Combattre le fléau des dépotoirs clandestins sur la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 9:00 AM - 15 juin 2022
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Un dépotoir clandestin a été signalé dernièrement sur le chemin du Lac St-Onge aux Escoumins. Photo : Courtoisie

Les dépotoirs clandestins sont monnaie courante sur la Côte-Nord alors que plus de 800 sites pollués y ont été répertoriés. C’est pourquoi Environnement Côte-Nord s’allie avec la MRC de La Haute-Côte-Nord afin de poursuivre la campagne de mobilisation Combattez le fléau, signalez! de 2022 à 2024.

Seulement sur le territoire de la Haute-Côte-Nord, 250 dépotoirs ont été recensés. « Ça peut être davantage puisque ce ne sont que ceux qui ont été signalés à la MRC », affirme l’agente aux communications à la MRC de La Haute-Côte-Nord, Marylise Bouchard.

Pourtant, la population a accès à une multitude de services leur permettant de disposer correctement de leurs déchets ou gros rebuts.

« Ça prend du temps pour changer des comportements chez les gens. Il faut continuer les efforts de communication afin de faire connaître les services offerts. Cet été, deux stagiaires en environnement sillonneront le territoire pour parler aux citoyens », commente la conseillère en développement durable et économie circulaire à la MRC, Valérie Samson.

Source de danger pour la faune et de pollution pour les cours d’eau, les dépotoirs clandestins sont aussi un gouffre financier pour les collectivités.

« Si tous les dépotoirs répertoriés sur la Côte-Nord étaient nettoyés, la facture pourrait s’élever à près de cinq millions de dollars. Malgré ces efforts, plus de 40 % des lieux décontaminés redeviendront des dépotoirs illégaux au cours des années suivantes », selon Environnement Côte-Nord.

Selon Valérie Samson, pour une journée de nettoyage de dépotoirs clandestins de 8 h et environ 15 tonnes collectées, le coût est estimé à au moins 4 500 $.

« Ce montant inclut le transport, le salaire des employés de la MRC, du matériel, le repas, ainsi que le coût de traitement de ces matières », précise-t-elle.

Toutefois, le travail et le transport des bénévoles, ainsi que d’autre matériel ou machinerie nécessaire ne font pas partie de l’équation. « À noter que le montant va grandement varier dépendamment de l’isolement des dépotoirs et de la quantité de bénévoles présents », poursuit Mme Samson.

Campagne de signalement

Avec la campagne lancée par les deux partenaires, les citoyens peuvent signaler un site contaminé grâce à la plateforme cartographique dédiée à l’inventaire régional des dépotoirs clandestins.

Un formulaire permet d’entrer les points GPS liés à l’emplacement du site signalé et de préciser les matières qu’on y retrouve en plus de pouvoir ajouter des photos.

« Les informations fournies permettront de mieux identifier les contrevenants, d’établir les priorités en matière de nettoyage et de mettre en place de meilleures mesures de préventions », souligne Mme Bouchard ajoutant que dès cet été, certains dépotoirs seront nettoyés.

D’autres activités dédiées à la clientèle jeunesse, au reboisement et à la signalisation seront également déployées par Environnement Côte-Nord. « La sensibilisation auprès des jeunes dans les écoles est très importante pour faire diminuer cette pratique néfaste pour l’environnement », divulgue Mme Samson.

Pour motiver la population, un concours est organisé afin de promouvoir l’outil de signalement.

Du 1er juin au 22 octobre, les citoyens peuvent y participer en effectuant trois actions : signaler un dépotoir clandestin, utiliser les services d’un des écocentres de la MRC ou ramasser des petits rebuts jetés illégalement dans la nature.

Ainsi, ils courront la chance de remporter le grand prix, soit un séjour de trois jours en yourte avec forfait de pêche familial à la Zec de Labrieville, ou un des prix de participation.

Objectifs

En termes d’objectifs, les deux organisations souhaitent sensibiliser plus de 2 000 citoyens, recevoir plus de 60 signalements, créer deux emplois, réaliser deux phases de nettoyage (étés 2022 et 2023), récolter 40 tonnes de matières disposées dans la nature et planter 1 000 végétaux indigènes.

Pour réaliser cette vaste campagne, la MRC et Environnement Côte-Nord ont obtenu une aide financière de 160 000 $ dans le cadre du projet Mon histoire de pêche : les dépotoirs clandestins, source de pollution de nos milieux hydriques du gouvernement du Canada.

Rappelons que celle-ci a débuté avec la MRC de Sept-Rivières en 2019-2020 et pourrait s’étendre à toutes les MRC de la Côte-Nord.

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