Panne d’électricité : la mairesse de Colombier critiquée pour être demeurée au chalet

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 3 janvier 2023
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Les citoyens de Colombier ont été privés d’électricité pendant cinq jours dans certains secteurs. Photo : Archives

La mairesse de Colombier, Claire Savard, n’a pas quitté sa résidence saisonnière une seconde pendant que ses concitoyens vivaient des moments difficiles, sans électricité durant cinq jours. Un choix qui suscite les critiques et du mécontentement au sein du conseil municipal.

« Elle était au chaud, à son chalet, avec son poêle à bois et sa génératrice pendant que les gens se gelaient à 11 degrés dans leur maison. On ne l’a jamais vu que ce soit au bureau municipal ou encore moins pour s’adresser à la population », déplore une citoyenne qui désire conserver l’anonymat par peur de représailles.

« Il faisait 2 degrés dans mon salon et ma cuisine et 0 degré dans mes chambres. Je croyais que des gens allaient mourir, c’était vraiment pas drôle comme situation », poursuit un autre témoin anonyme.

Il faut rappeler que les résidents ont été plongés dans le noir à compter du 23 décembre en soirée en raison des forts vents. Certains secteurs de la municipalité n’ont revu la lumière que cinq jours plus tard, soit le 28 décembre, rendant ainsi le temps des fêtes plus sombre et froid pour ceux qui n’avaient ni chauffage ni famille chez qui se réfugier. Même le réseau de communication cellulaire faisait défaut.

Quand le directeur de l’Entente intermunicipale en incendie, Martin Bouchard, a eu connaissance de la situation dans laquelle se trouvaient les citoyens de Colombier, il a pris l’initiative de déclencher les mesures d’urgence « à la place de la mairesse ».

Par la suite s’est enclenchée une collaboration entre des conseillers municipaux, la directrice générale, l’inspecteur municipal et le service incendie. « Ils ont pris les choses en main. Du porte-à-porte a eu lieu chez tous ceux qui n’avaient pas d’électricité, pendant deux journées. Ils ont réussi à partir la génératrice du bureau municipal, ce qui a été très compliqué », témoigne la source anonyme.

Les cinq conseillers municipaux, quant à eux, ne sont majoritairement pas satisfaits de la gestion de la mairesse en marge de cette situation d’urgence. Une rencontre a d’ailleurs été demandée à ce sujet lors des prochaines semaines. Ils n’ont toutefois pas voulu commenter le dossier publiquement, pour l’instant.

Dans le plan de déploiement des mesures d’urgence, dont est dotée chaque municipalité, c’est la direction générale qui joue un rôle important. Toutefois, le maire doit être présent pour ce qui concerne les communications aux médias et à la population. C’est également lui qui doit prendre la décision de déclencher le plan d’urgence.

Dans le cas d’une coupure d’électricité prolongée, les mesures d’urgence doivent être mises en place dans un délai de 72 heures, tout dépendant des conditions météorologiques. En hiver, quand les degrés sont sous zéro, une période de 24 heures est respectable.

« On était dans les temps puisque les mesures d’urgence ont été déclenchées le 25 décembre au matin, confirme Martin Bouchard. Lors du porte-à-porte, les gens étaient assez autonomes. On n’a pas eu de demande d’aide. Il y en a qui avait plus froid que d’autres, mais c’est tout. »

Les pompiers en ont profité pour sensibiliser à l’intoxication au monoxyde de carbone. Un citoyen de Colombier a d’ailleurs dû se rendre à l’urgence pour s’être intoxiqué et d’autres situations dangereuses ont été observées, dont un barbecue à l’intérieur d’une résidence.  

Pour le directeur du service incendie, « il y a toujours place à l’amélioration, mais le déploiement du plan d’urgence a bien été. Il n’y avait personne en danger ». De son côté, le témoin sous le couvert de l’anonymat affirme que le conseil municipal a été « trop lent à réagir ». « On a été chanceux qu’il ne soit pas arrivé de malheur », dit-il.

Interrogée par le Journal, la mairesse affirme avoir répondu aux attentes du plan de mesures d’urgence puisqu’elle a été en communication avec la directrice générale. « Je n’aurais pas pu faire plus de chez-moi. S’il avait manqué d’eau, j’aurais fait de gros efforts pour revenir du chalet, mais ça n’a pas été le cas », déclare-t-elle.

De plus, les forts vents ont laissé leur trace en forêt puisque « de nombreux arbres bloquaient le chemin vers Colombier », selon l’élue.

« La directrice était sur place avec les pompiers et des conseillers. Ils ont fait un bon travail, je n’ai rien à dire vu ma non-disponibilité et la maire suppléante était là », ajoute-t-elle.

À la prochaine séance du conseil municipal le 17 janvier, les citoyens mécontents pourront s’exprimer et poser leurs questions.  

La mairesse de Colombier, Claire Savard. Photo : Archives

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