19 avril 2024
La neige est arrivée en force cette année sur la Côte-Nord. Les mois à venir ne nous épargneront pas de tempêtes, de verglas et de pannes d’électricité. Chaque hiver, de malheureux accidents et incidents surviennent. En se préparant bien aux surprises de dame nature, on peut tenter d’éviter d’être pris au dépourvu.
Une soirée de camping d’hiver a bien failli tourner au drame pour une famille septilienne qui s’est retrouvée à l’hôpital sous oxygène, en raison de la présence de monoxyde de carbone.
Le 3 janvier 2021, à défaut de pouvoir aller en Floride en ces temps de restrictions, Mélissa St-Laurent, son conjoint et ses enfants décident de faire une activité spéciale. Ils vont dormir dans leur roulotte de camping entreposée pour l’hiver.
La soirée se déroule bien. Souper en famille, moment de détente avec les enfants et l’heure du coucher arrive.
Mélissa St-Laurent travaille via les réseaux sociaux. Elle prend quelques minutes pour répondre à ses messages avant d’aller dormir.
Soudain, une alarme retentit. Une sonnerie inconnue.
Son conjoint a suivi le bruit en question pour constater que l’alarme provenait du détecteur de monoxyde.
La mère de famille avait entendu un lot d’histoires d’horreur sur le sujet. Les scénarios se mettent alors à défiler dans sa tête.
« J’avoue que j’avais des connaissances très limitées sur la procédure à suivre lorsqu’une situation comme celle-ci se présente. Je savais qu’il y avait un danger. Je savais que c’était sournois, parce qu’il n’y avait aucune odeur », dit-elle.
Elle se lève du divan et remarque qu’elle est un peu étourdie. Elle a un léger mal de tête.
« En mode panique, je suis tout de suite allée voir les enfants pour vérifier qu’ils respiraient bien, puis j’ai habillé Romy et j’ai dit à mon conjoint qu’on devait sortir d’ici. »
Le père de famille prend lui aussi un enfant et ils sortent à l’extérieur du bâtiment.
Rendue au camion, Mme St-Laurent se pose plein de questions sur les conséquences de l’événement sur leur santé. Elle décide donc de ne pas prendre de chance et de se rendre immédiatement à l’hôpital.
« Tout le long du trajet, j’étais tellement inquiète pour mes enfants. Ils étaient amorphes, puisqu’ils dormaient. J’avais tellement peur qu’ils perdent connaissance, ou qu’ils cessent de respirer. Les pires minutes de ma vie ! », raconte-t-elle.
Dès leur arrivée à l’hôpital, ils ont rapidement été pris en charge et mis sous oxygène. Les tests sanguins ont démontré la présence de monoxyde de carbone dans leur sang, mais heureusement, il n’y a pas eu d’intoxication pour eux.
Le médecin explique à Mme St-Laurent que le détecteur sonne avant que le taux de monoxyde cause une intoxication.
« Comme nous sommes sortis rapidement, nous avons pu éviter une tragédie », dit-elle.
Mélissa St-Laurent est bien heureuse d’avoir évité le pire. Elle avoue qu’à ce moment, elle n’était pas la personne la plus vigilante pour vérifier l’état des piles de ses avertisseurs.
Elle partage son histoire, en espérant sensibiliser les gens et “remercie le ciel” pour la chance que sa famille a eue dans cette mésaventure.
Un pompier explique quoi faire en cas de panne
Les méthodes utilisées pour se chauffer ou cuisiner lors de pannes d’électricité ont déjà causé des drames chez des familles.
Michel Cousineau, du Service de sécurité incendie de la Ville de Sept-Îles, rappelle premièrement de s’équiper d’un détecteur de monoxyde de carbone, d’un détecteur de fumée et d’un extincteur.
Pour se tenir au chaud, utilisez des vêtements et des couvertures. Installez-vous dans une petite pièce, qui gardera la chaleur, de préférence au centre du domicile, et fermez les portes des pièces qui sont aux extrémités de la maison. La nuit, dormez dans la même pièce.
Une génératrice et tout système qui fonctionne au propane doivent être placés loin des portes et fenêtres, pour éviter que le monoxyde de carbone dégagé entre dans la maison.
Cuisinez toujours à l’extérieur, ou optez pour des repas froids.
Utilisez des lampes de poche pour vous éclairer. Si vous optez pour des chandelles, celles-ci doivent toujours être sous surveillance dans un contenant sécuritaire et placé de manière à ne pas pouvoir les faire tomber. Avant de dormir, éteignez toujours vos chandelles.
Pour le chauffage au bois, assurez-vous d’effectuer le ramonage annuel obligatoire, peu importe si vous l’avez utilisé, ou non, au cours de l’année. Gardez du bois sec à proximité pour être en mesure d’allumer rapidement votre feu pour vous chauffer.
Michel Cousineau rappelle l’importance de bien dégager les issues, et surtout, au sous-sol pour être en mesure d’évacuer en cas d’incendie.
Le poids de la neige peut également causer l’affaissement des toits, d’où l’importance de bien déneiger.
En sécurité sur la route
Avec l’arrivée de l’hiver, CAA-Québec rappelle de bien se préparer afin de pouvoir faire face à n’importe quelle situation. Les périodes glaciales de l’an passé ont causé un record en matière d’assistance routière. L’organisation a répondu à un total de plus de 260 000 demandes. Voici quelques conseils de conduite hivernale.
- Pour permettre une meilleure adhérence des pneus, traitez l’accélérateur avec douceur.
- La glace noire pourrait vous surprendre. Pour un meilleur temps de réaction en cas d’urgence, ralentissez et gardez une distance avec le véhicule qui vous précède.
- La Société de l’assurance automobile du Québec recommande de bien déneiger et déglacer votre véhicule avant de prendre la route.
- Il est recommandé de conserver votre réservoir d’essence au moins au quart.
- Pour être visible de tous et avoir une meilleure visibilité, allumez vos feux de position ou feux de croisement.
- Les déneigeuses ont de nombreux angles morts ce qui empêche les conducteurs de bien voir les véhicules qui se trouvent sur la route. Gardez une distance sécuritaire en tout temps.
- Reportez tout déplacement non essentiel si les conditions météorologiques sont défavorables.
- Consultez la météo avant vos déplacements et référez-vous au 511 pour connaître l’état du réseau routier.
En randonnée
La randonnée en forêt sous une belle neige qui tombe doucement et un souper entre amis au chalet peuvent être très agréables, mais il faut bien s’y préparer. Nathan Boily-Brisson, entraîneur de plein air au secondaire et guide pour X-plore plein air, nous fait part de ses précieux conseils.
« Une bonne préparation augmente significativement les chances de survie si un incident survient et cela permet de partir l’esprit tranquille pour profiter de la belle saison hivernale qui débute », dit Nathan Boily-Brisson.
La première chose à faire est d’aviser vos proches du secteur où vous irez, votre itinéraire et l’heure approximative de votre retour.
Assurez-vous d’avoir en votre possession un appareil de communication (téléphone satellite, cellulaire, système spot). M. Boily-Brisson rappelle que le froid fait perdre rapidement la charge des téléphones cellulaires donc, il est essentiel de le maintenir près du corps pour garder l’appareil au chaud et ainsi éviter qu’il se décharge.
Le risque le plus important l’hiver est sans doute l’hypothermie.
« Si elle n’est pas prise en charge assez rapidement, les conséquences peuvent être très graves, allant de la perte de conscience à la mort », dit-il.
Il faut avoir des vêtements adaptés aux conditions hivernales, tels que ceux en laine ou les vêtements synthétiques. Le coton est à éviter, puisqu’il absorbe l’humidité et sèche très lentement. Une fois mouillé, ce tissu refroidit le corps et accélère les stades d’hypothermie.
Des vêtements de rechange sont nécessaires et plusieurs couches de vêtements favorisent la rétention de la chaleur.
Le nécessaire pour faire un feu vous sera aussi utile pour vous réchauffer et signaler votre localisation.
Dans un sac à dos, vous devriez prévoir de l’eau dans un thermos, ce qui évitera que le liquide gèle. Des collations serviront à vous donner de l’énergie durant l’activité. Des hot pads pour vos mains et vos pieds, puis une couverture aluminée de survie pourraient aussi être utiles si un problème survient.
Trousse d’urgence
Dans votre véhicule, vous devriez placer les items suivants:
Une couverture, de préférence dotée d’une surface aluminée pour vous garder au chaud. Quelques vêtements chauds ou vêtements de rechange.
Des câbles de démarrage ou un bloc d’alimentation portatif. Cela pourrait s’avérer utile en cas de batterie à plat, ou pour recharger votre cellulaire afin de joindre les services d’urgence.
Une lampe de poche, des batteries, ainsi que des fusées éclairantes.
Une trousse de premiers soins, de l’eau et des collations.
Des outils de base pour effectuer des réparations mineures. Une petite pelle, du sable ou des aides à la traction si jamais vous êtes enlisés.
Si vous prenez une médication, assurez-vous d’avoir le nécessaire avec vous.
72 h à la maison
Lors de pannes d’électricité, vous devriez être en mesure d’être autosuffisant pour au moins 72 h.
Vous aurez besoin d’une lampe de poche et des batteries supplémentaires pour vous éclairer. Les lampes à manivelle sont très pratiques. Si vous utilisez une chandelle, assurez-vous de la placer dans un contenant creux pour éviter les risques d’incendie.
Prévoyez au moins deux litres d’eau par jour par personne et de la nourriture en quantité suffisante. N’oubliez pas de vous munir d’un ouvre-boîte manuel.
Assurez-vous d’avoir des médicaments pour 72 h et une trousse de premiers soins.
Si vous êtes parents d’un bébé, assurez-vous d’avoir de la préparation pour nourrissons en quantité suffisante.
Il est important que tout le matériel nécessaire soit facilement accessible. Par exemple, assurez-vous d’être en mesure de mettre facilement la main sur votre lampe de poche dans le noir.
* Photos Pixabay
