Où s’en va le logement à Sept-Îles

Par Emy-Jane Déry 6:00 AM - 9 mars 2023
Temps de lecture :

Steeve Beaupré se dit conscient du problème de logement dans sa ville. La municipalité a elle-même eu à jongler avec la situation, lors de l’arrivée du nouveau directeur du service incendie embauché dans les derniers mois. Il vient des Îles-de-la-Madeleine. Lui trouver un logement à prix raisonnable a été toute une épopée. Il a même eu affaire à de la surenchère.

« On lui disait par exemple : j’ai eu quatre appels là-dessus à 1 100$, à 1 200$ si vous me signez un bail d’un an, il est à vous », relate le maire.

Il n’en démord pas. Les entrepreneurs qui réclament que les gouvernements et la municipalité fassent quelque chose pour régler la problématique du logement à Sept-Îles « ont tiré dans leur canot », martèle-t-il.

En louant à haut prix des logements pour des travailleurs d’agences, ils ont contribué à la spéculation, fait-il valoir. En général, les agences de placement allouent un montant d’environ 2 000$ par mois pour le logement d’un travailleur.

« Les propriétaires le savent ça et ils vont louer à gros prix aussi », a dit M. Beaupré. « Ces personnes qui viennent habiter ici font du 7/7, ou du 14/14 et laissent le logement vacant six mois par année. Pendant ce temps-là, le logement n’est pas utilisé comme il pourrait l’être par une famille de Sept-Îles », a-t-il déploré.

Solutions

Steeve Beaupré a convoqué Développement économique Sept-Îles et la Chambre de commerce pour une rencontre sur la situation du logement. Elle aura lieu dans les prochaines semaines. Il souhaite obtenir un portrait clair de la situation et connaître les différents programmes d’aide financière disponibles et leur fonctionnement.

« Je suis en mode solution et je ne veux pas improviser en disant n’importe quoi », a-t-il dit. Je veux savoir toutes les solutions envisageables, ce qui se fait dans d’autres municipalités comme Rimouski. Comment les ententes ont été faites. »

Il rappelle à la population que le problème est loin d’être propre à Sept-Îles. Le coût des logements fait du bruit partout au Québec.

« Oui, le coût de la vie est cher chez nous, mais les loyers ont quand même été toujours assez abordables. Mais là, on profite d’une rareté, de la main-d’œuvre indépendante qui vient de partout au Québec, pour surenchérir sur les prix et exploiter au détriment des gens qui ont des salaires moyens, ou plus bas, et ça, ça n’a pas de bon sens », conclut-il.

Un gros problème

À la Chambre de commerce de Sept-Îles Uashat mak Mani-utenam, les membres sont inquiets de la problématique. « Il y a un gros problème et on l’entend de nos employeurs et de nos industries », a dit le directeur de la Chambre, John James Blanchet.

Malgré les inquiétudes soulevées par ses membres, il admet que la Ville de Sept-Îles a « les mains un peu liées », en réaction aux propos du maire, qui accuse les entrepreneurs d’être responsables d’une partie du problème.

« On ne peut pas demander à la Ville de décider qui va venir investir », a-t-il dit. Le directeur de la Chambre fait référence à l’achat de 555 logements par l’entreprise gatinoise Devcore, qui a commencé à en rénover et à afficher des prix de location allant jusqu’à 1 800$ par mois pour un 5 ½ .

« Il y a une vente légale qui a été faite. Le prix, oui, à l’air haut, mais si le marché se règle et décide (…) Si ces appartements-là se font remplir dans les prochains mois, ça veut dire que le prix a été compris », a-t-il souligné.

Dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre, le problème du logement rend encore plus compliqué le recrutement de personnel chez les PME.

« L’attractivité de la région en prend un coup quand on n’a pas de loyer, ou ceux qu’on a ne sont pas les meilleurs, ou son extrêmement chers. Les compagnies doivent débourser encore plus d’argent pour faire venir du monde », a dit M. Blanchet.

Partager cet article