observé un ours polaire il y a quelques semaines”, indiquait alors Abbygail Wellman de CFBS.

Rosanne Letemplier a croqué, de loin, ce portrait de l’ours en cavale à Blanc-Sablon lundi dernier.

Avisés aussitôt de la présence de l’animal, les agents de la SQ et de la Protection de la Faune ont suivi à la trace ce dernier qui s’est principalement baladé sur les terrains de résidences se trouvant au bord de l’eau.

” Il ne semblait pas dérangé par la présence humaine, malgré les nombreux véhicules présents pour observer la scène, et les gens qui essayaient d’attirer l’attention de l’animal, mais avec sa taille et son état de santé apparent, la situation aurait pu facilement dégénérer “, écrivait Mme Wellman, relayant les informations à propos de l’imposant visiteur et sur les comportements à adopter en sa présence.   

Les patrouilleurs ont fait leur possible pour éloigner l’animal des habitations. “Les résidents ont pu entendre des sirènes à plusieurs reprises et voir des lumières clignoter. La police et les agents de protection de la nature ont agi de la sorte pour dissuader l’ours de pénétrer plus avant dans la communauté et pour tenter de l’inciter à se diriger vers le nord “, précisait Mme Wellman.

Ce premier ours polaire est disparu du radar vers 21h le même soir. Des observateurs disent l’avoir vu reprendre la mer.

Mardi, un second ours polaire a été observé dans le secteur de Mont Parent, toujours à Blanc-Sablon. Après sa promenade plutôt nonchalante, ce visiteur s’est aussi éloigné de la communauté sans causer de dommages.

Durant les deux intrusions, la Sûreté du Québec et la Protection de la Faune ont invités les résidents à la prudence, intimant de ne pas s’approcher des animaux et de garder les enfants et les animaux domestiques à l’intérieur des domiciles. Les autorités ont rappelé du même coup que le fait de contrarier ou de déranger un animal sauvage peut être passible de lourdes amendes. Cette conduite est surtout dangereuse, ont-elles insisté.

Il n’est pas exclus que d’autres ours polaires (voire les mêmes!) visitent les communautés de la Basse-Côte-Nord dans les prochaines semaines, rappelle-t-on.

Abbygail Wellman, de CFBS Blanc-Sablon.

” Compte tenu de l’état des glaces et des observations d’ours polaires au Labrador, à Terre-Neuve et maintenant à Blanc-Sablon, Chad Joncas (de la Protection de la Faune) estime que d’autres observations sont possibles dans les semaines à venir. Il demande aux résidents de collaborer avec les autorités pour assurer la sécurité de tous “, a également écrit Abbygail Wellman.

De la visite de moins en moins rare

Randy Jones, ex-maire de La Tabatière et ex-préfet de la MRC de Golfe Saint-Laurent, connaît très bien la Basse-Côte-Nord. Si les intrusions d’ours polaires dans les communautés étaient plutôt rares, leur rythme s’est intensifié depuis une dizaine d’années, remarque-t-il.

“Ce n’était pas commun, mais depuis 10 ans, on en voit de plus en plus.  Juste ce printemps, il y en a eu à Blanc-Sablon, à Mutton Bay et à Vieux Fort “, relate-t-il. Il estime que l’abondance des glaces a tout à voir avec la présence des bêtes qui s’aventurent sur la terre ferme en provenance de la banquise, selon ses observations. “C’est une année avec beaucoup de glaces.  Dans le détroit de Belle-Isle, il y en a pas mal. À Blanc-Sablon, lundi,  l’ours a nagé de la banquise jusqu’à la rive et a débarqué sur le terrain de ma fille où son fils avait passé l’après-midi à jouer. Heureusement, il n’était pas là quand l’ours est arrivé sur le terrain… “, raconte-t-il.

Randy Jones estime que la population de la Basse-Côte-Nord a une bonne attitude envers ces rares visiteurs. ” Je pense que les gens, pour la plupart, sont conscients que c’est nous, les visiteurs, pas eux! C’est leur territoire. Les ours sont traités avec respect, surtout que c’est une espèce menacée. Il faut faire attention, ça reste un animal sauvage qui peut être dangereux, mais c’est si beau à voir! Ils sont impressionnants!”

L’avis publié par la Sûreté du Québec et la Protection de la Faune. Source CFBS Radio.

Impressionnants ou pas, il vaut mieux éviter de s’en approcher. La radio CFBS a d’ailleurs cessé de préciser les lieux où se trouvaient les ours en cavale afin d’éviter les attroupements populaires…

” Il est extrêmement important de noter que la poursuite d’un ours polaire par des membres de la communauté peut être très dangereuse. Ce type d’interaction peut causer de la détresse à l’animal et mettre les gens en danger “, a rappelé Abbygail Wellman, relayant les propos de l’agent de Protection de la Faune Chad Joncas.

Partager cet article