L’avenir énergétique du Québec devra passer par les Innus

Par Alexandre Caputo 10:47 AM - 13 mars 2023 Initiative de journalisme local
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Ian Lafrenière lors de son passage à Uashat mak Mani-utenam, la semaine dernière. Photo Facebook

Que ce soit par le biais de l’énergie éolienne, ou de l’énergie hydroélectrique, la Nation innue devra être au cœur de la relance énergétique et économique de la province, et pas seulement à titre de figurante, croient les ministres Pierre Fitzgibbon et Ian Lafrenière.

C’est le message que voulaient envoyer le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, et le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, aussi responsable du Développement économique régional, Pierre Fitzgibbon, lors de leur passage sur la Côte-Nord, la semaine dernière.

Les deux députés de la CAQ ont visité les communautés d’Unamen Shipu, de
Kawawachikamach, de Matimekush-Lac-John, de Kuujjuac, ainsi que celle de Uashat mak Mani-utenam, pour parler, entre autres, de développement économique et énergétique.

Le député péquiste, Pascal Bérubé, a vivement critiqué le gouvernement Legault, à la fin du mois de février, l’accusant d’avoir commandé de l’étranger des pièces nécessaires à la réalisation du projet éolien Apuiat.

« Je ne ferai pas de politique là-dessus », a commenté M. Lafrenière, rejoint par téléphone. « C’est normal qu’on veuille prioriser les produits et la main-d’œuvre d’ici, mais nous ne sommes pas les seuls à vouloir faire de [l’énergie] éolienne, il y a donc une grande pression sur le marché », précise-t-il.

Il a toutefois été mis au clair, lors d’une rencontre entre les membres des communautés innues et le gouvernement, que les Innus n’auront pas des rôles de figurants dans l’aboutissement de ce projet.

« On veut que les gens puissent aller au bout de leurs rêves et de leurs ambitions, pas qu’ils soient relégués à des tâches secondaires, comme l’entretien, par exemple », confirme le ministre responsable des Affaires autochtones.

Centrale hydroélectrique Churchill Falls

Le premier ministre, François Legault, s’est rendu à Terre-Neuve-et-Labrador, pour rencontrer son homologue, Andrew Furey, à la fin du mois de février. Le but était de discuter du contrat concernant la centrale hydroélectrique souterraine de Churchill Falls, qui se situe à la frontière entre les deux provinces.

M. Legault s’est dit prêt à renégocier l’entente entre les gouvernements, bien que celle-ci ne vienne à échéance qu’en 2041.

Cette annonce ne précise pas si la Nation innue sera impliquée dans les négociations lors de la réouverture de l’entente, qui date d’une cinquantaine d’années. Le ministre Lafrenière n’était également pas en mesure de préciser ce point.

Rappelons qu’à la fin du mois de janvier, la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam a intenté une poursuite de 2,2 milliards $ contre Hydro-Québec et contre la Churchill Falls (Labrador) Corporation Limited, stipulant que la construction de la centrale aurait été faite sans le consentement de la communauté et qu’elle aurait eu des effets dévastateurs sur le territoire ancestral de la Nation innue.

Traité Petapan

Même si les ministres n’ont pas fait d’arrêts sur les communautés membres du Regroupement Petapan, la question du Traité éponyme a tout de même été soulevée, tandis qu’on espère, de part et d’autre, une signature d’ici la fin du mois.

« Il faut faire attention », note M. Lafrenière. « Lorsque les projets d’ententes seront déposés, il y aura une phase de consultation. Il faudra présenter les ententes aux communautés, allochtones comme autochtones, pour que les gens comprennent en quoi ça consiste », explique-t-il.

Le ministre prévoit minimalement une année pour la phase de consultation, et quatre ou cinq ans avant la mise en place du Traité.

M. Lafrenière n’a pas voulu préciser la nature des éléments qui restent à négocier.

« Il en reste encore beaucoup », a-t-il avoué. « Nous cherchons des solutions, c’est normal, parce qu’il y a beaucoup de nouveau pour tout le monde ». 

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