Des séjours plus courts dans le Saint-Laurent pour les baleines cette saison
Le nombre de rorquals communs observé cette saison dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent était de 7 en date du 4 août. Photo : GREMM
Selon l’équipe de Baleines en direct, blogue du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), le comportement des baleines dans le fleuve Saint-Laurent est différent cette année.
Leurs séjours sont plus courts, ce qui porte à croire qu’elles sont moins nombreuses. « Leurs séjours dans le secteur sont extrêmement courts comparés à d’habitude, la plupart d’entre eux ne sont restés qu’une semaine ici, voir quelques jours à peine », affirme Tim Perrero, responsable du recensement des grands rorquals au GREMM, dans l’article publié sur Baleines en direct le 15 août.
C’est le cas de Tic Tac Toe, une baleine à bosse qui passe habituellement de longs séjours dans le secteur et qui a plutôt effectué plusieurs courtes visites cette saison. « Pour les rorquals communs, certains individus considérés comme étant fidèles à l’estuaire n’ont pas encore été aperçus cette année », ajoute l’équipe de recherche.
En Minganie, seulement quelques rorquals à bosse et rorquals communs ont été vus depuis le début de la saison. Les petits rorquals qui fréquentent les eaux du large semblent aussi moins nombreux. « Cela fait plusieurs années que la Station de recherche des iles Mingan (MICS) remarque une diminution dans le nombre de grands rorquals fréquentant le Détroit de Jacques Cartier », est-il confirmé dans l’article.
Le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent vit plutôt le contraire. Le nombre de rorquals à bosse et de rorquals communs recensés chaque saison depuis 2018 est exceptionnel, en particulier en 2021, selon Baleines en direct. « C’est peut-être en partie pourquoi le nombre de baleines observées cet été peut sembler faible », explique-t-on.
La biologiste à Pêches et Océans Canada, Véronique Lesage, a confié au GREMM que « le nombre d’individus dans l’estuaire cette année n’est pas particulièrement bas comparé au début des années 2010 ».
Le nombre de rorquals communs identifiés dans l’estuaire à ce jour (7) est similaire aux totaux des saisons entre 2014 et 2017. Quant au nombre de rorquals à bosse (37), il surpasse déjà toutes les autres années sauf 2021, d’après les données de la scientifique.
Moins de nourriture
Pour expliquer la présence moins longue des baleines dans le Saint-Laurent, le blogue explore la piste de la nourriture, soit un changement dans l’abondance et la distribution des proies.
Si on se fie aux données préliminaires de l’équipe de Parcs Canada, dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent, « il y a très peu de lançon, un poisson dont se nourrissent les baleines, jusqu’à maintenant, contrairement aux années précédentes pour lesquelles des données existent ».
La proie de choix des rorquals bleus, le krill, est peu présente depuis plusieurs années. « L’abondance du krill arctique, nourriture de prédilection du rorqual commun, serait notamment problématique. Selon une étude, l’abondance du krill arctique est en diminution dans le Saint-Laurent, alors que celle du krill nordique augmente », précise l’article.
Les changements dans l’abondance des proies pourraient être dus à une variation cyclique normale, ou à des perturbations dans l’écosystème, comme le réchauffement de l’eau et la réduction du couvert de glace. La diminution de l’oxygène dissous dans l’eau pourrait aussi avoir un impact.
Baleines en direct conclut en mentionnant qu’il reste encore plusieurs semaines d’observation avant de tirer des conclusions finales à la saison 2022.
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