Véritable emblème à Port-Cartier, l’épave du Lady Era, navire échoué au large de la plage Rochelois, perd des morceaux et disparaît peu à peu du paysage.
Le bateau a été grandement affecté par la tempête survenue durant le temps des Fêtes. Une partie importante du navire, qui était encore visible, a disparu à la suite des vents violents qui ont touché le secteur.
La Garde côtière canadienne (GCC) assure une certaine surveillance par rapport à l’épave. Le navire fait partie de l’inventaire des navires préoccupants depuis 2018.
L’organisation fédérale n’a pas dans ses plans d’intervenir auprès du Lady Era pour le conserver. La GCC a notamment pour mandat de protéger l’environnement.
Elle interviendrait si l’épave polluait ou menaçait de polluer de façon imminente. Par exemple, par le passé, des interventions ont été effectuées lorsque des hydrocarbures s’échappaient du navire.
Pour ce qui est de l’avenir de l’épave, il est « prévisible, comme pour toute épave, que les restes du Lady Era continueront de se dégrader avec le passage des saisons. À ce stade, aucun enlèvement n’est prévu pour le Lady Era », précise la GCC par courriel.
Le constat est le même pour le maire de Port-Cartier, Alain Thibault, qui croit que l’épave est appelée à disparaître du paysage port-cartois dans un avenir rapproché.
« Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on ne le voit plus, surtout qu’il ne reste plus grand-chose, surtout après la tempête », dit-il.
Un symbole
Au fil des années, l’épave s’était imposée dans le paysage port-cartois. Elle était devenue une attraction touristique.
Rappelons que dans sa campagne d’autocollant, Tourisme Côte-Nord a choisi la silhouette de l’épave pour représenter Port-Cartier.
« C’est une nouvelle qui est inquiétante. Les Port-Cartois ont un sentiment d’appartenance envers l’épave. Du côté touristique, cela amène de nombreux touristes chaque année qui veulent voir cette épave », commente Josy Anne Dufour, agente aux communications et à la commercialisation pour Tourisme Côte-Nord.
« Beaucoup de gens se déplaçaient de très loin pour voir l’épave, parce qu’il était possible de l’approcher en faisant du kayak ou du paddle board », ajoute-t-elle.
Elle souligne que malgré la disparition du Lady Era qui semble inévitable, la ville de Port-Cartier reste une destination touristique qui gagne en popularité d’année en année.
« Il y a beaucoup d’infrastructures touristiques à Port-Cartier et la plage Rochelois, malgré l’absence de l’épave, reste un endroit prisé par les touristes qui viennent sur la Côte-Nord. Donc, oui c’est malheureux ce qui arrive à l’épave, mais Port-Cartier reste une ville touristique », conclut Mme Dufour.
De son côté, Guylaine Rioux du Centre d’interprétation de Port-Cartier pèse le chaud et le froid quant à l’avenir de l’épave.
« C’est certain que le Lady Era est un attrait touristique, mais d’un autre côté, au fil des années, il y a plusieurs morceaux qui se sont détachés et ça faisait toute qu’une pollution sur la plage Rochelois », dit-elle.
À qui appartient le Lady Era?
Le Lady Era est un navire abandonné. Au moment de l’accident en 1977, le ministère des Transports du Canada a dû procéder à une opération de nettoyage des hydrocarbures qui a coûté 303 000$.
Le gouvernement a poursuivi le propriétaire du navire, la Société Oceanic Freighters Corporation ayant son siège social en Grèce, pour recouvrer les frais d’enlèvement des hydrocarbures.
Par contre, il a été découvert que l’entreprise était une société fictive n’ayant aucun lieu d’affaires ni aucun actif et que le navire n’était pas assuré.
L’épave a été vendue à un ferrailleur au début des années 1980, mais celui-ci n’a pas respecté ses obligations contractuelles. Ainsi, l’épave n’a pas de propriétaire.
Son histoire
Construit en 1948, le Lady Era était un navire appartenant à une société grecque. Le soir du 1er décembre 1977, une immense tempête touche la région. Les autorités du quai de Port-Cartier recommandent au Lady Era d’aller se mettre à l’abri dans la baie de Sept-Îles. Malheureusement, il est en très mauvais état. Le radar n’est pas fonctionnel. Il est donc difficile pour le navire et son capitaine de s’orienter dans de telles conditions. Des signaux de détresse sont envoyés par le navire, mais il est impossible d’envoyer des remorqueurs à son secours, en raison des mauvaises conditions météorologiques. Finalement, l’arrière du navire s’échoue sur un récif.
Le lendemain, à terre, les secours s’organisent pour aller récupérer l’équipage qui est en mauvaise posture. C’est à l’aide d’un canot pneumatique qu’on se rend au navire. Le zodiaque est remorqué jusqu’à la plage. L’opération se répète pour ramener tous les marins. Un peu plus de deux heures seront nécessaires pour que tous les membres d’équipage soient évacués du bateau.
Dans les jours suivants, le navire devient une attraction à Port-Cartier et de nombreuses personnes font la route pour se rendre dans la municipalité et prendre en photo le Lady Era.
Le 4 décembre, l’équipage retourne à bord pour récupérer leurs effets personnels sous la supervision de la gendarmerie du Canada.
L’armateur du bateau arrive le 5 décembre. Il décide rapidement de ne pas renflouer le navire et les équipements de valeur sont retirés.
-Écrit à partir des informations de Guylaine Rioux, du Centre d’interprétation de Port-Cartier.
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.