La glace tarde à apparaître sur le Saint-Laurent

Par Vincent Rioux-Berrouard 12:00 PM - 20 janvier 2022
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Malgré les froids extrêmes qui ont affecté l’Est-du-Québec dernièrement, la présence de glace sur le Saint-Laurent se fait attendre, un signe probable du réchauffement des eaux.

Selon Peter Galbraith, chercheur pour Pêches et Océans Canada à l’Institut Maurice-Lamontagne, la quantité de glace formée sur le Saint-Laurent est en dessous de la normale jusqu’à présent.

« À la mi-janvier, en temps normal on devrait voir de la glace sur pratiquement l’ensemble de l’estuaire du Saint-Laurent et aussi dans le nord-ouest du Golfe du Saint-Laurent, c’est-à-dire à la hauteur de Sept-Îles. Mais, pour l’instant il y a très peu de glace», affirme-t-il.

« J’aurais pensé qu’avec le froid qu’on a eu depuis une semaine, cela aurait permis la formation de glace, mais il y a trop de chaleur dans l’eau », ajoute-t-il.

Rappelons que l’eau salée gèle à environ -1,7 Celsius.

Plusieurs facteurs sont responsables pour expliquer ce phénomène. Tout d’abord, il y a la température ambiante. Pour qu’un couvert de glace se forme sur le Saint-Laurent, il faut plusieurs mois de température froide.

Par contre, le mois de décembre a été plus chaud que les normales de saison d’environ 1 degré Celsius.

« Pour vraiment avoir un golfe du Saint-Laurent avec un couvert de glace qui se rend jusqu’aux côtes de Terre-Neuve, il faut des températures froides de décembre à mars », mentionne Peter Galbraith.

Il faut aussi ajouter à cela que les eaux dans l’estuaire du Saint-Laurent étaient à des températures historiquement chaudes cet automne.

« Cela fait qu’il y avait une grande quantité de chaleur dans la colonne d’eau ce qui prend plus de temps à refroidir et ainsi, est en partie responsable du retard que l’on connaît actuellement », dit M. Galbraith.

Pour le chercheur, il commence à se dégager une tendance comme quoi la formation de glace dans le Saint-Laurent est de plus en plus difficile. Selon les données de treize stations météorologiques situées autour du golfe du Saint-Laurent, les températures en hiver ont augmenté de 2,2 Celsius depuis les cent dernières années.

« Dans le futur, on peut penser qu’il y aura de moins en moins d’hivers ou il y aura de la glace dans le golfe du Saint-Laurent sauf aux endroits où l’eau est peu profonde», affirme Peter Galbraith

2021, l’année de tous les records

Si l’on se fie à Peter Galbraith, l’année 2021 a fracassé plusieurs records en termes d’océanographie. Pour ce qui est des glaces dans le golfe du Saint-Laurent, jamais n’en avait-on vu si peu, sauf peut-être en 2010.

Le fait qu’il n’y ait pas de glace dans le golfe du Saint-Laurent est très rare. Une telle situation s’est produite en 1958, 1969, 2010, 2011 et 2021.

De plus, certains records de chaleurs au niveau des différentes couches d’eau dans le Saint-Laurent ont été battus en 2021.

« Ça fait plusieurs années que je surveille l’état du Saint-Laurent et l’année 2021 sort du lot au niveau des données qu’on a obtenues », conclut Peter Galbraith.

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